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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 3): Texte. Description des planches — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1304#0250
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PEINTURE,

l'absolution; ce réeil et ce fait, parfaitement rendus, prouvent ce que le dessin peut ajouter de force à
|,i poésie, et fi quel point souvent le dessinateur s'exprime plus clairement que le commentateur.

Voyons comment on peintre ou minietenr, chargé d'orner nu .unir manuscrit du Dante, s'y est pru
.m XV siècle, pour rendre plusieurs situations de ee poème incomparable.
Ia' Dante, effrayé, des les premiers pas, de sa périlleuse earrièrr, est joint par Virgile, qui solfie à lui servir
de guide: eette peinture se voit au 1" feuillet du manuscrit de la bibliothèque du Vatican, dont la notice
est ci-après.

Frontispice du poème de l'Knfer, tiré do même manuscrit, (»' feuillet 'verso; les vers inscrits au basten

expliquent le sujet, qui est répété dans le cintre du portique, dont les piédroits seuls ont pu entrer dans
cette gravure, faute de place.
Le Dante plaignant les malheurs de la belle Francesca, qui, surprise avec son amant par son mari, fut
tuée du même coup que l'objet de sa tendresse; touchante épisode du V" chant de l'Knfer : cette pein-
ture se voit an i4* feuillet verso du manuscrit*
Le comte L'golin assouvissant sa vengeance sur l'archevêque de Pise, en lui rongeant le crâne: eette horrible
scène, peinte au &)* feuillet verso du manuscrit, a été rendue par le Dante, avec une force égale à son
atrocité, dans le xxu' chant de l'Enfer*

Les quatre peintures qui précèdent uni clé elioi-ir- de préférence parmi celles du poème- de l'F.nf.T.
leur style étant correct, quoique un peu sec. Celles qui ornent les poèmes du Purgatoire et du Paradis
paraissent être de deux antres mains, beaucoup moins habiles; les peintures du dernier poème sur-tout
offrent un dessin maniéré, une touche minutieuse, souvent même pointillée. et un défaut d'intelligence
dans t'eflèt, qui porte à croire qu'elles sont île l'école des Zuecheri; tandis que celles du Purgatoire, qui
paraissent de l'école du Pérugin, présentent à l'œil un repos qu'il ne trouve pas dans le coloris, sans
accord et sans harmonie, des peintures du Paradis, lesquelles ne plaisent que comme plait un champ
émaillé de fleurs variées.

Les tableaux de ce manuscrit sont, en tout, au nombre de 12a: il passa dans la bibliothèque du Vatican
en sortant de celle du due d'Urbin, Frédéric, suivant eette inscription, qui se lit au bas de la première
page, Di. Ftvdericus Urbîni dux ilfustrissimus, belli fulgur et paris, et /'. plus pater; au-dessous est
un aigle portant ses armoiries, et autour l'ordre de la Jarretière, avec devise: cet ordre ayant été en-
voyé à Frédéric, en i'\~6, par Edward IV, c'est entre celte date et celle de sa mort, arrivée en i.'|8a,
qu'il faul placer la transcription du manuscrit. 11 est écrit sur un vélin plus ou moins beau; les carac-
tères sont du XV siècle, et tels qu'on les voit ici gravés : le dernier feuillet porte celte apostille, EJtplicil
comedia Datais Alœgketii (sic) Florent hti, manu Alattbei fie Contueiit de /'ulterris.

Les marges sont fort belles et de la grande proportion; le livre a plus de i\ ponces de hauteur, sur
i) pouces de largeur; il est superbement relié en velours rouge, avec des ornemens et les armoiries, en
bronze doré, du pape Clément XI, Albani.

J'ajouterai ici quelques observations propres à démontrer comment l'identité des pensées et même des
lornies dont elles sont revêtues se retrouvent dans la plupart des productions des arts de l'imagination,
sauf la différence qu'y apporte la diversité des moyens qu'ils emploient- Celle ressemblance est sensible
entre les poèmes du Dante et les peintures contemporaines; elle dérive et des emprunts que ce poète a
faits aux peintres qui l'avaient précédé, et, plus souvent encore, des idées que renx qui le suivirent pui-
sèrent dans sis descriptions pleines d'images.

Les prophéties de l'Ancien Testament, les peines de l'enfer, celles du purgatoire, les joies c\u paradis,
telles étaient, ainsi que nous l'ont montré les planches qui précèdent, les sources dans lesquelles, avant
l'âge du Dante, la peinture puisait les sujets dont elle enrichissait les manuscrits et les temples. Ces
pieuses méditations formaient aussi la base de la plupart des écrits du tems; l'histoire même quelque-
fois, par un abus condamnable, mêlait à ses récits des fictions mystiques: les annales de chaque peuple
pourraient en fournir des exemples; pour ne sortir ni de mon sujet, ni de notre propre histoire, je citerai
celui tics Chroniques de S' Denis, écrites au XIl* siècle.

On y raconte que l'empereur Charles-le-Chauve vit, en songe, un ange qui, après lui avoir attache
00 fil au nonce, le conduisit ainsi en enfer, et lui en fit voir toutes les places et lotis les tourmens; entre
autres damnés ce prince y reconnut son père Louis-le-Débonnairc, et ses frères, plongés dans la poix
bouillante; Lors, dit le chroniqueur, lui commencièrent à dhv, en criant et hurlant, Karle, Karle,
pour ce que nous amantes à faire homicides et gnertvs et rapines, nous sommes en cesjfetwes bouillaiis.
Ou sait que Hrunctto Latini, Florentin, qui vécut long-lems en France, et composa même plusieurs
 
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