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Nous avons l'honneur de prévenir nos nouveaux Cor-
respondants de province^ crue, sur leur demande, nous
leur enverrons les premiers numéros de La Scie, dont
nous avons fait un nouveau tirage. ' ■

Tous nos Correèpondanls sont priés de nous faire
part; le plus tôt possible, dunombre définitif auquel nous
devons fixer nos envois hebdomadaires.

Le Directeur,
•^ ■ G. Mermet.

QUI LE TOUR'

MUSÉE DES SOUVER^l"

Par ordre supérieur, ou vient de faire au Louvre un
sérieux nettoyage, Il a été procédé, la semaine dernière,
à l'enlèvement des oripaux, vieux habits,, galons fanés et
autres défroques qui avaient été entassés dans une des
salles par des mains pieuses. I

Cet amas avait pour nom. : le Musée des Souverains.

On a fini par s'apercevoir que ces collections presque
moisies n'offraient guère de ressources à l'art. En' effet,
les saintes chaussettes du roi Louis le neuvième, faisaient
triste figure à côte des chefs-d'œvre de Rubens, de Ra-
• phaël et deMurillo. Ce Musée ressemblait à une succursale
du. Temple, quand au moment du Carnaval, les ravau-
dauses, tirent du fond des malles les vieux arlequins, les
polichinelles frippés et les pierrots maculés, pour les exhi-
ber à-l'étalage.

Je sais que certaines âmes dévotes pousseront les hauts
cris devant pareille profanation. Envoyer le mouchoir
à. tabac de Napoléon Ie'1' au blanchissage, sera, pour elles,
une profanation. Réfegùér au grenier la chaise percée du
bon" roi Dagobert, constitue- un crime de lèse-majesté.
C'est arracher le cœur aux fanatiques de la légende que
de passer à la lessive le petit lit où le roi de Piome a com-
mis ses premières incongruités.

Je ne vois, pour mon compte, dans ces dispositions
qu'an acte d'hygiène et de vulgaire propreté. On se sou-
vient de ce fameux gilet ensoieblancho dans lequeljl'empè*
. reur Napoléon Ier puisait à même pour y pincer une prise
'de tabac. Je sais que la vue de ce vêtement arrachait des
larmes d'attendrissement à beaucoup devieux de la vieille.
.Ce gilet leur rappelait l'époque où, avec une douce fami-
liarité, cet homme providentiel déchirait les oreilles à ses
énormes grenadiers et tapait sur le ventre de ses généraux.
'Priser dans son gilet, n'est certes pas vulgaire; il s'y a
que les grands hommes qui puissent se permettre d'.Ure
aussi majestueusement malpropres. Nous au!res, geas du
peuple, nous nous servons de la simple tabattèro-Toùquet
ou de la queue de rat du prolétaire.

Devons-nous regretter davantage l'exhibition des fameux
costumes du sacre, dans lesquels cette jolie mascarade
qu'on nommait la cour de l'empereur s'est pavanée pen-
dant les fêtes des Tuileries"? Les spécimens que le Musée
des Souverains nous avait conservés pouvaient nous don-
ner une idée, de ce qu'était cette réunion do grotesques.
David, le peintre du Serment des Horaces, présidait, paraît-
il, à l'organisation de ces fêtes et à la coupa des costumes.
L'ancien conventionnel s'était fait dans ses vieux jours
tailleur pour les cérémonies impériales. Aussi, avec son
goût pour l'antique, et afin de flatter la manie du maître
pour les décorations, il avait composé des mises du dernier
comique. Avec leurs plumes innombrables ombrageant
leurs têtes, leurs tuniques en so?e blanche, leurs manteaux
guillochés de flammes d'or, on aurait pris les courtisans
pour des empereurs romains de la Courtilie. On peut voit-
an musée de Versailles les portraits de la famille impériale
peints par Guérin David et antres. On prierait volontiers
à la chie-en-lit.

A dire vrai, cet étalage nuisait à la légende. En voyant
de près leur garde-robe, c'était assez humiliant pour les
souverains. Pouvoir contempler à son aise leurs culottes
ou. leurs haut-de-chausses, c'était retirer passablement de
prestige à toutes ces gloires. Il y avait certaines taches
grossières qui rappelaient que, tout comme les autres mor-
tels, ces hommes avaient leurs faiblesses.

Quand, à la place deleurs défroques, on aura jeté un peu
de chlore, les rois et les empereurs remonteront an ciel à
côté des Auguste, aes Néron et des Caligula, il sera désor-
mais possible d'enseigner à la jeunesse que, comme ceux-là,

ils sont de la race de» Dieux immortels.

G. Garl.

— Garçon île Rappel?

— 11 est en mains, monsieur.

— Le Corsaire ?

— Retenu par six personnes.

— Comment! pas un journal ! Mais, dites-moi, quel est donc
celui qui ëstrsar une table et que personne ne lit?

— Oh! çà, monsieur, sauf votre respect, c'est le Pays.

II

L'ex-inspecteur des musées de province pendant l'Em-
pire possède à cette hèssre une soixantaine d'années et au-
tant de mille livres de renies.

Gomme vieillard, il porte une barbe bronzée da plus
splendîde effet, surtout au gaz. En qualité de millionnaire,
il protège les arts en décadence et les lettres des époques
rancies. Enfin, il arrose de ses revenus des revues antédi-
luviennes et des journaux abandonnés à la poussière des
cabinets, de lecture".

Ses protégés s'égosillent toute la journée à l'appeler
Mécène. Le brave homme aspire l'encens et laisse éehSfj-
per de ses mains avares quelques deniers et quelques ses-
terces. Son fils, Henry, qui a beaucoup étudié le grec et
qui a fait ses classes, lui pose, de. temps à autre-, sur sa
tête collée d'huile antique, une couronne murale. Il sait
que pour faire plaisir à papa il faut l'appeler. Aleibiade.
Tous deux, protègent Aspasie-Fille-de-l'Àir. Parfois même,
il se donne dans la villa. Diomède.quelques fêtes où l'on
verse à flots le champagne-Falerne et le punch glacé à la
façon de Syracuse.

Dans l'aquarium du fond du jardin, nagent plusieurs
poissons ronges en guise de lamproies, et quelques gou-
jons remplaçant; les murènes nourries par des esclaves.

'Nous avons le regret d'annoncer à nos lecteurs qu'Us ser°

privés, cette semaine, da la lettre de Sganarelle. lia malhê«T

vient, d'arriver à notre intéressant collaborateur ; il s'est Bta«é

lundi dernier.

1

Arsène Houssaye n'a pas toujours porté la toge antique.
Dans son âge mùr, il a revota, l'habit brodé à la mode
Louis XIV, et a. chaussé le soulier à talon rouge de & Ré-
gence. C'était Je moment où il publiait Mademoiselle de la
Vallière et Madame de Monta-pan, les Charmettes, J.-J.
Rousseau et Madame de Warens. Je parle de long-
temps. Il a même laissé par les chemins un .volume de
poésies (parbleu!) pour lequel Théodore de Banville lui a
fait l'honneur d'écrire une préface.

Mais sa véritable mission c'est d'être bucolique. Il dé-
buta par une paysannerie célèbre qui a pour titre : la
Goufonne.de bluets, et qui est restée comme le type de ce
qui a été fait de plus naïf en ce genre. .

Vous connaissez cette phrase qui est devenue aussi
fameuse que l'éternel Cardinal des mers de Janin :

« Le feuillage s'écarta comme une portière et donna pass
à une ravissante apparition. — Ce n'était ni une vaehe, ni
sylphide, ni une gazelle, ni un esprit des eaux ^^^^^
jeune fdle couronnée do bluets. »

Arsène, s'est souvenu, tout dernièrement, de ses suaves
commencements dans l'art champêtre, voilà, ce qu'il écri-
vait à la date du 31 mai, à son château de Breuil r

sage
une
C'était une

« A mes pieds, les cigales crient et les fourmis travaillent sans
me convaincre. Je ne suis pas des greniers d'abondance, je vis
du jour et pas du lendemain. Tout un monde s'agite à mes pieds,
Les demoiselles au corset d'or nfarrivent des étangs poursuivies
par les hirondelles. Les guêpes viennent goûter si mon encre a
la petite vertu. »

Et là dessus il rimaille des vers en l'honneur de

Mlle GhoneîiOT?.

Qui se met à califourchon
Sor.,Babichcn
Son cochon. . .

Voyez-vous d'ici le grand da.dais !

Arsène Houssaye subit aujourd'hui sa dernière transfor-
mation, tout comme un dieu Indien. Il s'est improvisé
journaliste militant. La feuille qu'il arrose du fruit de ses
économies se pomme la Gazette de Paris. Pour faire ava-
ler ce fruit sec à quelques naïfs lecteurs, il n'y.a pas
d'efforts qu'il n'ait tenté. Affiches, prospectus, coups, de
tam-tam et feux de bengale. Il a pris des romans à une:
momie qu'on nomme Théophile Gautier, il a enguirlandé
ses colonnes de la prose et même, des vers de Gaston
Jolivet. Alphonse Karr lui a lâché quelques guêpes qui ne
piquent plus depuis longtemps* Le coloriste, Paul de
Saint-Victor, a même consenti à passer une couche de
vernis sur sa feuille.

Tout cela en pure perte. Le pauvre directeur aux abois,
pour allécher le publie, lui a présenté sa marchandise à
des prix divers. Il a cherché l'aristocrate qui paie trois
sous le Figaro jusqu'au prolétaire qui donne an sou pour
le Peuple Souverain.

Enfin, il vient de tenter an grand coup, et fait un
dernier effort, Devinez !

Arsène Houssaye a confié le premier-Paris de sa feuille
expirante.

A qui?

A Marc FOTJRnier ! !

IXION.

HffEU D'il!

A And. GILL.

« On frappa à m'a porte, je me mis à crier : « Entrez »>
et sur le seuil apparut un homme grand, laid et grêle, 5
me semblait être un ange libérateur! »

C'est ainsi que, parlait, en soir, entouré de quelque
amis, le peintre Adrien P».., riche et fameux aujourdhu1'
plaqué de plusieurs ordres, et dont les tableaux très-col0'
rés écfttt, tgt dans plusieurs musées. Il racontait, à quelq1'6''
camarades, un épisode de la misère de- sa vie d'artiste e '
herbe, dans un charmant boudoir orné d'études de m?11
très, tapissé par les Gebelins, et imprégné parla fumée d1
Londres et des pipes.

Il continua ainsi :

Ce personnage c'était mon père. Oui, mon père, que ,1"
n'avais pas vu depuis quatre-ans; mon père, ce phaffl'"
cien que j'avais saigné des quatre veines et qui ne pouva1
s'en guérir avec tout l'arnica de son laboratoire. L'entr6
vue fut grave, imposante, solennelle. La voici :

—» Adrien, lu es bien décidé à barbouiller toujours, et 'l
devenir... comment dis-tu cela?!

— Un peintre, fis - j e timidement.

— Un peintre, un meurt-de-faim, un paria de la .S0C*'e"j
Tu es bien décidé à ne pas produire pour la société ce q°
la société te fournit en te faisant vivre ?

,«■" Parfaitement, lui dis-jo.

Mon père frappa sur ma table," aven un geste oratoif
superbe, se leva, ouvrit un carton, et me tendit vingt éno?
mes feuilles de papier bristol sur lesquelles il y ata>
quelques croquis.

—- Tu es un mauvais fils, et un entêté; mais comm" Jf
prévois lé moment où tu vas me demander encore del'àH
geni, je l'apporte du travail.

Jo tressaillis des pieds à la tête.

— Oui, je le sais, tu meurs de faim, in traînes dans ï?b
ateliers, et tu ne vends pas un tableau. Eh bien ! puisçup
tu veux faire de M peinture je t'apporte de quoi travail^
pendant un an.

Seulement, je te préviens, ne me demande pas un sot>'
fiisesmmetu voudras; le travail que je t'apporte ne sC*
payé qu'une fois terminé.1

'. — Mon cher père, lui dis-je, enfin vous m'avez comp1"^'
je pourrai donc faire de l'art, sans qu'à chaque .inst&D"
vous me jetiez votre malédiction à. la tête. — Quelle ma'
done ai-je à faire? Je suis prêt à tout : Une sainte Farnitt0'
un Bonaparte? Quoi?

— Tu commenceras par faire les potages,- dit mon per
d'an ton'sérieux et en arrêtant mon enthousiasme, puis 'n
passeras aux entrées, aux rôtis, etc.

— Quoi ! que voulez-vous dire, m'écriai-je.
.....- Comprends-moi bien. Voilà des croquis, dit-i

me tendant les papiers de bristol, tu vas faire pour °
éditeur de mes amis, les illustrations coloriées d'un liv*
de cuisine.

Je faillis sauter à en passer par le plafond.

-- C'est agréable, et lucratif, coniinua-t-il; on la l'ap-
porter, à partir de demain, les modèles d'après lesquels Vf
composeras tes planches. C'est un restaurant des plus à$*
tingu.és de Paris qui te les fournira et tu travailleras d'a-
près nature.

Il se leva, et, solennel, prit congé de moi. A la poïp
il se retourna, et médit comme adieu :

— Travaille ; inutile de payer les plats qu'on *t'appor-
tera, on solde le restaurateur avec de la réclame.

La porte se referma, et il me laissa livré à mes rej
flexions.

eu

Le lendemain matin, en effet, je vis arriver chez moi P
superbe mitron vêtu de blanc, comme Une mariée, qui cl°
posa sur ma table une demi-douzaine de potages diver-;
dans des soupières historiées.

Potages à la bisque, à, la tortue, au tapioca et au verni1'
celle. Ma journée se passa à prendre la teinte, l'aspect d
bouillon, la forme des pâtes, la couleur de la fumée, ci»
style du vase!

N'ayant pas mangé delà journée, le soir, naturellem6-1^ '
j'avalai les potages; c'était exquis, ce fut un dîner de '
cieux.

Le lendemain, apparition du même gâte-sauce, °rP"
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