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LA SCIE
AU LEGTEUE
A partir de ce numéro, le journal la SCIE change
de direction.
On sciera différemment.
M.Ulysse Savoy, le nouveau directeur du journal,
sciera en long, en large, à tort, à travers, en tous sens.
Bon public, sois nous propice ; tu ne nous scieras pa s
si tu nous achètes, et nous te jurons sur l'honneur de te
scier pour ton argent.
Ça ne coûte que deux sous.
Le Rédacteur en chef.
UN PROJET DE CONSTITUTION UNIVERSELLE
Le journal la Scie ne veut pas se borner à être amusant ; il
prétend instruire et éclairer ses lecteurs.
Nous commençons aujourd'hui notre œuvre, et nous recom-
mandons aux méditations des gens sensés le projet de constitu-
tion suivant, qui a été approuvé et admiré par tous nos rédac-
teurs :
Constitution universelle
Pour donner le parfait bonheur à tout le genre humain.
Considérant que les hommes, depuis qu'ils existent, ont inventé
tous les moyens imaginables de se nuire, de se rendre malheu-
reux, de se massacrer, etc., etc., et que la regrettable série des
dits moyens est loin d'être épuisée ;
Considérant qu'il est temps enfin de faire cesser ce déplorable
état de choses;
Nous avons décrété et décrétons la présente constitution, dont
suit la teneur :
Art. Ior. — Les hommes ne se nourriront plus que de légumes,
la viande échauffant les esprits et donnant de la férocité à ceux
qui s'en nourrissent.
Art. IL —Nul ne sera admis à contracter mariage avec des fem-
mes qui n'auront pas soixante ans accomplis, parce qu'il est re-
connu que les jeunes nous font faire trop de sottises, et que, de
plus, une femme de cet âge sera probablement fidèle.
Art. III. — Nul n'aura rien en propre et sera tenu de donner à son
prochain n'importe quelle part de son bien, voire même la totalité,
si celui-ci le désire. De cette façon, il n'y aura plus de voleurs.
Art. IV. —Il est défendu de résister au prochain qui vous deman-
dera quelque chose. Quiconque résistera sera sévèrement puni.—
De cette façon, l'assassinat disparaître de la surface de la terre.
Art. V. — Le commerce continue à être autorisé, mais à condi
tion de n'exiger aucun prix des marchandises débitées.
Art. VI. — H est défendu de payer ses dettes; de cette façon, la
faillite et la banqueroute sont abolies du coup, et il n'y aura plus
que d'honnêtes gens sur la surface du globe.
Art. VI. —La recherche de la paternité est autorisée, quoique
ces choses là se retrouvent difficilement. La recherche de la ma-
ternité est interdite.
Art. VI. — Tout appartenant à tout le monde, et rien n'appar-
tenant à personne, les gendarmes et les sergents de ville sont
supprimés.
Art. VII. — Les médecins seront tenus de guérir leurs mala-
des.
Art. VIII. — Les maris qui seront notoirement trompés par leurs
femmes, seront sévèrement punis.
Fait et délibéré à Paris, l'an de grâce 1872.
Désireux, dans l'intérêt de l'humanité, d'assurer, le triomphe
de nos idées, nous nous occupons de rédiger une pétition que
nous adresserons aux têtes couronnées du monde entier, pour les
engagera accepter et à mettre immédiatement notre constitution
en pratique.
Nous ne vous cacherons pas que nous avons bon espoir.
En attendant, les adhésions seront reçues aux bureaux de la
Scie.
Ulysse SAVOY.
LA FILLE DU PHARMACIEN
LE BANDAGISTE INSENSIBLE
C'était un bien beau et bien charmant jeune homme
qu'Antinous Duvase, le bandagiste d'en face...
La fille du pharmacien s'appelait Sigismonde Codex...
Ce3 deux enfants auraient voulu se parler...
Mais il y avait la traversée de la rue, puisque les deux
boutiques étaient en face...
C'était ça qui les gênait... Ils se bornèrent à se com-
prendre...
M. Duvase était bien distrait d ipuis que l'amour avait
pénétré dans son cœur jusqu'alors inaccessible aux ineffa-
bles tendresses de l'amour...
Il commettait bévues sur bévues, erreurs sur erreurs...
et tout cela c'était la faute de la fille du pharmacien.
Il lui arriva de vendre une jambe de bois à un monsieur
qui lui demandait un bras, et un nez en argent à un autre
monsieur qui souffrait d'une hernie.
De son côté, la fille du pharmacien, en proie au ma-
rasme, se trompait de plus en plus de bocaux. Elle confon-
dait la tabatière de papa avec la pâte de guimauve, ce qui
contraria énormément les clients enrhumés...
Sigismonde avait une bonne appelée Françoise ; c'est
ainsi qu'on dénomme généralement les légumes domesti-
ques de cette catégorie...
Un jour, le sapeur de Françoise pénétra dans la bouti-
que...
RÉCONCILIATIONS
Au moment de mettre sous presse, nous apprenons, à
noire grand étonnement, les nouvelles suivantes :
M. de Villemessant et M. Dumont se sont embrassés (Pouàh !! )
Le Figaro et l'Événement vont se fondre.
Il est question d'une fusion entre le Tam-Tam et le Tin-
tamarre.
L'envoyé du Tintamarre a été bien venu au Tam-Tam.
Nous ne vous affirmons pas que ce soit l'exacte vérité, mais ce
sont des femmes qui nous ont raconté çà, et vous savez comment
les commères sont.
»
Pourrrsuivons la suite des investigations auxquelles se sont li-
vrés nos nombreux reporters.
D'après leurs renseignements, vont se fondre :
La République française et le Journal de Paris ;
Le Siècle et l'Ordre;
VUnivers et l'Opinion nationale;
L'Union et le Charivari;
Le Soir et la Vogue parisienne ;
La Liberté seule ne fondra pas, pardon! ne se fondra pas.
A PROPOS DE M. BONVALET
Ehl Dieu qu'il me plaît,
Monsieur Bon valet!...
Ous' qu'il est ?
La réaction fait
Qu'il a du déchet,
Et pourtant, c'est vrai,
Par lui l'on savait
Ce qu'un bon valait !
Hélas ! pauvre chej* Bonvalet,
Il avait si bon air,
Près des clients quand il servait!
Le conseil point ne le goûtait,
Et pour un pauvre plat mal fait,
Voilà qu'on nous le dessert !
Jehan !
LA SAINT-GRÉP1N
C'est aujourd'hui la Saint Crépin,
Le cordonnier se frise
Pour aller voir Catin,
Mon cousin
Qui.........dans sa chemise.
C'est le vingt-cinq de ce mois que toute la cordonnerie
va se mettre en liesse. Presque tous les magasins fêtent la
Saint-Crépin, et, ce jour-là, congé est donné aux ou-
vriers.
La vénération que les cordonniers ressentent pour saint
Crépin, vient de ce que ce saint, homme intelligent et
sensé, comprenant la force de la cohésion, et partant sa
nécessité, jeta les premiers fondements de l'association en-
tre les ouvriers de chaussures, cela lui valut d'être con-
sidéré comme le patron de la corporation le jour où
celle-ci fut devenue puissante.
On distingue parmi les ouvriers cordonniers : les cou-
peurs, les bottiers, les brocheurs à la mécanique, les ?»*"
gneurs, les cambreurs, les déformeurs, les carreleurs, leS
raccommodeurs, les garçons de peine dits garets, les gw'
trier s,
Les femmes se divisent en piqueuses à la mécanique, pi"
queuses à la main, bordeuses etjoigneuses.
On compte à Paris, 3,9H patrons environ, et plus de
19,000 ouvriers.
Voulez-vous savoir maintenant, pour quelle somme fa-
buleuse, exportation comprise, il se fabrique de chaussu-
res à Paris :
Pour plus de 82,800,000 francs !
TJn dernier détail, 888 concierges sont savetiers...
Sur ce, je tire le rideau.
Edouard Dangin.
ÉCHOS
Très-instructif le bottin; j'y trouve ceci:
Adam est fabricant de bretelles, rue d'Argout;
Eve tient un bureau de tabac,
Noé est marchand de vins, rue Sédaine.
*
Le 18 octobre va avoif'lieu la fête patronale de Bagneux...
Ah ! qu'il- fait donc bon
Cneillir la fraise
Au bois de Bagneux
Quand on est deux !
Vous souvient-il de ce joli et naïf refrain?
La fête de Bagneux est la dernière de l'année.
Les concours du Conservatoire se poursuivent.
A la date où nous paraissons, voici les Concours qui vont ter-
miner l'année :
22 octobre. — Piano.
25 octobre. — Violoncelle et violon.
Il y avait grande affluence.
Cabots, cabotines, mères d'actrices des d'eux sexes abon-
daient.
En somme, bonne fin d'année pour l'art dramatique.
*
Si vous voulez rire, allez passer votre soirée au théâtre de*
Folies-Marigny.
Vous y entendrez de bons artistes interprétant de la meilleure
façon des fantaisies désopilantes, telles que les Remords de "'•
Pinchinat, la Fête des Lanternes, l'Ami des Bétes.
Tous nos compliments à Mlle Clémence Leclerc, à la gentil1''
Mlle Genat, à MM. Labarre, Vernier etBellot.
* *
Les Variétés préparent un spectacle coupé, qui tiendra l'affich8
quand le Tour du Cadran aura vécu.
Il se composera de :
La Mémoire d'Hortense, de MM. Labiche et Delacour,
Les Sonnettes, de MM. Meilhac et Halévy;
La Revue.
Puis viendra la grande pièce d'hiver d'Offenbach : les Bracon*
niers, qui, par traité, ne doivent pas être joués plus tard que l0
20 novembre.
Ce que le Gouvernement appelle notre richesse forestière.
La superficie BOISÉE de la France est de 9,035,366 hectare»»
soit le sixième du territoire...
Comment ! il y a tant de maris que cela qui sont...
On sait décidément le chiffre des bénéfices de Sardou.
Rabagas lui a rapporté.... 120,000 fr!
Joli denier, n'est-ce pas ?
* * ,
On a pu remarquer, il y a quelques jours, le manque absolu de
nouvelles qui a rendu si insignifiants tous^les journaux sanS
exception.
Sigismonde pâlit...
Elle l'avait trouvé beau.
Françoise avait tout vu... Quand elle se trouva seule, le
soir, dans sa chambrette virginale, — prononcez la man-
sarde d'un mètre carré, où elle se livrait avec le sapeur à
des transports platoniques qui faisaient miauler les chats
du voisinage, — elle ferma soigneusement sa porte à dou-
ble tour, retira sa clé, mâchonna saliveusement le papier
qui avait servi à envelopper sa chandelle, le cracha dans
la paume de sa main, s'en servit pour boucher le trou de
la serrure, et très-certaine alors de n'être point vue, savez -
vous ce qu'elle fit ?
Vous croyez peut-être qu'elle se déshabilla, n'est-ce
pas?
Ah! que vous connaissez mal ceux qui aiment...
Françoise défit son lit, éventra sa paillasse, et compta
sou trésor : — Hy avait six francs quatre-vingt-dix-neuf
centimes !
TJn sourire qui exprimait parfaitement la sereine béati-
tude d'une vierge, couvrit de rongeur son beau visage.....
et, baissant modestement les yeux, elle se dit :
— J'ai de quoi l'emmener dimanche manger une gibe-
lotte à la barrière...
A ce moment, il lui sembla entendre respirer derrière
elle... la porte n'avait pas été ouverte et pourtant la fille
du pharmacien était là, devant elle, menaçante ..
— Je l'aime, s'écria-t-elle !
Une heure après, tandis qne le bandagiste
l'insomnie, Françoise entra dans la chambi
luttait contre
chambre sans ouvrir
la porte afin de ne pas faire de bruit et, l'ayant contemp1
d'un air tendre, elle lui dit :
— Voilà un litre, du saucisson à l'ail et du pain... Ma11'
geons ensemble et tu verras que nous nous aimerons •• ..
Le bandagiste, fasciné, courba un moment la tète..- *
allait se laisser séduire... quand tout à coup l'inconsé'
quence de sa conduite, les suites de son imprudence lfl
sautèrent aux yeux et, plein de fermeté, il s'écria : Ail !
— Litre et saucisson ! hurla Françoise furieuse de 9
sentir vaincue...
Et elle s'enfuit en le menaçant, mais sans ouvrir la p°r
pour ne pas faire de bruit...
Mais elle ne se tint pas pour battue___
Si la chambre était en haut, la cuisine était en ûaS,-f";{s
Avant le déjeuner, avant le dîner, les voisins stupe*^
virent Françoise traverser la rue vingt fois par jour,
nant fiévreusement entre ses doigts serrés des assiettées
divers ratas, échantillons de la pitance succulente qu e
préparait pour son maître... ^
Et elle déposait cela sur le comptoir du malheure
bandagiste en lui disant : :3
— Admire mon talent, vois ce que je sais faire, v
ce que tu perds... .^t
Et elle repartait en ricanant jusqu'à ce qu'elle rapp°r
un nouveau plat.
Le malheureux bandagiste ne savait plus que devenir-^
il avait devant lui un amoncèlement considérable
plats... il aurait pu en nourrir toute sa clientèle...
Leur nombre s'éleva jusqu'à quatre-vingt-douze.••
Le bandagiste se dit : je
— Je n'ai qu'une chose à faire: fermer ma porte.•■
perdrai ma clientèle, mais j'aurai du moins élevé un t6
LA SCIE
AU LEGTEUE
A partir de ce numéro, le journal la SCIE change
de direction.
On sciera différemment.
M.Ulysse Savoy, le nouveau directeur du journal,
sciera en long, en large, à tort, à travers, en tous sens.
Bon public, sois nous propice ; tu ne nous scieras pa s
si tu nous achètes, et nous te jurons sur l'honneur de te
scier pour ton argent.
Ça ne coûte que deux sous.
Le Rédacteur en chef.
UN PROJET DE CONSTITUTION UNIVERSELLE
Le journal la Scie ne veut pas se borner à être amusant ; il
prétend instruire et éclairer ses lecteurs.
Nous commençons aujourd'hui notre œuvre, et nous recom-
mandons aux méditations des gens sensés le projet de constitu-
tion suivant, qui a été approuvé et admiré par tous nos rédac-
teurs :
Constitution universelle
Pour donner le parfait bonheur à tout le genre humain.
Considérant que les hommes, depuis qu'ils existent, ont inventé
tous les moyens imaginables de se nuire, de se rendre malheu-
reux, de se massacrer, etc., etc., et que la regrettable série des
dits moyens est loin d'être épuisée ;
Considérant qu'il est temps enfin de faire cesser ce déplorable
état de choses;
Nous avons décrété et décrétons la présente constitution, dont
suit la teneur :
Art. Ior. — Les hommes ne se nourriront plus que de légumes,
la viande échauffant les esprits et donnant de la férocité à ceux
qui s'en nourrissent.
Art. IL —Nul ne sera admis à contracter mariage avec des fem-
mes qui n'auront pas soixante ans accomplis, parce qu'il est re-
connu que les jeunes nous font faire trop de sottises, et que, de
plus, une femme de cet âge sera probablement fidèle.
Art. III. — Nul n'aura rien en propre et sera tenu de donner à son
prochain n'importe quelle part de son bien, voire même la totalité,
si celui-ci le désire. De cette façon, il n'y aura plus de voleurs.
Art. IV. —Il est défendu de résister au prochain qui vous deman-
dera quelque chose. Quiconque résistera sera sévèrement puni.—
De cette façon, l'assassinat disparaître de la surface de la terre.
Art. V. — Le commerce continue à être autorisé, mais à condi
tion de n'exiger aucun prix des marchandises débitées.
Art. VI. — H est défendu de payer ses dettes; de cette façon, la
faillite et la banqueroute sont abolies du coup, et il n'y aura plus
que d'honnêtes gens sur la surface du globe.
Art. VI. —La recherche de la paternité est autorisée, quoique
ces choses là se retrouvent difficilement. La recherche de la ma-
ternité est interdite.
Art. VI. — Tout appartenant à tout le monde, et rien n'appar-
tenant à personne, les gendarmes et les sergents de ville sont
supprimés.
Art. VII. — Les médecins seront tenus de guérir leurs mala-
des.
Art. VIII. — Les maris qui seront notoirement trompés par leurs
femmes, seront sévèrement punis.
Fait et délibéré à Paris, l'an de grâce 1872.
Désireux, dans l'intérêt de l'humanité, d'assurer, le triomphe
de nos idées, nous nous occupons de rédiger une pétition que
nous adresserons aux têtes couronnées du monde entier, pour les
engagera accepter et à mettre immédiatement notre constitution
en pratique.
Nous ne vous cacherons pas que nous avons bon espoir.
En attendant, les adhésions seront reçues aux bureaux de la
Scie.
Ulysse SAVOY.
LA FILLE DU PHARMACIEN
LE BANDAGISTE INSENSIBLE
C'était un bien beau et bien charmant jeune homme
qu'Antinous Duvase, le bandagiste d'en face...
La fille du pharmacien s'appelait Sigismonde Codex...
Ce3 deux enfants auraient voulu se parler...
Mais il y avait la traversée de la rue, puisque les deux
boutiques étaient en face...
C'était ça qui les gênait... Ils se bornèrent à se com-
prendre...
M. Duvase était bien distrait d ipuis que l'amour avait
pénétré dans son cœur jusqu'alors inaccessible aux ineffa-
bles tendresses de l'amour...
Il commettait bévues sur bévues, erreurs sur erreurs...
et tout cela c'était la faute de la fille du pharmacien.
Il lui arriva de vendre une jambe de bois à un monsieur
qui lui demandait un bras, et un nez en argent à un autre
monsieur qui souffrait d'une hernie.
De son côté, la fille du pharmacien, en proie au ma-
rasme, se trompait de plus en plus de bocaux. Elle confon-
dait la tabatière de papa avec la pâte de guimauve, ce qui
contraria énormément les clients enrhumés...
Sigismonde avait une bonne appelée Françoise ; c'est
ainsi qu'on dénomme généralement les légumes domesti-
ques de cette catégorie...
Un jour, le sapeur de Françoise pénétra dans la bouti-
que...
RÉCONCILIATIONS
Au moment de mettre sous presse, nous apprenons, à
noire grand étonnement, les nouvelles suivantes :
M. de Villemessant et M. Dumont se sont embrassés (Pouàh !! )
Le Figaro et l'Événement vont se fondre.
Il est question d'une fusion entre le Tam-Tam et le Tin-
tamarre.
L'envoyé du Tintamarre a été bien venu au Tam-Tam.
Nous ne vous affirmons pas que ce soit l'exacte vérité, mais ce
sont des femmes qui nous ont raconté çà, et vous savez comment
les commères sont.
»
Pourrrsuivons la suite des investigations auxquelles se sont li-
vrés nos nombreux reporters.
D'après leurs renseignements, vont se fondre :
La République française et le Journal de Paris ;
Le Siècle et l'Ordre;
VUnivers et l'Opinion nationale;
L'Union et le Charivari;
Le Soir et la Vogue parisienne ;
La Liberté seule ne fondra pas, pardon! ne se fondra pas.
A PROPOS DE M. BONVALET
Ehl Dieu qu'il me plaît,
Monsieur Bon valet!...
Ous' qu'il est ?
La réaction fait
Qu'il a du déchet,
Et pourtant, c'est vrai,
Par lui l'on savait
Ce qu'un bon valait !
Hélas ! pauvre chej* Bonvalet,
Il avait si bon air,
Près des clients quand il servait!
Le conseil point ne le goûtait,
Et pour un pauvre plat mal fait,
Voilà qu'on nous le dessert !
Jehan !
LA SAINT-GRÉP1N
C'est aujourd'hui la Saint Crépin,
Le cordonnier se frise
Pour aller voir Catin,
Mon cousin
Qui.........dans sa chemise.
C'est le vingt-cinq de ce mois que toute la cordonnerie
va se mettre en liesse. Presque tous les magasins fêtent la
Saint-Crépin, et, ce jour-là, congé est donné aux ou-
vriers.
La vénération que les cordonniers ressentent pour saint
Crépin, vient de ce que ce saint, homme intelligent et
sensé, comprenant la force de la cohésion, et partant sa
nécessité, jeta les premiers fondements de l'association en-
tre les ouvriers de chaussures, cela lui valut d'être con-
sidéré comme le patron de la corporation le jour où
celle-ci fut devenue puissante.
On distingue parmi les ouvriers cordonniers : les cou-
peurs, les bottiers, les brocheurs à la mécanique, les ?»*"
gneurs, les cambreurs, les déformeurs, les carreleurs, leS
raccommodeurs, les garçons de peine dits garets, les gw'
trier s,
Les femmes se divisent en piqueuses à la mécanique, pi"
queuses à la main, bordeuses etjoigneuses.
On compte à Paris, 3,9H patrons environ, et plus de
19,000 ouvriers.
Voulez-vous savoir maintenant, pour quelle somme fa-
buleuse, exportation comprise, il se fabrique de chaussu-
res à Paris :
Pour plus de 82,800,000 francs !
TJn dernier détail, 888 concierges sont savetiers...
Sur ce, je tire le rideau.
Edouard Dangin.
ÉCHOS
Très-instructif le bottin; j'y trouve ceci:
Adam est fabricant de bretelles, rue d'Argout;
Eve tient un bureau de tabac,
Noé est marchand de vins, rue Sédaine.
*
Le 18 octobre va avoif'lieu la fête patronale de Bagneux...
Ah ! qu'il- fait donc bon
Cneillir la fraise
Au bois de Bagneux
Quand on est deux !
Vous souvient-il de ce joli et naïf refrain?
La fête de Bagneux est la dernière de l'année.
Les concours du Conservatoire se poursuivent.
A la date où nous paraissons, voici les Concours qui vont ter-
miner l'année :
22 octobre. — Piano.
25 octobre. — Violoncelle et violon.
Il y avait grande affluence.
Cabots, cabotines, mères d'actrices des d'eux sexes abon-
daient.
En somme, bonne fin d'année pour l'art dramatique.
*
Si vous voulez rire, allez passer votre soirée au théâtre de*
Folies-Marigny.
Vous y entendrez de bons artistes interprétant de la meilleure
façon des fantaisies désopilantes, telles que les Remords de "'•
Pinchinat, la Fête des Lanternes, l'Ami des Bétes.
Tous nos compliments à Mlle Clémence Leclerc, à la gentil1''
Mlle Genat, à MM. Labarre, Vernier etBellot.
* *
Les Variétés préparent un spectacle coupé, qui tiendra l'affich8
quand le Tour du Cadran aura vécu.
Il se composera de :
La Mémoire d'Hortense, de MM. Labiche et Delacour,
Les Sonnettes, de MM. Meilhac et Halévy;
La Revue.
Puis viendra la grande pièce d'hiver d'Offenbach : les Bracon*
niers, qui, par traité, ne doivent pas être joués plus tard que l0
20 novembre.
Ce que le Gouvernement appelle notre richesse forestière.
La superficie BOISÉE de la France est de 9,035,366 hectare»»
soit le sixième du territoire...
Comment ! il y a tant de maris que cela qui sont...
On sait décidément le chiffre des bénéfices de Sardou.
Rabagas lui a rapporté.... 120,000 fr!
Joli denier, n'est-ce pas ?
* * ,
On a pu remarquer, il y a quelques jours, le manque absolu de
nouvelles qui a rendu si insignifiants tous^les journaux sanS
exception.
Sigismonde pâlit...
Elle l'avait trouvé beau.
Françoise avait tout vu... Quand elle se trouva seule, le
soir, dans sa chambrette virginale, — prononcez la man-
sarde d'un mètre carré, où elle se livrait avec le sapeur à
des transports platoniques qui faisaient miauler les chats
du voisinage, — elle ferma soigneusement sa porte à dou-
ble tour, retira sa clé, mâchonna saliveusement le papier
qui avait servi à envelopper sa chandelle, le cracha dans
la paume de sa main, s'en servit pour boucher le trou de
la serrure, et très-certaine alors de n'être point vue, savez -
vous ce qu'elle fit ?
Vous croyez peut-être qu'elle se déshabilla, n'est-ce
pas?
Ah! que vous connaissez mal ceux qui aiment...
Françoise défit son lit, éventra sa paillasse, et compta
sou trésor : — Hy avait six francs quatre-vingt-dix-neuf
centimes !
TJn sourire qui exprimait parfaitement la sereine béati-
tude d'une vierge, couvrit de rongeur son beau visage.....
et, baissant modestement les yeux, elle se dit :
— J'ai de quoi l'emmener dimanche manger une gibe-
lotte à la barrière...
A ce moment, il lui sembla entendre respirer derrière
elle... la porte n'avait pas été ouverte et pourtant la fille
du pharmacien était là, devant elle, menaçante ..
— Je l'aime, s'écria-t-elle !
Une heure après, tandis qne le bandagiste
l'insomnie, Françoise entra dans la chambi
luttait contre
chambre sans ouvrir
la porte afin de ne pas faire de bruit et, l'ayant contemp1
d'un air tendre, elle lui dit :
— Voilà un litre, du saucisson à l'ail et du pain... Ma11'
geons ensemble et tu verras que nous nous aimerons •• ..
Le bandagiste, fasciné, courba un moment la tète..- *
allait se laisser séduire... quand tout à coup l'inconsé'
quence de sa conduite, les suites de son imprudence lfl
sautèrent aux yeux et, plein de fermeté, il s'écria : Ail !
— Litre et saucisson ! hurla Françoise furieuse de 9
sentir vaincue...
Et elle s'enfuit en le menaçant, mais sans ouvrir la p°r
pour ne pas faire de bruit...
Mais elle ne se tint pas pour battue___
Si la chambre était en haut, la cuisine était en ûaS,-f";{s
Avant le déjeuner, avant le dîner, les voisins stupe*^
virent Françoise traverser la rue vingt fois par jour,
nant fiévreusement entre ses doigts serrés des assiettées
divers ratas, échantillons de la pitance succulente qu e
préparait pour son maître... ^
Et elle déposait cela sur le comptoir du malheure
bandagiste en lui disant : :3
— Admire mon talent, vois ce que je sais faire, v
ce que tu perds... .^t
Et elle repartait en ricanant jusqu'à ce qu'elle rapp°r
un nouveau plat.
Le malheureux bandagiste ne savait plus que devenir-^
il avait devant lui un amoncèlement considérable
plats... il aurait pu en nourrir toute sa clientèle...
Leur nombre s'éleva jusqu'à quatre-vingt-douze.••
Le bandagiste se dit : je
— Je n'ai qu'une chose à faire: fermer ma porte.•■
perdrai ma clientèle, mais j'aurai du moins élevé un t6