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HELOISE ET ABELARD

Si votre rasoir jette un froid
Chez tous vos amoureux, Madame,
L'éclat de vos yeux les enflamme,
Et tous applaudissent Geoffroy.

Votre amour, votre voix touchante •

Et les élans de votre cœur,

0 prêtresse de l'art vainqueur,

Tout nous ravit et nous enchante.

*
* #

Charmante Paola, salut !

Et merci, mignonne fauvette

Dont la voix vibre comme un luth...

Luce vient compléter la fête.

Luce, tu peux narguer Fulbert...
Ni tes heureux droits de maîtrise,
Ni notre amour pour Héloïse...
Il ne coupera rien, Milher.

Alphonse Lafitte.

ECHOS DE PAEIS

Un de nos amis, le poète M..., eut là toquade, à
l'âge de vingt ans, de fonder un journal.

Incapable de traiter une question d'argent — je
vous ai dit qu'il était poète — il fut bien vite ruiné...
Ses rimes seules sont restées riches.

Nous étions tous deux, l'autre soir, dans sa cham-
bre, au coin du feu, fumant des cigares, causant —
du passé.

— A l'époque où j'étais rédacteur en chef, proprié-
taire — et capitaliste, me dit M..., je recevais exacte-
ment mon service des premières représentations. Un
jour pourtant, jour de première aux Italiens, je ne re-
çus pas mon service... Etrange! étrange! pensai-
je. ^

J'allai trouver .ma portière.

— Vous n'avez pas reçu de lettre pour moi ?

— Non, monsieur... non! [■' \

J'adore la musique, tu le sais. — Je fus le soir au
théâtre ; je payai ma place.

Pendant un entr'acte, je lorgnais de droite et de
gauche, quand, tout à coup, je vis...

Toilette éblouissante, chevelure blonde, yeux
bleus : une femme, une bacchante, une odalisque,
une sylphide !

On contemplait cette beauté ; les jeunes gens s'ex-
tasiaient, les vieux se damnaient... moi. je rêvais !

Je voulus voir de plus près, j'approchai.

Ah ! à côté d'elle, une sorcière avec des besicles sur
le nez, un chapeau à plumes, une robe de soie noire !

Cette femme — la sorcière — je la reconnus : c'é-
tait...!!!

LA SCIE

— Non, pensai-je, je me trompe! c'est impos-
sible !

J'allai trouver le contrôleur.

— Monsieur, lui dis-je, ne vousa-t-on pas présenté
ce soir un billet donné au journal • •• ?

—Si fait ! me répondit-il : le billet m'a été remis par
une vieille dame accompagnée d'une charmante jeune
fille.

— C'était bien elle ! !

— Elle!., elle!... Tu rêves encore, dis-je; qui,
elle?

— Elle ! la vieille sorcière ! ! c'était... ma con-
cierge! ;.! Elle m'avait volé mon billet!'

Quand je la questionnai le lendemain...

— Monsieur, me dit-elle, excusez-moi : ma fille
sortait du couvent, et j'ai voulu lui faire voir une
première représentation — pour la lancer !

Nous en étions aux confidences.

•— Et B..,, le bohème, t'en souvient-il? demandai-

je,

B... avait eu, lui aussi, sa toquade ; il s'était voué
au bleu.

Sa peinture était bleue ; son pantalon, sa vareuse,
son béret, ses bas — le tout était bleu.

Il se promenait ainsi par les rues; —il s'égarait
même assez souvent hors barrière, en compagnie de
plusieurs litres à douze, autrement dit : petit vin bleu.

Quand il nous arrivait de lui reprocher ses trop
nombreuses libations :

— J'aime l'ivresse, nous répondait-il, parce que
ça me procure des rêves azurés !

Aussi, quand nous étions longtemps sans le voir,
on disait :

— Il est passé au bleu !

*
* *

— J'arrivai un matin chez lui, me dit M...

Il me sauta au cou, m'embrassa, me serra les
mains avec force ; je le crus ivre.

— Oh! je suis bien heureux, me dit-il... C'est au-
jourd'hui que je dois recevoir la réponse du jury au
sujet de mon tableau ; aujourd'hui que me vient ma
pension; aujourd'hui enfin que j'ai rendez-vous avec
Mariette !... Mariette !... Mariette !. .

■ Il divaguait, prononçant sans cesse ce même nom :
c Mariette !

On M'apporta une lettre. C'était de sa mère.

La brave femme s'excusait de-ne point lui envoyer
d'argent ; la récolte avait été mauvaise et l'on allait
mettre la maison en vente...

Un peu plus tard, ii reçut la nouvelle que son ta-
bleau était refusé...

Mariette ne vint pas.

*

Notre ami tomba dans une grande colère — une
colère bleue.

les

Trois jours après, il était à l'hôpital.

J'allai le voir. Il était bien changé.

— Allons ! lui dis-je, du courage !... Voici

- IpUI

beaux jours qui reviennent, et nous fêterons
bienvenue en buvant du petit bleu sous la tonnelle ■••*

— Nous ne nous reverrons plus que dans le pe
bleu de là haut ! — me dit-il en me montrant
ciel...

Le lendemain, il était mort.

Brou ! tout ceci n'est pas gai !... le feu s'éteint, m_ ^
membres s'engourdissent ;— vite ! in'écriai-je> <*
moi une histoire joyeuse... A propos, et Auguste ■

— Celui-là s'est rangé !

— Se nourrit-il toujours de latin? Est-il toujoui
maigre ?

— Il est-gras ! propriétaire... Il tient pension b°u
geoise ! !

— Est-il toujours joyeux? '. ,

— Toujours !.... Figure-toi, j'étais chez lui, ni »
mon déjeuner achevé, je le prie de me faire ser
pour le dessert, une poire bien mûre. . -

— Garçon, crie-t-il à la cantonnade, — une p°
extra-muros pour monsieur !

Il est des gens qui, à tous propos, se roêlen
votre conversation. Vous ne les connaissez pas; v
les avez rencontrés au café ou sur le boulevard, _
c'est assez pour qu'ils viennent vous tendre la n10- '

D'abord, ils entament leur biographie : ^s s ,
riches, nobles et grands amateurs en littératu
quelques-uns même,ont fait une tragédie.

A l'occasion, ils vous offriront cent sous. . A

Ne les acceptez pas, ou sans cela ils iront cria
partout que vous leur devez cent fois plus.

— Ces gens-là, disait Nadar, ne vous prêtent cm
francs qu'à la condition qu'on ajoute des zéros a
reconnaissance.



Maw
les

Ktttn»e deux lioliiêiue?.

— Tiens ! ce cher Paul ! Comment vas-tu ?•
sais-tu que tu es rare?... Je te demande à tous
échos ! On te pleure à la brasserie !... Es-tu donc
venu millionnaire ?

— J'ai hérité!! .A

— Ah ! ! !... mes compliments ! Et où demeures-

— Nulle part.

— Où manges-tu ?

— Un peu partout...

Au B>al.

— Comme tu es bien mise, mon ange aimé !

— Oui, mon cher !... la chrysalide est deven
papillon.

— Ancienne chenille, va !

Un rapin, invité à dîner chez des bourgeois:
musait à les faire poser.
On riait de ses facéties grotesques !...

s'a-

LE DUEL DU MAGNETISEUR

i

Il fut convenu que le magnétiseur et le sieur Moussavert
devait se battre le lendemain au pistolet; voici à la suite de
quelles circonstances :

Au fond de sa boutique de coiffeur-perruquier, située
rue Saint-Jacques, le nommé Auguste, homme d'âge, après
avoir frisé, coiffé et rasé sa clientèle toute la saintejournée,
se livrait le ssir aux douces joios du magnétisme en cham-
bre. Il était, en cette matière, plus qu'un croyant, c'était
un voyant ; de plus, chose admirable, il avait du fluide,
énormément de fluide. Quelques voisins et voisines venaient
quotidiennement assister aux séances surprenantes du coif-
feur-magnétiseur. C'était du temps où le zouave Jacob
guérissait des généraux perclus par les combats, et ces'
braves gens étaient bien obligés de croire aux miracles.
Disons le mot, ils avaient la foi la plus aveugle en Auguste,
et quand le coiffeur avait évoqué Voltaire, puis César, puis
un épicier d'en face, mort l'année précédente, personne
n'avait douté que ces grands ombres se donnassent la peine
de voltiger dans l'arrière-boulique. Auguste semblait être
Satan lui-même. Hélas ! tant de prestige et tant de gloire
devaient s'envoler dans une funeste soirée.

Le petit cénacle, voué à la science de Mesmer et des Ca-
gliostro, s'était successivement aggrandi; la renommée
d'Auguste avait traversé là rue, et quelques oisifs, voulant
tuer la soirée, tout en étant chauffés et éclairés, étaient
venus grossir le nombre des adeptes. Un sieur Julien Mous-
savert, quelques apprentis et un dessinateur d'estampes
pour enfants, avaient trouvé moyen, à force d'intrigues,
d'assister aux séances du magnétiseur capillaire. Je ne
saurais assurer qu'ils étaient complètement convaincus,
mais ils ne demandaient qu'à l'être, professant en ee sens
la doctrine, de Descartes, c'est-à-dire partant du double
absolu. Du reste, un incident fortuit démontra que ces
messieurs cachaient au fond du cœur un grain de scepti-
cisme, produit du. positivisme moderne.

Un soir, Moussavert, menuisier do son état, voulut être
magnétisé par Auguste. Moussavert avaU quelquefois souri
à maintes expériences, et le magnétiseur n'était point fâché
de lui prouver la puissance de son fluide. Le menuisier
s'étendit sur la chaise :à raser, et Auguste commença ses
passes. L'assistauce était muette et attentive. On aurait en-
tendu voler un foulard.

— Dormez-vous ? demanda le magnétiseur au bout de
quatre minutes.

Le moment était solennel. L'anxiété se peignait sur tous

les visages. i

— Dormez-vous ? répéta l'expérimentateur.

Le menuisier, qui avait fermé les yeux, ouvrit une large
bouche, pinça le nez, remua bras et jambes et finit par
pousser un formidable zut.

L'insulte était directe et préméditée; l'outrage était S

glant. Auguste porta la main à son front, puis à son c '

comme frappé par un coup brutal et inattendu; ilehanc •

TJn cri d'horreur fut poussé par plusieurs poitrines; Ie

sinateur et les apprentis se levèrent, puis s'approchan

magnétiseur, lui firent comprendre que pareille injur

vàit être lavée dans le sang. „»

«te ®
Ce fut ainsi qu'il fut convenu que le savant Augub \\

le sieur Moussavert devait se battre le lendemain au P

tolet.

II

Le lieu du rendez-vous était fixé à l'un des cabare
bordent l'eau à Asnières, en face de l'île des Ravag

tâ1ul
eurs-

pt so'1
Moussavert avait choisi pour témoins le dessinateur e

camarade. Auguste en avait pris deux autres qui s c ,g

offerts d'eux-mêmes, et qui exerçaient la professiO

plombiers.

3miS

du

Chacun fut exact. Le coiffeur n'était pas encore re»
coup terrible qu'il avait reçu dans son amour-proprl
vocateiir et de savant; les témoins entretenaient, co
par plaisir, cette sanglante blessure. Son adversaire
savert affrétait Un semblant de gaieté qui contrastai
gulièromcnt avec la figure blême du magnétiseur.

Une fois réunis, les témoins s'entendirent avec une ^
taine solennité, et il fut arrêté qu'on irait se battre ^
l'île des. Ravageurs, dout le nom terrible convenait
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