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LA SCIE

TRADUCTION DE LA. LETTRE

Préamhiiîe.

Cher lecteur, aimable lectrice,

Vous voilà pris. Tout à l'heure encore vous hési-
tiez ; en apercevant dans la vitrine d'un marchand de
journaux l'autographe extraordinaire de la première
page, accompagné d'un dessin incohérent, plusieurs
fois (avouez-le) vous avez mis la main à la poche.

Puis, vous prenant le menton., vous vous êtes dit :
que diable cela pourrait-il bien être?

Petit à petit, vous avez cherché deux sous dans
votre profonde, monsieur, ou dans le gentil porte-
monnaie, madame, qui est toujours niché près de
votre corset et, insensiblement, poussés par une
curiosité bien légitime, vous avez tendu vos dix cen-
times et, en échange, on vous a fait cadeau de notre
numéro extravagant.

Le tour est joué. Maintenant il faut, pour votre ar-
gent, que je vous dise le mot de l'énigme,

Attendez; pendant que je vous tiens, je désire
vous mystifier tout du long, comme mon confrère du
grand format; vous l'avez dit, ma toute belle, comme
le Figaro.

Voici l'apologue :

Nous sommes en plein mois d'août; l'été, cette
année, a été tropical; les vacances sont arrivées,
Paris s'est vidé comme un bock. Qu'avez-vous fait ?
Je vais vous le dire :

Vous, monsieur, vous avez envoyé chercher par
votre domestique un Indicateur des chemins de fer;
après l'avoir parcouru, vous vous êtes frappé au
front, votre larbin a fait les malles, et, avec la rapi-
dité de l'éclair, vous avez escaladé un train quelcon-
que qui vous a versé sur une plage ou dans une ville
d'eaux.

Quant à vous, madame, vous avez, comme femme
de foyer, suivi votre mari, à moins que, comme dame
de rue, vous ayez décidé un petit voyage... d'affaires
dans les casinos les plus huppés.

Si je me trompe, conspuez-moi.

Quant à nous, pauvres victimes, il nous a fallu
rester dans la capitale à fouler le bitume, en compa-
gnie des vigilants sergents de ville.

Voilà donc notre situation réciproque clairement
dessinée.

De votre côté, la campagne, les petits oiseaux, les
, plongeons dans la mer, les quinze toilettes à montrer
sur la plage, l'oisiveté, l'abandon, la liberté.

Pour nous, le macadam brûlant, la copie à fournir
quand même, et les représentations de Rabagas.

Comme vous le voyez, nous changerions volon-
tiers notre position contre la vôtre, même en con-
sentant, en plus, à lire la Gazette de Paris tous les
jours.

Ce n'est pas tout. Pendant cette saison si chère aux
députés et aux collégiens, il ne nous reste guère,
comme lecteurs, que les employés aux pompes fu-
nèbres et les marchands de coco.

Il faut donc, pour vous, sortir de votre torpeur,
inconstants lecteurs, vous tendre un piège, ou,
comme on dit dans le métier, tirer un eoup de pis-
tolet.

Qu'importe les moyens! Ils sont tous bons. Je
prends un exemple :

Faites un aveu. Vous avez tous été pinces par le
fameux numéro du Figaro, n'est-ce pas?

La farce n'était pas mal jouée ; vous êtes tombés
dessus comme des créanciers sur le pauvre monde.

Qu'y avez-vous trouvé ? une attrape. Certes, ce
numéro avait de l'œil, ces caractères rouges, d'une
écriture diabolique, ressemblaient à un pacte avec
Satan. Vous avez acheté, puis tourné la page, et vous
vous êtes aperçus que vous étiez mystifiés comme à
une représentation des frères Davenport.

CHAPITRE F

Entrée dn brigand.

Tout à l'heure je vais vous donner l'explication de notre
dessin; mais permettez-moi, avant ce moment suprême,
d'abuser encore de votre patience.

Nous entrons dans le drame, préparez-vous à frémir.

La nuit était noire comme la conscience d'Emile Olli-
vier. La rue du Croissant était déserte. On se serait cru au
Miracle des roses. On menait quelques pochards au
poste...

Minuit sonnait à la montre à répétition du père Gagne,
quand un homme frappa trois coups contre les volets du
bureau de la Scie.

La rédaction toute entière, brusquement arrachée aux
douceurs du sommeil, s'écrie d'une voix unanime :

— Qui vive?

— C'est moi, répondiUpn du dehors.

Pendant le silence qui suivit, la rédaction se fit cette
simple réflexion : « Du moment que c'est lui, nous ne
voyons pas d'inconvénient à lui ouvrir la porte.

Les volets furent détachés, l'homme apparut.

Il avait une taille gigantesque et formidable. Son œil
était immensément creux, sa prunelle rouge comme une
couche de soleil.

Un sombrero incommensurable couvrait sa tête. Sur son
épaule de taureau était juché un tromblon énorme. Des
lannières, en cuir jaune, ficelaient ses jambes d'athlète.
Après avoir jeté dans un coin une chique monstrueuse,
l'homme parla.

CHAPITRE II
Récit du brigand.

« Connaisslz-vous les sombres défilés qui traversent
l'épaisse forêt de Vincennes?

« Avez-vous parfois parcouru ces ravins béants, ces
gorges profondes où mugissent les eaux tumultueuses des
torrents ?

« Vous est il arrivé de gravir ces pics vertigineux qui
crevèrent le nues, ou les vents soufflent la tempête, sur
lesquels l'orfraie glapit et l'aigle couve sa nichée sinistre ?

« A l'heure où le beffroi sonnait dix heures, un crime a
été commis. Un homme a été assassiné..

« La victime était un espion, couché sous les habits d'un
facteur rural ; le meurtrier, c'est moi! »

CHAPITRE lil

Sortie du brigand.

La rédaction était attirée par le début de ce récit. Elle
prit dans sa poche une gourde d'oau-de vie quine la quitte
jamais, puis en esquissant un sourire :

— Donnez-vous donc la peine de vous asseoir, dit-
elle.

— Merci, je n'ai pas soif, répondit le géant.
Il continua :

« Après lui avoir légèrement charcuté les intestins, je
je me suis mis en devoir, à la lueur des éclairs, de fouiller
dans la boîte de ce misérable. Au milieu de papiers insigni-
fiants, je fis une découverte épouvantable. Je trouvai un
autographe écrit avec du sang, qui,no peut être autre chose
qu'une note adressée à tous les cabinets de l'Europe que
portait cet infâme.

« Ce document, le voici. Il est destiné à révolutionner
l'Europe. Je vous le liv^e. Vous allez me dire que je me
le suis procuré peut-être d'une façon unpeu canaille. Mais
acceptant toute la responsabilité, je ne vous dirai pas mon
nom. Voulez-vous mon morceau de papier, vous savez
qu'il coûte la vie d'un homme.

— Combien? dit la rédaction, pâle d'indignation.

— C'est à votre générosité, fit l'homme.

La rédaction, versa dans la main du brigand trois
kreutzers argentés. L'homme salua et disparut.

POST FACE

En vérité, jolie lectrice, je crois que je vous fais
languir.

Il était peut-être inutile de vous émouvoir par ce
récit dramatique autant qu'invraisemblable.

Je pourrais cependant, si je le voulais, continuer
ainsi, en intercalant quelques digressions dans le
genre des, tartines de M. de Saint-Genest, des mirli-
tonnades écœurantes d'Albert Millaud ou des rapso-
dies du père Magnard.

Mais c'est sale et ça, tient de la place.

Peut-être aimerez-vous mieux que Moloch vous
dessinât le modèle du bouchon de paille, en coupe et
élévation attaché sur le dos du journal du martyr
Viliemessant.

J'aime mieux aller droit au but et vous donner la
traduction de cette pièce curieuse qui va remuer les
cabinets de l'Europe.

Donc......

PARIS-SCIE

Le Journal des Décavés, qui paraît à Nice, publie c
que semaine, avec un lugubre encadrement noir, la
des personnages français qui sont en vacances dan
villes d'eaux d'Allemagne. _

Ce triste tableau porte son enseignement, car on
trouve parmi ces baigneurs, sans honte, tous nos anci
franc-fileurs d'autrefois. ,

Nous engageons vivement notre confrère à pours
: son œuvre instructive pour tous.

Il est, à cette heure, prouvé que Plantamonr était ^
mystificateur d'une force presque égale à celle de 5
Viliemessant.

otre
as

Cette fameuse comète, qui, devait faire bouillir

pauvre comète comme un simple œuf à la coque, n ai

-t <issi£°
jugé à propos de venir au rendez-vous que lui avaii »»*

ce savant.

Quelques bonnes femmes en ont été pour leur frai
confession; les dames douairières, qui avaient lègue
biens à l'Église, seraient, assez disposées à se faire re'

de

leurs

l'argent. Depuis l'an mil, où le clergé tira à toute

la chre'



tienté une carotte analogue, bien des prédicateurs s'
très nous ont joué des farces semblables.

Je demande que désormais ces citoyens soient tra
devant les tribunaux les plus sévères, sous l'inculpa
d'excitation à la haine des astres les uns contre les .
très.

Je trouve dans la boîte du journal deux jolies pen»
Je raffole d'une belle jambe, je ne puis souffrir un V

bot. t ^

Ne vous mettez jamais rémouleur, c'est le seul eta

l'on travaille toujours contre son grès.

Sans être de la force de Nostradamus, je vous avais P
dit que l'acteur Grenier ne s'aviserait pas de rentrer

Variétés.

J'apprends que le créateur de Rabagas a refusé son
dans le Tour du Cadran.

On ne pouvait se douter que M. Grenier ait le nez si

rôl"
fin-

Le Frère ignorantin, condamné par la Cour d'assises
Côtcs-du-Nord, pour... légèreté (rougissez, Mesdarne
s'appelait Cato.

Habent sua fata...

Depuis que notre belle France possède un bourreau v°?
geur, le titulaire de cette charge sinistre est toujours p
voies et par chemins.

Mais la promenade de ce personnage n'est pas toujou
un voyage d'agrément.

Une curiosité malsaine, mais irrésistible, s'attache <nA
pas de M. Roch et de ses... compagnons.

A peine débarque-t-il dans quelque ville, où l'appe^e '

de

uch«r

suprême besogne, qu'aussitôt la population se porte
devant de lui pour assister à son arrivée et au déballag0
ses sanglants colis.

Les journaux nous ont appris que M. Roch et son apP
reil étaient sur les dents.

A Marseille, on se l'est montré comme une bête curieu
à Lyon, où, avec ses suivants, il avait été manger inc.og'
dans une petite auberge, la servante s'est refusée à ton
aux verres et aux assiettes qui lui avaient tervi.

Tout n'est pas couleur de roses dans la vie d'en exec
teur nomade.

Malgré le livre de M. Dum;.s, les mariages se mu
plient. Samedi dernier, à la seule mairie de Montrnart
on en a compté trente-sept.

Je ne sais si les nouveaux époux ont lu l'Iio''nfn ,
Femme. En tout cas, je les engage à ne pas prendre trop
la lettre le dénoûmont de cette singulière brochure.

On jouait les Cent- Vierges dans une petite ville de pr
vince. Naturellement, la figuration laissait un peu à des1^
rer; on n'avait pu recruter que des jeunes personnes ŒV- .
maigreur à traverser le trou d'une aiguille.

Le directeur, à !a suite de la première représentati0'
rencontre dans uii corridor .le percepteur des contrib11
tions.

— Eh bien, lui demanda celui-là, comment trouve^'
vous la pièce ; nos chœurs sont assez réussis.

— Certainement, répondit le percepteur; comme fc1"^
mes, c'est charmant ; mais comme allumettes, je vous re
clame la taxe.

Un abonné nous envoie ce complément :
« Quand je lis votre journal, je puis dire que j'al
scie attique (sciatique).
Merci bien !

Homo,

u»c
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