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LA SC1L

Quand l'affaire Tiendra à être jugée réellement, on verra que

j'ai tout prévu, tout prédit.

0 Edgard Poe' ! comme je te dégotte!

George P.

UN SAMEDI DE PAYE

Le logis est pauvre ; il est composé d'une seule chambre
basse et mansardée à peine éclairée par une chandelle fu-
meuse. — Ça et là, sont dispersés par terre des ustensiles
de cuisine ébréchés, des cordes tendues pour faire sécher
un linge usé.

Au coin de la table, une femme et un enfant veillent, —
en sommeillant du sommeil de la faim, — l'homme, le
mari n'est pas rentré, c'est aujourd'hui samedi de paye.
La femme est encore jeune, presque jolie, quoique ayant
une figure rougeaude et des cheveux d'un blond fade. —
De temps en temps, elle se lève avec impatience, et frémit
de colère, en entendant sonner lentement les heures à une
horloge voisine.

Elle passe rapidement sa robe bleue des dimanches, met
un bonnet blanc, et s'agitant dans la chambre, grommelle
des paroles sans suite: « Encore au cabaret... quel hom-
me... ivrogne... que reste-t-il de sa quinzaine... mainte-
nant? Si je descends... il me poussera brutalement de-
hors... à cette heure il doit être saoul... si je descendais
pourtant... » Puis elle se ravise, se coiffe avec soin... :
« Mieux que ça » dit-elle tout bas. Elle se rassit, mouche
la chandelle. Elle prend un morceau de glace et se regarde
en souriant.

— Paul ! dit-elle brusquement en frappant sur l'épaule
de son enfant. *

Paul s'éveille, frotte ses yeux et regarde tristement sa
mère comme sortant d'un cochemar. C'est un petit de huit
ans, mal habillé avec les vêtements de la misère qui se
font de plus en plus courts pendant que le corps y
grandit.

— Quoi, maman? dit-il larmoyant, j'ai faim.

— Il ne s'agit pas de ça, dit la mère, va trouver ton père
qui est en bas chez le marchand de vins, tu lui diras : « Pe-
tit père, remonte, petite maman t'attend ; » entends-tu,
mon chéri ?

Puis la mère prend son jeune fils entre ses bras, le cou-
vre de baisers, et laisse tomber quelques larmes sur son

visage.

— Qu'as-tu, maman ? dit le petit Paul, presque effrayé.
La mère ne répond rien, l'arrache de ses bras, le met en
un instant sur le carré, en poussant vivement la porte
sur lui.

L'escalier est noir, n'étant pas éclairé, le pauvre petit
saisit les barreaux de la rampe en frissonnant; et descend,
mouillé par la sueur froide de la frayeur, les cinq étages,
marche à marche.

Une fois dans la rue, quoique ébloui par la lumière des
boutiques, il court tant qu'il a de forces, de l'autre côté de
la rue et se trouve devant le marchand de vins. Là il se
colle aux vitres en se haussant aux barreaux, aperçoit son
père, l'appelle en vain. Il se décide, ramassant son courage,
à entrer dans la boutique, il s'accroche au bouton de la
porte, qui s'ouvre subitement, et étonné de sa hardiesse, il
se trouve tout d'un coup dans l'atmosphère épaisse et
chaude du débit.

Le père, qui discourait en titubant devant le comptoir
garni d'une forte tournée, voit son fils cherchant, en levant
la tête, et roulant au milieu des habitués.

— Que viens-tu faire ici, gamin ? dit-il en le frappant.

Quelques compagnons avinés comme lui, interviennent,
l'enlèvent sur leurs bras.

— Allons, dit l'un d'eux, embrasse ton père, et bois nn
coup.

Le père se met à rire bestialement, force son fils à boire,
et tombe lourdement sur une chaise.

Minuit sonne, le patron renvoie son monde, et les habi-
tués en quelques instants furent dehors. Le père du petit
Paul, complètement ivre, ferme son paletot plein de
taches de boue et de plâtre, et prenant son fils par la
main :

— Allons trouver la bourgeoise 1 dit-il, elle doit être con-
tente, la maman! Et puis pas de chance... tout perdu au
tourniquet.

Parlant entre ses dents, — il part, tourne, remonte, re-
descend, poursuivi par une idée d'ivrogne, fait des faux
pas, ébauche l'air d'une chanson, perd sonchemin, lé re-
trouve et continue un monologue de divagations, d'injures,
entrecoupé de hoquets.

Paul se cramponne au bras de sod père, étourdi du vin
qu'on lui a fait boire, il appelle, cherche à l'entraîner dans
le chemin ;— les boutiques se ferment, il fait nuit noire,
— il pleure. A chaque faux pas de l'ivrogne, l'enfant
tombe dans le ruisseau, et se meurtrit le corps à ce dou-
loureux roulis.

Enfin, ils arrivent au logis, — l'escalier est pénible à
monter. — Chose étrange la porte de la chambre est ou-
verte. Le père allume péniblement la chandelle, et regarde,
cherche avec des yeux hébétés.

— Où est ta mère, s'écrie-t-il d'une ,voix étranglée, ta
mère !

— Maman ! maman, sanglote le petit Paul.

— Tonnerre de... jure l'homme.

Il s'arrête, crispe ses poings, hurle, comprend enfin.

— Disparue... malheureux... ivrogne...

Puis, attendri, il fait approcher son enfant... et lui dit :

— Allons, c'est moi qui te déshabillerai maintenant, ta
mère est une... mais c'est bien fait pour moi.

Il couche tendrement l'enfant, se jette sur son lit et mêle
les sanglots de la douleur aux hoquets du vin.

Omo.

ÉCHOS DE PÀEIS

On annonce que M. A. "Wolf vient de recevoir l'ordre
de Saint-Maurice et Lazare, et Mlle Emma Cruch celui...
de quitter Paris.

La Seine vient enfin de rentrer dans son lit, c'est du
propre de découcher ainsi.

Dans un village de Cucugnan, à l'époque des vendanges,
des paysans, pour remercier leur curé, décident qu'ils lui
offriront en cadeau une pièce de vin ; chacun doit apporter
sa part.

En effet, le soir venu, chaque vendangeur vide sa seille
dans le tonneau du vieux curé. Mais l'un d'eux, le père
Jean, se dit : « Bah ! les autres ont versé du vin ; si je ver-
sais une seille d'eau, personne ne s'en apercevrait. » Et il
verse sa seille pleine d'eau.

La barrique pleine, le curé veut goûter son vin ; la vieille
servante lui en apporte un pichet...

C'était de l'eau, de la belle eau pure !

Chaque paysan avait fait le même raisonnement que le
père Jean, — et au lieu de vin avait apporta de l'eau
claire.

On connaît l'avarice du pèreBillun, directeur de l'Am-
bigu. Il y a quelques jours, un; auteur dramatique lui de-
mandait deux places pour le Centenaire.

— C'est pour mon fils et moi, ajouta-t-il.

— Quel âge a votre fils, demanda le père Billon.

— Quinze ans.

— Eh bien, voici une place.

— Pourquoi/pas deux.

— Vous tiendrez votre fils sur vos genoux..

Notre ami Montretout se livre dans le Tam-tam à de
joyeuses variations sur le nom de Blanche d'Antigny.

Tantôt il éeorche cette demoiselle en l'appelant d'Anti...
gnasse, tantôt d'Antimoine, etc..

J'offre, pour ses étrennes, à ce célèbre jongleur-ès-calem-
bours, une variante à laquelle il n'a pas encore songé :

Blanche d'Anti...pater.

Que dis-tu de celle-là, mon fils?

On voit le long de tous les murs de Paris :

L'E.-.TAT

Puis au-dessous :

San... fourche.
Non d'un chien 1 que signifie cela ?

Les calotins du quartier Saint-Sulpice viennent d'ex-
clure de la liste du jury l'honorable M. Robin, professeur à
l'École de médecine, comme sentant trop le fagot. J'ai bien
peur que, dans leur ignorance crasse, ces gens-là aient con-
fondu le professeur Robin avec Robin des bois.

On a vu de plus fortes.

Un écho de la nuit de Noël.

Au quartier latin, on faisait bombance dans une cham-
bre d'étudiants; vers minuit, l'orgie avait atteint son dia-
pason le plus élevé, lorsqu'une dame se présenta discrète-
ment àlapo/te et pria la turbulente assemblée de se taire
un peu, parce qu'au-dessous « son pauvre mari était à
l'agonie. »

Les étudiants se firent un devoir d'obéir, et ne parlèrent
plnsqu'à'voix basse.

Cela durait depuis deux heures, lorsque la même dame
apparut et dit en pleurant :

— Vous pouvez maintenant recommencer à chanter, mes
bons messieurs, mon pauvre homme est mort...

Deux provinciaux habitants de Soissons, après avoir
dîné au Palais-Royal, visitèrent chacun de leur côté cer-
tain établissement qui est, pour ainsi dire, le corollaire
des dîners à 40 sous.

Tout à coup un bruit formidable retentit, et on entendit
du fond... des cellules :

— Ah ! c'est vous, Monsieur Basduron, comment va vo-
tre dame?

L'un d'eux avait reconnu la tw'œ de l'autre.

Th. Abel.

Le Propriétaire-Gérant : César Mebmet.

Pari». — lœp. Turfln et A*. Juvet 9, cour des Miractes.

prières, débita ung long chap-pelet, proumist châsses
mirifiques, cierges en cire, rosaires, niches guarnies,
aumosnes ; puis, de belle humeur, se remict en chemin.

Poinct n'estoyt finie cette adventure.

Le roy Loys, tout amoureux, quoi que

vieulx de peau, grantement poilu, estoit

ieune de cœur; mais poinct n'avoit

d'esgal en poltronnerie.

Ores, il vint près d'une marre, noire comme ung four ;

au bord de la marre ronfioit, ou se lamentoit en ronflant,

ung apostre es Bacchus, auquel forces defailloyent pour

rentrer au logis.

Le roy, cuy daut, veoir
messire Satanas en chair et
en os, fict plusieurs signes
de croix, marmotta courte
prière, et s'approucha du
monstre. Poinct il ne aça-
vait si c'estoyt démon incu-
^^^^ ^^^^^^^^^^^^^f be ou succube. Dans le
.doubte, sachiant que diables, diablotins, et autres tor-
menteurs du paubvre gienre humain , ont horreur et
desgout de l'eau sanctifiée par N.-S. Jésus-Christ en le
baptême, il poussa eu marre le dict démon, cuy dant mé-
riter bénédictions du ciel.

Ores, il se fict, par estrange adventure, que cettuy dé-
mon n'estoyt aultre que messire Balaudeau, époux de
gente Hemeline, pour qui le roy brusloyt fort.

Ainsy finit ce ioyeux dégusteur de

pintes, avaleur de pots, ce maistre es

beuveries, qui beuvait sans soif plus

tôt qu'avoir soif sans boire, correur de

bouteilles, estouffaut en l'eau pour qui

il avoit, sa vie durant, eu saincte horreur.
Inutile d'adjouter que messire Loys, de conscience lé-
gère, pénétra en logis de la
gente Hemeline, comme ung
chacun sçait.

Chaulde fuet la nuictée d'a-
mour. Le roy prouva que
poinct il n'estoyt clerc es cho-
ses du mariage.

_______________________ Quant aux trois beuveurs de

la taverne de la Teste de Cerf, ils furent pendus le lende-
main, haut et court, l'histoire n'a iamais dict pour quoy.

A. Lemot.

THEATRES

Les pièces exi vogue.

Théâtre-Françau. — Britannicus.

Opéra-Comique. — Don César de Bazan.

Théâtre Lyrique. — Mme Turlupin. — Dans la Forêt.

Odéon. — Le Tricorne Enchanté

Gymnase. — La Dame aux Camélias.

Châleiet. — La Maison du Baigneur.

Gai té. — La Poule aux œufs d'or.

Variétés. — Les Sonnettes. — La Revue.

Bouffes-parisiens. — La Petite reine.

Folies dramatiques. — Héloïse et Abélard.

Ambigu. — Le Centenaire,

Menus-Plaisirs. — Les Griifes du Diable.

Châleau-d'Eau. — La Queue du Chat.

BASLS ET C0SCE&5TS

Folies-Bergère. — Les Frères Hanlon.
Tivoli. — Comédies et opérettes.
Valentino. — Soirées dansantes et Concert.
Tivoli-Vaux-Hall. — Bal tous les soirs.
Tertulia. — Vaudevilles et opéras comiques.
Casino. — Bal de la Uauit-Fashion.

Cirque d'Hiver. — Exercices équestres et Prodiges aériens.
Tous les soirs à 8 heures.
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