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Ma chambre était petite : petit le cadre, petit le lableau.

Il y avait là une seule chaise, une table en bois, une bibliothè-
que _ que j'eusse enviée plus grande , et un lit — que j'aurais
désiré moins large.

Dans un coin, les menus objets de toilette ; c'est tout.

C'est-à-dire, non ! J'oubliais : sur le bord de la fenêtre il y avait
une cage, et, dans la cage, un oiseau...

Mon prisonnier !

Quand, non sans peine (car ]& suis très-paresseux à sortir du
lit), j'étais parvenu à allonger une jambe, puis l'autre en dehors
de la couverture, je glissais mes pieds dans des pantoufles et
j'allais, en chemise... pardon, ô lectrices!.., donner ia becquetée
à mon petit oiseau.

C'était ainsi tous les matins.

Je renouvelais les graines, le chènevisetle mouron ; je faisais le
nettoyage de la cage, je versais l'eau dans un petit bassin—bai-
gnoire où mon oiseau avait l'habitude ds « faire sa toilette » — et
puis, à part, dans un petit verre en mousseline, je faisais couler
quelques gouttes filtrées pour la boisson du prisonnier.

J'étais assez ponctuel dans mon service, à part les dimanches,
—jours de paresse.

Je ne travaillais pas le dimanche, aussi je me levais tard. Je
m'enveloppais dans mes couvertures, je fermais les yeux à la
réalité, et dans la nuit du rêve, dans la somnolence du repu, je
m'enivrais d'idéal, de poésie vague... je me laissais aller dans
l'inconnu.

Vous connaissez, vous tous qui me- lisez, ce bien-être qu'on
éprouve au matin, quand l'on a fait quelquesbons rêves, qu'on
se berce dans la chaleur des draps, les yeux à demi ouverts :
moitié dans le passé de la nuit, moitié dans le présent, à travers
le prisme du jour qui se montre couleur opale. Tout semble beau,
chatoyant ! L'illusion exerce encore son prestige : on est engourdi
dans le bonheur !

Mais... quoi qu'on fasse, il faut en revenir à la réalité. Quelques
gouttes d'eau sur les yeux ont bien vite débarbouillé toutes ces
illusions...

On se secoue... Pouah ! ce n'est plus ça! Les bottines qu'il faut
chausser réclament un coup de cirage, le paletot son coup de
brosse, et paletot et bottines, hélas! annoncent souvent la
misère.

Et puis, ce n'est pas tout... Que fera4-on pendant toute celte
ournée ? On a congé, l'on voudrait s'amuser...

S'amuser!... Le plaisir se paie — et l'on compte sa bourse!

On voudrait aimer,.. Le cœur dit oui; mais, la bourse?

Enfin, faute d'aimer, on essaierait bien de déjeuner; oui!...
mais la bourse ??

Et dîner... hum! la'bourse est vide! !!

Et l'on se regarde dans la glace; on se dit :

—• Misérable, triple idiot, tu n'as pas le sou...

Et l'oiseau chante :

J'ai faim !

* *

C'est qu'il arrive souvent que le samedi, toutes dettes payées,
il ne reste plus rien en poche.

J'étais ouvrier. Le restaurant où je prenais mes repas et qui me
faisait crédit, fermait le dimanche, sa clientèle se composait
d'ouvriers comme moi.

Et comme je n'avais pas le sou...

Vous ailez dire que j'étais un fainéant, un propre, à rien.

Lecteur trop pressé à médire, tu vas m'accuser d'avoir mangé
mon argent au cabaret ou avec des drôlesses...

Lecteur, ça ne te regarde pas. Pourtant je veux bien t'avouer
ceci : c'est que je ne suis ni un fainéant, ni un lâche, que je
travaillais toute la semaine, que je n'ai jamais « fait le lundi », et
si trop souvent le dimanche je me suis nourri par cœur, c'est que
dans un endroit ignoré il y a quelqu'un que j'ai fait la bêtise

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homme enveloppé dans un long
manteau, dégouttant d'eau, et
relevé par la pointe de sa ra-
pière, entra, secoua son feutre
trempé, alla s'asseoir dans le
coin le plus sombre de la pièce.
Il demanda un pot de vin
épicé. L'hôtesse, réveillée, le
servit, retourna à sa place. Les
buveurs regardèrent l'inconnu,
jasant tout bas. A part quelques
mouvements imperceptibles,
l'homme paraissait immobile
dans un coin sombre. Un quart
d'heure s'écoula, puis une de-
mi-heure; l'être mystérieux
remuaittoujours sans mot dire.
Mystère!...

d'aimer ; ce quelqu'im-là a des cheveux blancs et m'appelle « son
enfant. »

Voilà pourquoi j'ai fait jeûner mon petit oiseau-,

* .

L'oiseau avait toujours la même façon de s'annoncer : Au
réveil il gazouillait. D'abord il était folâtre , il y avait dans sa
musique quelque chose de joyeux ; mais quand la becquetée ne
venait pas, son chant modulaitdes sons plaintifs; puis, si la nourri-
ture faisait forcément défaut, le concert se changeait en charivari
et c'était un sifflement à donner des crispations au plus éprouvé
des auteurs dramatiques.

Ce jour-là, — c'était un dimanche, —l'oiseau sifflait.

Pauvre petite bête! il y avait vingt-quatre heures que je n'a-
vais renouvelé ses provisions...

Et moi, pauvre bêta ! il y avait aussi longtemps que j'avais le
ventre vide !

Je voulais mourir...

Une peine d'amour !

Imbécile! j'allais... pour une femme !

L'oiseau siffla encore une fois...

Cette fois, il avait l'air de se moquer do moi !
*

Je sortis furieux. J'avais emporté quantité de frusques dont
j'obtins, en échange, quelques menues monnaies chez un bro-
canteur.

Je voulus acheter un pistolet...

Va te faire fiche! je rencontrai'une marchande de mouron...

Mon petit oiseau et moi, nous fîmes la noce.

Décidément, j'avais réfléchi qu'il était trop bête de se tuer pour
une amourette, et, bien résolu de vivre — et de bien vivre, j'eus
recours à un flacon de liqueurs dont je consultai l'esprit... jus-
qu'à sa dernière goutte.

Mon oiseau, à qui je fis aussi d s confidences, me conseilla
d'être raisonnable, de ne point en vouloir à ma maîtresse si au
lieu de venir chez moi elle avait été ailleurs, et il conclut par ce
mot profond de la part d'un oiseau en cage : »

— Le plus cher des biens, c'est la LIBERTÉ.

Quelques mois après, j'étais... bien loin de ma chambre, là-
bas, tout là-bas, en Allemagne, prisonnier des Prussiens.

En cage, à mon tour !

Les jours étaient longs, longues les nuits. Je souffrais en pen-
sant à la patrie, à la famille, et, de réflexions en réflexions, j'en
vins à songer à mon petit oiseau, qui, cette nuit d'ivresse, m'a-
vait dit :

— Le plus cher des biens, c'est la liberté !

Au même instant, une musique qui m'était bien connue ré-
sonna à mon oreille; je levai les yeux, et, devant moi, perché
sur le casque du Prussien qui montait la garde à la porte de ma
prison, je vis un oiseau, le mien! c'était bien lui !

Que se passa-t-il ? Je ne me rappelle plus. Mon oiseau ensor-
cela-t-il le casque du Prussien ? Toujours est-il que je pus rn'è-
chapper, à la barbe de mon geôlier...

Et, pendant ce tamps-là, l'oiseau chantait !

Depuis, je suis revenu réinstaller dans ma petite chambre.

Il n'y a plus de cage à ma fenêtre, mais tous'les matins j'ai la
visite d'une famille d'oiseaux qui viennent manger les miettes de
pain que j'égrène pour eux.

Et, en les voyant libres, confiants, heureux, je me rappelle
toujours ce mot de mon ancien prisonnier :

Le plus cher des biens, c'est la Liberté.

A. Saint.-Léger.

BIBLIOGRAPHIE

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IL Bara.

Les trois buveurs se le-
vèrent, saluèrent, et titu-
bant légèrement, se prépa-
rèrent à sortir, l'heure de la
retraite étant venue. L'hô-
tesse, prévenante, ouvrit la
lourde porte, puis, étendant
sa main an dehors, s'assura
que la pluie avait cessé de
tomber. Elle salua gracieu-
sement ses hôtes, qui sorti-

rent en se bousculant quelque peu dans l'entrée. —Bous-
culade toute amicale et involontaire provoquée par un doux
commencement d'ébriété.

./.

47

fl

6*-

L'hôtesse rentra,repoussasa porte,
sans ia refermer, et regardant du
côté de l'étranger, sa lampe à la
main, elle sembla inviter tacitement
le mystérieux . personnage à imiter
la conduite des trois amis.

L'homne ne bougeait point; la figure cachée par son
feutre rabattu, il semblait rêver. Il n'avait pas touché au
pot de vin, — grave détail. —La femme
s'avança, esquissant un sourire gra-
cieux, lui mit la main sur l'épaule, et
aussitôt, laissant échapper sa lampe,
qui s'éteignit en tombant, poussa un
grand cri d effroi : Le feutre était tombé,
le manteau avait glissé à terre, l'homme
avait disparu ! ! !

Douze heures sonnèrent : Au cri dé la bonne femme, un

veilleur de nuit qui passait, sa lanterne à la main et sa

pique sur l'épaule, poussa la porte et,

"j5§>Eçaa* passant sa tête clans l'entrée : « Par la

^y Sainte-Vierge, s'écria-t-il, due se passe-

t-il donc céans, et pourquoi ce cri ? On

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s'assassine donc, chez vous, dame Hesseline ? r> —- Pas de
réponse. L'homme hésita à entrer ; puis, prenant un grand
parti, referma la porte et courut par la ville chercher main
forte.

Voici ce qui s'était passé...

(La suite au prochain numéro.)

A. Lemot.

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Théâtre-Français. — La Vraie Farce de Patelin.
Opèra-Comique. — Don César de Bazan.
Théâtre-Lyrique. — Mme Turlupin. — Dans la Forêt.
Odéo?i. — Le Tricorne Enchanté
Gymnase. — La Dame aux Camélias.
Châielet. — Patrie.
Qailé. — Les Chevaliers du Brouillard.
Variétés. —- Les Sonnettes. — La Revue.
Bouffes-parisiens. — La Timbale d'Argent.
Folies dramatiques. — Hé'.oïse et Abéïarri.
Ambigu. — Le Centenaire,
Menus-Plaisirs. — Les Gritfes du Diable.
Château-d'Eau. — La Queue du Chat.

BJUfc.S Eï ©OSTCERXS'

Folies-Bergère. — Les Frères Hanlon.
Tivoli. — Comédies et opérettes.
Valentino. — Soirées dansantes et Concert.
Tivoli-Vaux-Hall. — Bal tous les soirs.
Tertulia. — Vaudevilles et opéras comiques.
Casino. — Bal de la Haute-Fashion.
Cirqoe d'Hiver. — Exercices équestres et Prodiges aériens.
Tous les soirs à 8 heures.
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