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https://doi.org/10.11588/diglit.2594#0215
ii4
VOYAGE PITTORESQUE
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VUE DU PASSAGE DU TORRENT
O U
FLEUVE ALICE,
À L'EXTRÉMITÉ DE LA CHAÎNE DES APENNINS.
PLANCHE SOIXANTE-HUITIÈME.
JNoUS nous mîmes ensuite en chemin pour gagner le Cap ou Puma délia
Saetta, mais avant d'y arriver, nous fûmes encore arrêtés par un nouveau Torrent
qu'il fallut passer à gué. Heureusement que tous ces Torrens, qui l'hiver & à la
fonte «des neiges, doivent être formidables, ne sont que des Ruitfean^, quand
les chaleurs, qui, dans ce Pays, arrivent de bonne heure, se font ressentir. Les
Gens à pied, dont nous nous servions pour Guides, les traversèrent facilement,
&: dans celui-ci, nos chevaux n'avoient de l'eau qu'à moitié jambes. L'aspe<5fc de
ces Rochers escarpés,« de ces Montagnes arides, qui terminent la chaîne des
Apennins, nous parut si sauvage, sur-tout en les comparant avec tous les lieux
èc les plages unies que nous avions parcourus le long de la Côte de la Mer
Adriatique, qu'un de nos Dessinateurs demanda à prendre, en palsant, une Vue
de ce Torrent appelle Fiume Alice.
Nous arrivâmes à la fia à ce Cap tant desiré, & que l'on voit nommé sur la
Carte Puma délia Saetta ; à partir de ce'Cap ou Promontoire, le Pays change
tout-à-coup , devient verd , fertile & planté d'orangers, de mûriers, &c. Le
premier endroit qui se rencontra sur notre route fut Miletta, petit Village où
l'on élève beaucoup de vers à soie. Nous ne trouvâmes aucune disférence dans
la manière de les élever avec celle qui est pratiquée en France, si ce n'est le soin
que l'on a de les tenir toujours dans l'obscurité ; cet usage nous parut être une
précaution asfez inutile, eu égard sur-tout à la température & à la douceur du
climat.
Ayant appris qu'il y avoit quelques Antiquités dans la Chapelle de ce Village,
nous fûmes voir ce que c'étoit , & esfectivement sur le Fût d'une Colonne
de jaune antique , qui soutenoit le Bénitier , nous trouvâmes une Inscription
Romaine èc parfaitement conservée. La Colonne étoit milliaire, èC indiquoit,
par
VOYAGE PITTORESQUE
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VUE DU PASSAGE DU TORRENT
O U
FLEUVE ALICE,
À L'EXTRÉMITÉ DE LA CHAÎNE DES APENNINS.
PLANCHE SOIXANTE-HUITIÈME.
JNoUS nous mîmes ensuite en chemin pour gagner le Cap ou Puma délia
Saetta, mais avant d'y arriver, nous fûmes encore arrêtés par un nouveau Torrent
qu'il fallut passer à gué. Heureusement que tous ces Torrens, qui l'hiver & à la
fonte «des neiges, doivent être formidables, ne sont que des Ruitfean^, quand
les chaleurs, qui, dans ce Pays, arrivent de bonne heure, se font ressentir. Les
Gens à pied, dont nous nous servions pour Guides, les traversèrent facilement,
&: dans celui-ci, nos chevaux n'avoient de l'eau qu'à moitié jambes. L'aspe<5fc de
ces Rochers escarpés,« de ces Montagnes arides, qui terminent la chaîne des
Apennins, nous parut si sauvage, sur-tout en les comparant avec tous les lieux
èc les plages unies que nous avions parcourus le long de la Côte de la Mer
Adriatique, qu'un de nos Dessinateurs demanda à prendre, en palsant, une Vue
de ce Torrent appelle Fiume Alice.
Nous arrivâmes à la fia à ce Cap tant desiré, & que l'on voit nommé sur la
Carte Puma délia Saetta ; à partir de ce'Cap ou Promontoire, le Pays change
tout-à-coup , devient verd , fertile & planté d'orangers, de mûriers, &c. Le
premier endroit qui se rencontra sur notre route fut Miletta, petit Village où
l'on élève beaucoup de vers à soie. Nous ne trouvâmes aucune disférence dans
la manière de les élever avec celle qui est pratiquée en France, si ce n'est le soin
que l'on a de les tenir toujours dans l'obscurité ; cet usage nous parut être une
précaution asfez inutile, eu égard sur-tout à la température & à la douceur du
climat.
Ayant appris qu'il y avoit quelques Antiquités dans la Chapelle de ce Village,
nous fûmes voir ce que c'étoit , & esfectivement sur le Fût d'une Colonne
de jaune antique , qui soutenoit le Bénitier , nous trouvâmes une Inscription
Romaine èc parfaitement conservée. La Colonne étoit milliaire, èC indiquoit,
par