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https://doi.org/10.11588/diglit.3243#0332
X33 VOYAGE PITTORESQUE
approvisionnemens fixes pour chaque canton de l'Ille, n'en permettent la sortie
que dans quelques Ports particuliers, c'est: ce qu'on distingue en Sicile par le
nom de Caricadori (i).
Il y a sept de ces Caricadores dans toute l'étendue de la Sicile, sa voir Termini,
Cajlellamare} Marfalla, Sciacca, Girgend, Alicata &C Tèrranuova. Les quatre
derniers se trouvent placés sur la Côte méridionale, parce que c'est la partie de
la Sicile qui produit la plus grande quantité de bled, & le Caricadore de Girgend
est un des principaux. Nous fûmes donc examiner les magasins que l'on a formés
dans ce Port, ainsi que les caves ou citernes qui ont été taillées dans les Rochers.
L'on y rassemble esfectivement & l'on y conserve une immense quantité de grains,
sans qu'il soit nécessaire d'y apporter le moindre soin, attendu que la nature de
la roche n'étant, ainsi que celle de Sciacca, nullement susceptible d'humidité,
le grain peut s'y conserver sans la moindre altération & dans un état de siccité
parfaite (t).
Après la réserve faite de cinquante mille saltnes, pour la portion que doit
fournir Girgend à l'approvisionnement du pays, l'on permet aux Etrangers de
venir enlever ce qu'il y a d'excédent (3). Le Gouvernement répond de la sureté
&: de la quantité du bled que l'on met aux magasins, & les Propriétaires n'ont
qu'une très-petite somme à payer pour le droit de conserve. Les bleds que l'on y
introduit sont infiniment secs lorsqu'on les transmet des citernes dans les magasins :
la seule impremon de l'air gonsse le grain d'un vingtième, cette augmentation
appartient au Souverain, qui n'est obligé de rendre que la mesure qui a été livrée.
On asfure que le profit seroit très-considérable pour le Gouvernement, si ceux
( 1 ) Le Gouvernement voulant prévenir les
inconvéniens qui résultent toujours de la cupidité,
sur-tout dans le commerce, des bleds, & ne pas
exposer la Sicile à la disette d'une denrée aussi
nécessTaire , quoiqu'elle y soit de la plus grande
abondance j a établi une Loi, par laquelle il est
enjoint a toutes les Universïtés de faire conduire
dans ces sept Caricadores, une quantité de bled déter-
minée & suffisante à l'approvisionnement de l'Isse
pour deux années, & ce ne doit être que sur les
certisicats authentiques des Ofsiciers publics, qu'il
existe dans les si'Jfes ou conserves, la quantité de
' bled, fixée pour chaque dépôt , qu'on accorde
l'extra ftion de l'excédent. Cette Loi est sort sage,
£- il seroit à desirer qu'elle fût scrupuleuscment
observée.
(2-) On a eu la preuve, que le bled pouvoit s'y
conserver sans sc gâter pendant des temps consi-
dérabxOs. Quelques-unes de ces caves remplies de
grains ayant été totalement oubliées, ou comblées
extérieurement, par des éboulemens de terre ou
d'autres accidens qui en avoient fait perdre la
trace, on n'a pas été peu étonné d'y retrouver le
bled parfaitement bon au bout de vingt ans. Ces
fosses ou citernes creusées dans le rocher, sont
faites dans la sorme de deux cônes ou cloches
renversées l'une au-dessus de l'autre : on leur donne
ordinairement vingt à vingt-cinq pieds de profon-
deur sur dix-huit à vingt de largeur, elles n'ont
qu'une seule ouverture circulaire à la partie supé-
ricure d'environ deux pieds de diamètre, & l'on
construit sculementen maçonnerie autour de cette
ouverture , un petit mur d'un pied ou deux, que
l'on recouvre d'une large pierre, pour que l'eau
ou l'air ne puissent y pénétrer.
(3) Le falme de Sicile équivaut à un septier deux
tiers de Paris, du poids d'environ quatre cents
livres.
.
d
cl
approvisionnemens fixes pour chaque canton de l'Ille, n'en permettent la sortie
que dans quelques Ports particuliers, c'est: ce qu'on distingue en Sicile par le
nom de Caricadori (i).
Il y a sept de ces Caricadores dans toute l'étendue de la Sicile, sa voir Termini,
Cajlellamare} Marfalla, Sciacca, Girgend, Alicata &C Tèrranuova. Les quatre
derniers se trouvent placés sur la Côte méridionale, parce que c'est la partie de
la Sicile qui produit la plus grande quantité de bled, & le Caricadore de Girgend
est un des principaux. Nous fûmes donc examiner les magasins que l'on a formés
dans ce Port, ainsi que les caves ou citernes qui ont été taillées dans les Rochers.
L'on y rassemble esfectivement & l'on y conserve une immense quantité de grains,
sans qu'il soit nécessaire d'y apporter le moindre soin, attendu que la nature de
la roche n'étant, ainsi que celle de Sciacca, nullement susceptible d'humidité,
le grain peut s'y conserver sans la moindre altération & dans un état de siccité
parfaite (t).
Après la réserve faite de cinquante mille saltnes, pour la portion que doit
fournir Girgend à l'approvisionnement du pays, l'on permet aux Etrangers de
venir enlever ce qu'il y a d'excédent (3). Le Gouvernement répond de la sureté
&: de la quantité du bled que l'on met aux magasins, & les Propriétaires n'ont
qu'une très-petite somme à payer pour le droit de conserve. Les bleds que l'on y
introduit sont infiniment secs lorsqu'on les transmet des citernes dans les magasins :
la seule impremon de l'air gonsse le grain d'un vingtième, cette augmentation
appartient au Souverain, qui n'est obligé de rendre que la mesure qui a été livrée.
On asfure que le profit seroit très-considérable pour le Gouvernement, si ceux
( 1 ) Le Gouvernement voulant prévenir les
inconvéniens qui résultent toujours de la cupidité,
sur-tout dans le commerce, des bleds, & ne pas
exposer la Sicile à la disette d'une denrée aussi
nécessTaire , quoiqu'elle y soit de la plus grande
abondance j a établi une Loi, par laquelle il est
enjoint a toutes les Universïtés de faire conduire
dans ces sept Caricadores, une quantité de bled déter-
minée & suffisante à l'approvisionnement de l'Isse
pour deux années, & ce ne doit être que sur les
certisicats authentiques des Ofsiciers publics, qu'il
existe dans les si'Jfes ou conserves, la quantité de
' bled, fixée pour chaque dépôt , qu'on accorde
l'extra ftion de l'excédent. Cette Loi est sort sage,
£- il seroit à desirer qu'elle fût scrupuleuscment
observée.
(2-) On a eu la preuve, que le bled pouvoit s'y
conserver sans sc gâter pendant des temps consi-
dérabxOs. Quelques-unes de ces caves remplies de
grains ayant été totalement oubliées, ou comblées
extérieurement, par des éboulemens de terre ou
d'autres accidens qui en avoient fait perdre la
trace, on n'a pas été peu étonné d'y retrouver le
bled parfaitement bon au bout de vingt ans. Ces
fosses ou citernes creusées dans le rocher, sont
faites dans la sorme de deux cônes ou cloches
renversées l'une au-dessus de l'autre : on leur donne
ordinairement vingt à vingt-cinq pieds de profon-
deur sur dix-huit à vingt de largeur, elles n'ont
qu'une seule ouverture circulaire à la partie supé-
ricure d'environ deux pieds de diamètre, & l'on
construit sculementen maçonnerie autour de cette
ouverture , un petit mur d'un pied ou deux, que
l'on recouvre d'une large pierre, pour que l'eau
ou l'air ne puissent y pénétrer.
(3) Le falme de Sicile équivaut à un septier deux
tiers de Paris, du poids d'environ quatre cents
livres.
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