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Saint-Victor, Jacques-Benjamin de
Tableau historique et pittoresque de Paris: depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Band 3) — Paris, 1811 [Cicognara, 4099-3; 4110-3]

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https://doi.org/10.11588/diglit.7592#0094
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9o QUARTIER

« Je suis charmé , leur dit-il en les abordant d'un air ironique , d'avoir

« enfin suivi les bons conseils qu'on m'a donnés, et de m'être déterminé,

« à votre sollicitation, à révoquer le dernier édit que j'avois fait en

« faveur des protestants. J'avoue que j'ai eu de la peine à m'y résoudre ;

« non pas que j'aie moins de zèle qu'un autre pour les intérêts de la reli-

<> gion , mais parceque l'expérience du passé m'avoit appris que j'allois

« faire une entreprise où je trouverais des obstacles que je ne croyois pas

« surmontables ; mais puisqu'enfin le sort en est jeté, j'espère qu'assisté

« des secours et des conseils de tant de braves gens, je pourrai terminer

« heureusement une guerre si considérable.

« Pour l'entreprendre et la finir avec honneur, j'ai besoin de trois

« armées. L'une restera auprès de moi, j'enverrai l'autre en Guienne ,

« et la troisième je la destine à marcher sur la frontière , pour empêcher

« les Allemands d'entrer en France : car , quoi qu'on puisse dire au

« contraire, il est certain qu'ils se disposent k venir nous voir. J'ai tou-

« jours cru qu'il étoit dangereux de révoquer le dernier édit, et depuis

« que la guerre est résolue , j'y vois encore plus de difficultés , et c'est à

« quoi il faut pourvoir de bonne heure ; car il ne sera plus temps d'y

« penser quand l'ennemi sera k vos portes , et que de vos fenêtres vous

« verrez brûler vos métairies et vos moulins, comme il est déjà arrivé

« autrefois. C'est contre mon avis que j'ai entrepris cette guerre ; mais

« n'importe, je suis résolu à n'y épargner ni soin ni dépense pour qu'elle

« réussisse ; et puisque vous n'avez pas voulu me croire lorsque je vous ai

« conseillé de ne point penser à rompre la paix , il est juste du moins que

« vous m'aidiez à faire la guerre. Comme ce n'est que par vos conseils que

« que je l'ai entreprise, je ne prétends pas être le seul à en porter tout

« le faix. »

Puis se tournant vers M. de Harlai : « M. le premier président, lui

« dit-il, je loue fort votre zèle et celui de vos collègues, qui ont aussi

« approuvé la révocation de l'édit, et m'ont exhorté si vivement à prendre

« en main la défense de la religion ; mais aussi je veux bien qu'ils sachent

« que la guerre ne se fait pas sans argent, et que, tant que celle-ci durera,

« c'est en vain qu'ils viendront me rompre la tête au sujet de la suppres-

« sion de leurs gages. Pour vous , ajouta-t-il, M. le prévôt des marchands,

« vous devez être persuadé que je n'en ferai pas moins à l'égard des rentes
 
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