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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0300
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I98 PEINTURE.

dans les productions des maîtres qui s'y distinguaient. Enfin au XVI' siècle, à" autres Bolonais s'atta-
chèrent avec succès au coloris; et par ce moyen Bologne qui, à cause de sa position intermédiaire,
participe des dispositions physiques et morales propres aux liabitans des pays voisins, s'appropria
les avantages distinctifs de chacune de leurs Ecoles, à tel point qu'au XVIIe siècle, sous le pinceau
des Carrache, des Guide, des Dominiquiu, elle devint supérieure à toutes les autres.

Allons maintenant vers Modène, vers Parme, dans l'état vénitien, et considérons sous les divers
aspects qu'elles peuvent offrir, l'Ecole vénitienne et l'Ecole lombarde.

Venise, ville de création moderne, ne pouvait posséder dans ses eommencemens aucunes produc-
tions de la Peinture ou de la Sculpture antiques qui fussent: nées dans son sein; elle acquit seulement
dans le cours du moyen âge quelques monumens grecs, devenus le pris de ses victoires dans les
îles de l'Archipel.

C'est dans la nature, si libérale pour elle et pour les contrées qui l'environnent, que ses peintres
ont puisé les beautés de leur coloris. Son Ecole a fleuri dans un climat tempéré, sous un ciel pur qui
n'offre ni un éclat vif et uniforme, comme dans la partie septentrionale de l'Italie, ni les brouil-
lards souvent épais du midi. A Vicence, à Vérone, une vapeur douce, transparente, donne presque
toujours à l'air et aux objets qu'il environne, un accord moelleux et des teintes amies de l'œil.

Peut-on douter que les liabitans de ces contrées ne doivent à ces causes physiques la brillante
carnation, le coloris animé dont le Corrège y trouva des modèles? Je les ai vus les beaux enfans et
les belles femmes de ces riches pays ; ils ont tous dans les yeux et sur les lèvres ce rire plein de grâce,
ou ce sourire plus attrayant encore qu'il donne si souvent aux images des anges. Les arbres, les
fruits, les fleurs, reçoivent les mêmes influeuces de la nature, et prêtent à l'Art les mêmes charmes.
C'est là que le Corrège apprit à peindre les ornemens des campagnes, comme l'Ariostc à les chan-
ter. C'est sur les bords de la Brenta que Titien dessina ses beaux paysages, comme sur ceux du
JUiucio la Muse de Virgile vil se multiplier les sujets de ses chants bucoliff^iû*—CW^cWs les fastueu-
ses cérémonies des Vénitiens, dans les amples ùV.qicrips de leurs magistrats, que ce grand peintre,
en faisant leurs portraits, a trouvé les larges plis, les riches couleurs des vêtemens dont il a su les em-
bellir. C'est enfin dans le teint frais et vermeil des femmes de Venise, reines de cette mer où l'an-
tiquité aurait fait naitre une Vénus adrialique, qu'il a saisi les couleurs fondues sous son pinceau
avec tant d'habileté (b). C'est dans leur maintien, dans leur disposition à de tendres peuchans,
qu'exprime si bien leur doux langage, qu'il choisissait les altitudes de Venus.

Quand ce grand maitre, né à Cadore, dans le Frioul, en i477i commença à Venise l'étude de
son art, on pratiquait dans cette ville la pciutu-rc à l'huile; mais c'était avec une sorte de timidité
dont l'effet n'était racheté que par le fini de la louche. Tel est le faire des Bellini. Titien lui-même,
dans quelques uns de ses tableaux, laisse encore appercevoir des traces de celle manière que Vasari
dit peinée {maniera stentala). Mais inspiré par les beautés de la nature, il s'affranchit de bonne
heure de cette servitude, et bientôt il partagea les succès du Giurgione, qui, dans ce ineme tems,
s'éloignait aussi de l'aucicnue route.

Guidé par un sentiment juste, celui-ci avait commencé à donner aux chairs de la fraîcheur, aux
corps du relief, aux contours de la vérité: et né pour le grandiose, peut-être aurait-il eu la gloire
d'élever l'Art jusqu'à la perfection, si une plus longue vie lui eût permis de développer tous ses
talens.

Quoi qu'il en soit, Titien ajoutant au mérite de ce maitre une connaissance approfondie de toutes

{a) tin joui-, que j'assistais ii une foire céïebrc <[iii so lient sons do lame. Leur soin

l,,"i:» 1.......[uos do la ville de Modènc, j'aurais pu compter un grand no pcui en cornu

noûhre de femmes, oi sur-tout de femmes .k- campagnes, dont ta C'estainsi .pu

c'c^ior.coTOuocrapM;85iûll,icseri8ii))|il(iiU1);ijrl)el|C[ll(:our)em[||til|l3 qu'une analyse raisonnée do la palette du Titien fonucr.iiinu excellent
our leur visage, ot qui liront leur charme do la vivacité du une 01 de In traité du coloris.
transparence do la peau, nuiont .pie dot disposions affectueuses de

lusse qu'à 1

i suavité de leur langage.

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