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leraient pasj les resies précieux des Aqueducs, des Fontaines, des Thermes, des
Ponts, des Amphithéâtres, des Arcs, & des Temples, que la magnificence des Ro-
mains éleva dans cet âge fortuné, ne nous permettraient pas d'en douter. Ainsi,
affermi par le luxe de soutenu par la prodigalité des Grands, l'art de bâtir fut por-
te à Rome au plus haut degié de la perfection. Le siècle d' Augusle fut témoin de
ces merveilles: siècle heureux pour les Sciences & les beaux Arts, siècle qui vit naî-
tre & fleurir Vitruve . Cet Auteur respedable, recueillant les principales instructions
que les Grecs avoient laissées, les reduisit en corps, & forma un sisteme complet d*>
Architecture, en faveur de ceux qui embrassaient ce genre d'étude. Outre la pro-
fonde connaissance qu'avait cet excellent Maître de tout ce qui appartenait à son
art, ses mœurs étaient extrêmement réglées, & il joignait à la fcience cette exacte
probité qui dislingue les grandes âmes des ordinaires.
1/Architecture, si avantageuse aux hommes en gênerai, & qui fait tant d'hon-.
heur à certaines Nations polies, en leur fburnissant les moyens les plus propres à
faire paraître leur magnificence & leur grandeur, se soutint à Rome durant quel-
ques siècles dans un état asTez ssorissanc . Mais la barbarie, quï survint, causa des
révolutions funesles aux seiences & aux arts* L'Architecture, quoique moins négli-
gée que les autres, en ressentit ausîî les trilles effets.
Resiée très long-tems dans l'enfance, elle ne parvint à l'adolescence qu'avec
une peine infinie , & dès qu' elle eût atteint l'âge de la virilité, c'esl à dire son
état de perfection, un enchaînement malheureux d'événemens extraordinaires la pré-
cipita en un insiant dans la plus affreuse décrépitude. Le règne de Conslantin fut
l'époque de sa décadence; sous ses successeurs elle dégénéra d'une manière qu'on a
peine à concevoir, & enfin elle tomba dans ce genre barbare, qu' on appelle Go-
thique, ou Tudesque. Il n'esl pas même posîible de deviner à quel excès serait
montée la corruption du goût qui régnait alors, si Philippe Brunelleschi, Archite-
cte Florentin, ne se fût opposé à ce torrent, & avec un courage proportionné aux
difficultés de son entreprise, n' eut travaillé efficacement à faire revenir les esprits
des fausses idées dont ils étoient imbus.
Quelques Architectes qui vinrent après cet homme si judicieux , suivirent son
exemple: ils s*attachèrent .à purger l'Architecture des erreurs monslrueuses que la
barbarie & la licence y avaient introduites, & la ramenèrent à la simplicité, à la
noblesse qu'elle avait eu dans ses beaux jours. Bramante, Falconetto, S. Michel ,
Buonaroti, Sansovin, Vignole, Palladio, Scamozzi, qui parurent tous dans V dpâCQ
d'un siècle ôc demi, & tant d'autres habiles artisles, que la brièveté que je me
suis proposé ne me permet pas de nommer, étudièrent l'antique,en saisirent le beau,
leraient pasj les resies précieux des Aqueducs, des Fontaines, des Thermes, des
Ponts, des Amphithéâtres, des Arcs, & des Temples, que la magnificence des Ro-
mains éleva dans cet âge fortuné, ne nous permettraient pas d'en douter. Ainsi,
affermi par le luxe de soutenu par la prodigalité des Grands, l'art de bâtir fut por-
te à Rome au plus haut degié de la perfection. Le siècle d' Augusle fut témoin de
ces merveilles: siècle heureux pour les Sciences & les beaux Arts, siècle qui vit naî-
tre & fleurir Vitruve . Cet Auteur respedable, recueillant les principales instructions
que les Grecs avoient laissées, les reduisit en corps, & forma un sisteme complet d*>
Architecture, en faveur de ceux qui embrassaient ce genre d'étude. Outre la pro-
fonde connaissance qu'avait cet excellent Maître de tout ce qui appartenait à son
art, ses mœurs étaient extrêmement réglées, & il joignait à la fcience cette exacte
probité qui dislingue les grandes âmes des ordinaires.
1/Architecture, si avantageuse aux hommes en gênerai, & qui fait tant d'hon-.
heur à certaines Nations polies, en leur fburnissant les moyens les plus propres à
faire paraître leur magnificence & leur grandeur, se soutint à Rome durant quel-
ques siècles dans un état asTez ssorissanc . Mais la barbarie, quï survint, causa des
révolutions funesles aux seiences & aux arts* L'Architecture, quoique moins négli-
gée que les autres, en ressentit ausîî les trilles effets.
Resiée très long-tems dans l'enfance, elle ne parvint à l'adolescence qu'avec
une peine infinie , & dès qu' elle eût atteint l'âge de la virilité, c'esl à dire son
état de perfection, un enchaînement malheureux d'événemens extraordinaires la pré-
cipita en un insiant dans la plus affreuse décrépitude. Le règne de Conslantin fut
l'époque de sa décadence; sous ses successeurs elle dégénéra d'une manière qu'on a
peine à concevoir, & enfin elle tomba dans ce genre barbare, qu' on appelle Go-
thique, ou Tudesque. Il n'esl pas même posîible de deviner à quel excès serait
montée la corruption du goût qui régnait alors, si Philippe Brunelleschi, Archite-
cte Florentin, ne se fût opposé à ce torrent, & avec un courage proportionné aux
difficultés de son entreprise, n' eut travaillé efficacement à faire revenir les esprits
des fausses idées dont ils étoient imbus.
Quelques Architectes qui vinrent après cet homme si judicieux , suivirent son
exemple: ils s*attachèrent .à purger l'Architecture des erreurs monslrueuses que la
barbarie & la licence y avaient introduites, & la ramenèrent à la simplicité, à la
noblesse qu'elle avait eu dans ses beaux jours. Bramante, Falconetto, S. Michel ,
Buonaroti, Sansovin, Vignole, Palladio, Scamozzi, qui parurent tous dans V dpâCQ
d'un siècle ôc demi, & tant d'autres habiles artisles, que la brièveté que je me
suis proposé ne me permet pas de nommer, étudièrent l'antique,en saisirent le beau,