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\" Année. — N° 14

10 Centimes.

Dimanche 22 septembre 1872

DIRECTEUR

César MBRMET

ABONNEMENT

Paris

Trois mois........... 2 »

Six mois.-........... 3 »

Un an.............. 6 »

ADMINISTRATION
13, rue du Croissant, 13

RÉDACTEUR EN CHEF

George CAEL

ABONNEMENT

Départements

Trois mois........... 2 50

Six mois............ 5 »

Un an............... 8 »

RÉDACTION
64, rue Neuve-des-Petits-CImmps,

AVIS

L'importance de notre dessin nous oblige à remettre à
la semaine prochaine la suite de Deux jours de Vacan-
ce», par àndké GILL.

LES FEUILLES DU JOUR (*)

Précédé par dame censure,

Une dame à l'aide figure ;

Voici venir de Villemessant,

Suivi du Gaulois, gémissant

Tous les deux sur la... politique ;

L'Ordre, leur donne la réplique.

Près du Constitutionnel,

Qui dort d'un sommeil éternel,

Malgré, de son cornac, l'envie,

De le ramener à la vie ;

Se tient le sémillant Veuillol,

Le plus joli de tout le lot;

Il cherchait la petite bête ;

Heureux, il la tient, il s'apprête

A la dépecer, bel et bien

Si tant qu'il n'en restera rien.

Puis voici le Temps, en lunette;

Au-dessous, la vieille Gazette,

L'air décrépi, le corps cassé,

Verse un pleur, sur le temps passé.

Toujours, jeune, le bel Emile,

Se reconnaîtrait entre mille,

Avec sa mèche, ainsi qu'au carreau,

Qu'il porte en forme de zéro.

Passons avec indifférence,

Sur les faits du Courrier de France, i

Pour nous arêter un instant,

Sur un objet très important,

Qui, le Moniteur représente;

Quai Voltaire, on l'expérimente,

En prenant un abonnement

A la feuille, qui fut naguère,

L'organe du gouvernement.

Le National, feuille austère,

Eegarde d'un œil courroucé,

Dame Patrie, en crustacé.

Chapeau bas, car voici le grand maître ;

Notre maître à tous, le grand prêtre

Du Rappel, sur un char traîné,

Par son disciple fortuné.

Il est près suivi par la Cloche,

Du gros Ulbach, homme de poids ;

A qui le grand maître reproche,

De n'être plus, comme... autrefois.

Voici le Corsaire, il se pique,

D'être un rude et vaillant jouteur;

Moins pourtant que la République,

Du jeune avocat dictateur.

Près du grand caricaturiste,

De GUI, ce si joyeux artiste;

Le gai Grelot et Y Amusant,

Poussent un cancan séduisant,

Qu'accompagne en chantant La Scie.

La Gazelle est toute saisie

Et tombe en contemplation

Devant la matrone Union.

Voici le Siècle, qui s'avance,

Suivi de près par Bocquillon ;

() Voir le grand dessin de Lemot, au pages 2 et 3 de La
■icit

Par les Débats et par la France,
Et le reste du bataillon,
Français, grande et Petite Presse ;
Soir, Avenir national,
Monde, Sifflet, Petit Journal,
Tous défilent avec noblesse,
Devant l'ami Charivari;
Commerson est ahuri.

Telujob.

PARIS-SCIE

Un journal tout humide d'eau bénite vient de paraître ;
il a pour titre : l'Unité Française.

Je tiens à constater, pour mon salut, que j'ai lu le pre-
mier numéro de cette feuille pleine d'onction.

Comme on ne pourrait pas me croire sur parole, j'a-
vance des preuves.

Bien plus, j'offre cent sous, espèces sonnantes, desti-
nées à faire fondre des médailles de N.-D. de La Salette,
à celui qui me prouvera que dans le numéro 1 de l'Unité,
il ne se trouve pas les lignes suivantes :

« Mlle Pauly vient de retrouver sa voix; à moins qu'il n'y
« ait une coquille, il faudrait lire, a retrouvé sa voie.

« La voie de Mlle P... est d'être charmante ; si elle l'a
« retrouvée, tant mieux pour elle et pour hocs. »

Notez que cette phrase, qui sans doute a été inspirée au
pieux écrivain par le démon de la-concupiscence, s'étale
cyniquement après un sermon, en un nombre infini de
points, prononcé par le saint abbé Lavige (?).

L'autre jour, c'était un Jésuite qui mordait à la pomme
d'Eve ; aujourd'hui voilà une gazette inspirée par le
saint Esprit, qui, dans les bégaiements de sa naissance,
prononce déjà des mots déshonnêtes, et se permet des
plaisanteries à faire rougir les bedeaux de toutes les pa-
roisses.

Décidément, rien n'est charmant comme un journal
clérical ; personne au monde ne s'entend mieux pour
allier les intérêts d'en haut avec les petits agréments d'ici-
bas. Polissonneries et homélies mêlées, tel est le pro-
gramme. Veuillot lui-même n'a-t-il pas poussé ce genre
avec le plus délicat raffinement? L'autre jour ne s'est-il
pas,livré, à propos du Père Hyacinthe, à ces aimables
plaisanteries que nos pères chansonnaient après boire?
Il semblerait que ces gens, prudes et chastes, n'ont pas
une idée bien nette de la décence. Ils sont volontiers...
décolletés, comme Noé, ce patriarche si agréable au Sei-
gneur, qui, pour cuver son vin, montrait de singulières
choses à ses enfants indignés.

Je ne voudrais pas qu'on puisse croire, d'après ce qui
précède, que je sois ennemi de certaines gaîtés, même
quand je les rencontre parmi les journaux angéliques; non
certes, un peu de grivoiserie n'est pas déplaisant. Ne som-
mes-nous pas tous les descendants de'notre maître Rabe-
lais?

Mais aussi, je me préoccupe vivement du salut de ces
pauvres abonnés de l'Unité Française, quand ils liront les
gauloiseries que j'ai citées. Je pense aux séminaristes vier-
ges qui, dans leurs froides cellules, liront, confiants et
troublés, ce journal qui leur arrivera sous bande, avec
une bénédiction apostolique et romaine.

Le projet d'impôt sur les chats revient sur le tapis ;
aussi depuis quelques jours, on a pu remarquer que sur
toutes les cartes des restaurants à prix-fixe on offrait des
lapins aux sauces les plus diverses

Quelques cuisiniers, plus connaisseurs, ont ajouté à
leur annonce cette simple annotation :
Civet de lapin.
Souvenir du siège de Paris.

On lit dans le journal officiel :

« Jeudi prochain, grande soirée au ministère de la
suerre.

« Les invitations ont déjà été lancées. »
Si c'est avec des canons à longue portée, c'est une façon
un peu militaire de faire des politesses.

La Gazette de Paris (pardon) a commencé, la semaine
dernière, un roman à sensation, pour lequel cette feuille
de haut embêtement littéraire et politique a fait quelques
frais d'affiche.

Ce roman d'un nommé Armand de Luizzi (bigre !) a
pour titre : M. V.

Je suis allé aux informations pour connaître l'énigme de
ce titre mystérieux, et j'ai appris que M. V. voulait dire:
Méfiez-vous.

Je me suis méfié ; aussi je vous prie de croire.

Chez de bons bourgeois, une bonne, récemment venue
de son pays, vint frapper, un soir, à la porte du salon.

— Entrez, fit aussitôt la patronne.

La bonne, un peu décontenancée, fît quelques pas dans
la pièce.

— Madame, on vous demande.

— Qui donc ?

— C'est... quelqu'un, c'est... un pompier.

— Comment ! un pompier ?

— Ah ! Madame, excusez-moi, je ne voulais pas vous le
dire, mais... il y a le feu !

Homo.

COPEAUX

Paris, accomplit en ce moment son pèlerinage annuel à la
fête de Saint-Ctoud.

Comme toujours, dans la grande allée de l'ex-parc impérial,
sont rangées des petites chapelles où l'on débite des pains d'é-
pices variés et des mirlitons ornés de devises, à rendre jaloux
le poète Albert Millaud, lui-même.

Le soir, en guise de reposoirs, le bal Willis, et la tente Mar-
kouski font frémir leur crins-crins.

Au fond du tableau, les orchestres infernaux des saltimban-
ques, roulant comme des éclats de tonnerre.

Un fait incontestable esteelui-ci : Le saltimbanque s'en va! Avec
notre manie de centralisation moderne, nous avons fait disparaître
la loge, qui, aujourd'hui, est remplacée par le théâtre. Les peti-
tes troupes se sont fondues. La femme géante s'est associée avec
le paillasse; le terrible alligator, et le phénix qui nourissait ses
en.fa.ms en se perçant le flanc sont expirés. A peine y a-t-ii une
somnambule extra-lucide réléguée dans un coin. Il faut cher-
cher longtemps pour trouver ce fameux et terrible peau-rouge
qui dévore les aliments crus qu'on lui présente, avec une vora-
cité sauvage. Pauvre grand chef, il est peut-être maintenant do-
mestique de bonne maison.

Pour les amateurs, il n'y a plus de foire :

Les phénomènes se sont mis en société coopérative. Singulier
effet du progrès des masses ; car ceci nuit beaucoup au pitto-
resque. Où est la Tour de Nesle et la Passion de Kotre Sei-
gneur, ces drames étonnants mimées par la famille *** ? Que sont
devenus les athelètes qui soulevaient une voiture pleine de pa-
vés et de carabiniers?

C'en est fait, le saltimbanque est fini, la toile à la matelas est
remplacée par une vraie salle de spectacle, aérée et éclairée au
gaz. Plus de pitres, de grimaciers, d'avaleurs de sabres, de man-
geurs d'étouppes enflammées !

Tabarin et Gargamel, Lustucru et Frise-Poulet, sont remplacés
par des acteurs jouant des drames littéraires, à spectale, à
(rues, à costumes, accompagnés de symphonies musicales. Les
lazzi de Bobèche, les calambours de Galimafré sont dans l'oubli,
et l'on donne maintenant dans les grands théâtres de Saint Cloud,
Jean Bart et Jeanne d'Arc au siège d'Orléans/

Certes! ces deux gloires de la France, ne sont pas à dédai-
gner, et les drames dont ces personnages sont les héros, ne
manquent pas d'un certain souffle de patriotisme. L'amour de la
patrie est une vertu précieuse.Mais, hélas! envoyant le célèbre
marin sous !e costume d'un Mélingue de barrière, et la Pucelle
sous les traits d'une amazonne de dernière catégorie, je n'ai
pu m'empêcher de regretter le temps où Jules\lean Bart et
Mlle Amanda-Jeanne d'Arc, dansaient sur la corde roide, aux
grands ébaudissementsdela foule ravie.

Voilà encore un métier de perdu, le saltimbanque est allé
rejoindre les débitants de coco et les marchands de gâteaux de
Nanterre dans le pays des souvenirs.

Th. Abel.

Le Propriétaire-Gérant : César Mèhmet.

Psris. — lmp. TurOo et Ad. /uvet 9, cour des Miracles.
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