Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0296
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
i94 PEINTURE.

l'influence du don particulier attaché à leur organisation (a). Ces deux grands hommes étaient nés
peintres, comme Homère et Virgile étaient nés poêles.

Michel-Ange se fit admirer par un dessin hardi, mâle, grandiose; Raphaël, par des contours élé-
<*ans, corrects et purs: tous deux firent usage de ce savoir du crayon, pour animer leurs nohles
inventions par une expression vive et louchante. La Peinture dans leurs mains se montra féconde
savante, sublime. Le Titien joignît à presque tous ces talens le charme du coloris. Il en eut la con-
naissance, le Cortège eu eut le don (b).

On croit q\.isl?Uonio AUegrî-, dit le Cortège, naquit près de Corrcgio, dans le Modenais, vers
Tan 1.I94.

Les recherches des historiens sur ce qui concerne sa famille, n'ont pas entièrement dissipé les
doutes élevés sur ce point. On ne sait pas mieux qui fut son maître. Les détails de sa vie privée sont
peu connus, ainsi que ses qualités morales (c). Nous pourrions dire qu'il fut le disciple de la nature,
et que l'une des Grâces fut sa mère. Mais si nous avons trouve des rapports entre les productions
de Raphaël et ses affections habituelles, ne pouvons-nous pas, d'après le genre et le style des ouvra-
ges du Corrège, nous former aussi une idée de la tournure de son esprit ? Ne faut-il pas reconnaître
qu'une sensibilité profonde, un goût exquis, aidés d'une instruction variée, fruit d'une bonne édu-
cation, furent la source de son aimable talent. Sou cœur associé à un esprit élevé, lui indiqua ce qui
peut nous émouvoir le plus agréablement dans les actions des hommes, ce qui peut charmer le plus
voluptueusement nos regards dans les formes diverses des productions de la nature. Ami du repos
et de la grâce, sou œil découvrit le principe de l'harmonie des lumières et des ombres, et toutes ces
qualités réunies le conduisirent à l'accord sublime des formes et des couleurs.

Ou direit que sa main ne savait tracer que des lignes ondoyantes et moelleuses (d). Jamais angu-
leux, jamais sec, toujours élégant, même dans les raccourcis, qu'il traita d'uue manière Inconnue
jusqu'à lui, si en cherchant le grandiose, soit dans les formes, soit dans les altitudes, H est tombé
dans quelque affectation, ou s'il a pu même se montrer incorrect (e), il se fait pardonner ces défauts
par des beautés originales et inimitables. Ennemi de toute opposition outrée, de toute action vio-
lente, il ne fait servir la science du dessin qu'à exprimer avec vérité des passions douces, et dans les
sujets profanes, et dans ceux qu'il emprunte aux livres saints.

ïo, dans les embrassemens d'un dieu qui a pris les formes d'un nuage, laisse appercevoir la pas-
sion qui fait frémir tous ses membres, et S" Flavie, frappée d'un glaive-meurtrier, tournant des
regards paisibles et touchans vers le ciel, semble déjà goûter la récompense de son martyre.

Un esprit de cette trempe, sans s'élever jusqu'à des pensées profondes et philosophiques, dut être
fécond en idées ingénieuses, poétiques, riantes. En effet, ses sujets ordinaires sont des "Vierges, des
anges, des nymphes, des amours {/"). Souvent l'ordonnance de ses tableaux se ressemble, par cela
même qu'elle est constamment fondée sur la vérité. Mais des détails toujours aimables ollrcnt une

.ne a laissé l'empreinte de la peine dansions ses ouvrages. T
11c dont la ui.iNM' imputante ,11 mon ce lu Ion;; travail du t
il dire i[it'il avait jeté de piofotides ratines, et elles lui valu]



Raphaël s'est formé avec moins de peine; il est semblable à une
fleur qui se développe, brille, et périt sous l'influence d'uue douce
énumaiion céleste.

Si on voulait enfin laisser à l'écart l'histoire de l'Art pour se livrer
exclusivement à la jouissance des ctiefs-d'œuvre do ces den\ hommes
uniques, on sentirait ipic la terreur agissant dans les créations de l'un,
l'amour dans les ouvrages de l'autre, l'ont de tous deux les dieux de
l'Art moderne.

(a) Cette véritii a fait dire avec Horace à l'éditeur philosophe des
i-crï-jogtvlcugg.

tfaturajùnt laudalilc carmsn, an arte,
Q<x*titum est; ego née studium sine liivina vena,
Nec mie quiâ prottt video îngeniumi alterùusie
jiîterafiicit opem res, et conjurât amice.
(A) Unam ventre,,, autm Graiai Charita vacant.

(e) Sur l'âge, la Camille, la fortune, les maîtres, les éludes et les ou-
vraies du Corrige, on peut voir les iïottzic ,'tori,-In; sincère, intorno
la vita dcl célèbre, pittore Antonio AUegrî, da Corregio, par Ratdj
finale, 178t. On peut consulter aussi Tiraboschi, Bililiolccu Mode-
ncie, loin. VI; les notes jointes aux Mémoires de Mai«s sur le Cor~

règc_, que M. I'.
Home, 17S7, in

{,'Abceadario
e para!) pas

vocat FÔO a publiés avec sou exactitude ordinaire;
1; et les Lettcrc Pittorichc, 10m. 1, III

t lliehardsou citent u

vulejoi

(d) Combien elle est subtile la ligna OÙ repose U yràce! Elle dispa-
rait pout peu qu'on y louche.
(c) Le Corrège,

«Prodigue dans sa duuee ivresse

« De beautés sans correction,

0 Qui choquent un peu la justesse,

h Mais respirent la passion, a

(/) Dans In Peinture comme au ciel,aurait dit Milieu,
 
Annotationen