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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0011
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INTRODUCTION. 7

culture plus heureuse, elles joignent à la beauté des fleurs naissantes la bonté des fruits d'une ma-
turité parfaite : ad Grœcos irejubeo (a).

Si ce ne fut pas du cerveau de Jupiter, ce fut du moins de celui des Grecs, que Minerve sortit Delà Sculpture

, 111 îii- ■ 1 „ » j • 1 *''** 'es Grec»,

tout année, non de la lance et du bouclier, mais du compas et du pinceau; ou, pour parler sans

fiction, si les beaux-arts restèrent quelque tems, en Grèce, dans cet état d'enfance qui, par-tout
ailleurs, fut le premier partage des inventions humaines, aucun des monumens qui nous sont par-
venus ne porte l'empreinte d'une pareille époque. On pourroït même la révoquer en doute, si les
auteurs anciens, et sur-tout Pausanias, n'avaient pris le soin de rappeler ces amas de pierres, ces
morceaux de bois, ces colonnes informes, celte pyramide qu'il plaisoit aux Mégariens d'appeler
Apollon, comme autant de moyens employés dans les tenis les plus anciens pour consacrer le sou-
venir de quelque événement héroïque ou religieux (b). Encore serait-il, ee me semble , plus conve-
nable de considérer ces monumens, moins comme des tentatives de la Sculpture proprement: dite,
que comme des symboles grossiers, adoptés par presque tous les peuples, pour constater un fait,
pour figurer un être divin, pour s'exprimer enfin, avant l'invention des arts et même de récriture.
En effet, les auteurs qui nous en parlent, les citent presque toujours d'après des traditions popu-
laires; ils paraissent même les regarder comme des restitutions ou des imitations de ceux qu'avait
plus anciennement établis la plus grossière superstition. D'un autre coté, parmi les monumens de
la sculpture grecque, qui subsistent encore, ceux qui remontent aux tems les plus reculés, à l'époque
même qui paraît avoir vu naître l'Art, sont fort au-dessus de ces informes productions de la barba-
rie, et n'en rappellent en aucune manière le souvenir. Si donc elles ont existé, il faut en dire,
ignorantia$jwentutis ne merninerîs. Les soudaines et sublimes inspirations qui créèrent et multi-
plièrent si rapidement dans la Grèce les chefs-d'œuvre de l'Art, semblent y avoir effacé les traces
de ses premiers pas, comme les poèmes d'Hésiode el d'Homère, en éclipsant par leur supériorité
toutes les productions qui les avaient précédés, les condamnèrent à un oubli presque total.

« Les Athéniens, dit un ancien écrivain romain, n'ont pas, comme les autres nations, commencé
« par de méprisables essais pour arriver au grand(e). » Le judicieux auteur qui, le premier, a trans-
porté parmi nous le spectacle encore magnifique de ce qui reste des plus beaux et des plus anciens
monumens de l'Architecture en Grèce, après les avoir examinés et décrits avec les connaissances
d'un historien et le goût d'un artiste, en a tiré cette conséquence, « Que les Grecs, plus lents peut-
« être à donner des marques de génie, marchèrent à pas plus certains vers la perfection (d\ » On
est, en effet, fondé à penser qu'un peuple qui, dans un art quelconque, atteint un degré d'excel-
lence auquel nul autre n'est arrivé, a eu, dès que son état civil ou politique lui a permis de se livrer
à la culture de cet art, le bon esprit de choisir la route qui devait le conduire sûrement au but.
Doués du génie le plus heureux, d'un sentiment-vif et toujours juste, les Grecs portèrent ces pré-
cieuses qualités dans l'exercice des arts du dessin, comme ils les avaient probablement déjà portées
dans la culture des sciences et des lettres.

Il est possible, sans doute, que leurs communications avec les peuples dont la civilisation pré-
céda la leur, tels que les Phéniciens et les Egyptiens, aient provoqué leurs premiers efforts et dirigé
leurs premiers pas. Mais bientôt ils furent en état de rendre avec usure à ces mêmes peuples les
secours qu'ils en avaient reçus, en leur offrant des modèles tout autrement utiles pour la philoso-
phie, la poésie, les sciences et les beaux-arts. Destinés par la nature à deviner pour ainsi dire celte
perfection si loin de laquelle leurs maîtres s'étaient arrêtés, les Grecs, pour ne parler ici que des
arts du dessin, eurent bientôt apperçu la nécessité d'en établir les élémeus sur des proportions inva-
riables ; et ils reconnurent et fixèrent ces proportions en étudiant celles du corps humain. C'est à
ce principe sûr et fécond qu'il faut attribuer la rapidité de leurs progrès. Ils dislinguèrenl promp-

(u)Cicci'o, Aead. i/uiat, lib. 1. (c) Aon, ut ctcicrrv gantes, h sordittts iniliis ail summa crever*.

(i)Tel fui le monument clevé^ par les ordres deJosuo*, en mémoire Justin., ffîslor., lit). Il, cap 6.

d» passage du Jourdain par les Israélites : Clan transieritis Jorda- ('/) Le Hoy, Ruines dtsrplus beaux Monumens de la Grice; Pa-

nem, ériges ingénies lapidas. Douteron., cap. itxvu. ris, j-jStt. Dùc.prclim., pop. ix.
 
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