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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0002
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LîE SjBFFL'ET

SIFFLEMENTS

La Hollande a déclaré officiellement la guerre aux
Achinois ?

Naturellement, mes voeux sont pour les. Hollandais,
que j'estime pour leur caractère... et leur fromage ; tan-
dis que les Achinois11\ me sont complètement inconnus
et à vous aussi, probablement.

Je voudrais que les Achinois soient battus à plate
couture.

Sans connaître, la question politique, oh peut être cer-
tain que ce sont eux qui ont tort ; les Achinois doivent
avoir tort, probablement qu'ils ont mangé quelques
Hollandais à. la sauce tartare.

Donc, une nation qui â de la dignité ne doit pas tolé-
rer qu'on digère ses sujets.

Les hommes sont faits pour se décorer et non pour se
dévorer.

La fille Cruch, dite Cora Pearl, fait encore parler
d'elle.

Si la chose n'était pas du plus haut comique, nous
nous garderions bien de dire un mot de cette vieille
ruine., mais-nous sommes obligés encore cette fois de lui
faire gratuitement une réclame.

Nous devons parler du curieux procès que lui intente
un sculpteur pour divers travaux des plus bizarres ;
entre autres :

Le moulage par la gélatine d'une main en terre
cuite,

La réparation de ladite main en terre cuite,

Un socle pour la main en terre cuite,

Une coupe pour la main en terre cuite,

Une main en marbre, suivant modèle donné en terre
cuite.

Etc., etc., etc., en terre cuite.

Mais la fille Cruch... en terre cuite ne voulait pas

payer la facture que lui présentait l'artiste.....en terre

cuite ; elle prétendait que cela regardait un ex-lieute-
nant de cuirassiers qui était son Duval à l'époque où ses
travaux avaient été exécutés.

Mais le tribunal n'a pas adopté le système de défense
de la vieille cocotte et l'a condamnée à solder complète-
ment le mémoire de l'artiste... en terre cuite.

L'honorable M. .de Kerdrel a eu le bonheur, l'autre
jour, de retrouver son portefeuille,contenant 26,000 fr.,
qu'il avait perdu dans un wagon de chemin de fer.

Naturellement, le député d'ille-et Vilaine n'a pas
voulu que cet acte de probité restât sans récompense, et
il a offert, sans hésiter, deux francs à l'honnête em-
ployé qui lui a restitué cette somme.

Une telle générosité ne pouvait naturellement passer
sous silence ; aussi nous empressons-nous de la constater,
en- ajoutant que les deux francs offerts ont été remis, par
l'honnête homme, au bureau de bienfaisance.

M. "de Kerdrel sait encourager la probité.

Une grande nouvelle pour terminer :

Ah! mon Dieu! je vous entends dire : Qu'allez-vous
nous apprendre ?

Seraît-ce la démission de Billion comme directeur de
l'Ambigu?

Serait-ce le mariage de Blanche d'Antigny avec le
vicomte de Pâté de foie gras ? .

Serait-ce la canonisation du bienheureux Brunet?

Serait-ce l'inauguration de la fontaine du Château -
d'Eau?

Serait-ce.le tirage de la'loterie des Orphelins?

Non, non, c'est autre chose de plus invraisemblable.

C'est la diminution des huîtres.
_ Vous avez bien lu,' la diminution des huîtres ; je dis
cela sans faire, d'allusion à personne.

Dans quelques jours, nous ne paierons plus ces excel-
lents mollusques que soixante centimes la douzaine.

Des navires nous en amènent des milliers de l'embou-
chure du Tage.

Merci, mon Dieu!

Les huîtres ne feront plus leurs précieuses et leurs
rehchéries.

Michel Anézo.

LA QUARANTAINE

En y réfléchissant bien, on se demande pourquoi cer-
tains nombres semblent plus ou moins cabalistiques.

Par exemple, le nombre treize! En a-t-il des ennemis,
le malheureux !

Eh bien, le chiffre quarante,—; tout rond qu'il est, —
est peut-être plus bizarre encore que le treize.

Je pensais à cela en songeant à faire mon. salut... Une
fois par hasard ! Pourquoi vous en étonner ?

Oui, je me disais :

— Malheureux ! les quarante jours du carême ont
bientôt fini de dévider leur écheveau : as-tu fait péni-
tence ?

A cette question saugrenue que je me faisais tout haut,
comme dans tous les apartés; Niniche, la petite folle,
partit d'un bruyant éclat de rire.

— Attends, me dit-elle, je vais t'aider à faire péni-
tence !

Et elle se mit à me pincer, à m'égratigner, à me don-
ner des claques partout.... Tant et si bien que cb île fut
plus le carême qui fut en cause.

Maintenant, j'y reviens, parce que Niniche est partie
et que mes idées sont moins roses quand elle n'est
pas là.

Ils datent de loin, les quarante jours du carême.

Ce fut Jonas, le prophète, qui les inventa; Il eut cette
belle idée dans le ventre de la baleine, — un jour que
le cétacé avait trop avalé d'huile de foie de morue.

Les Juifs agrémentaient leurs quarante jours de cen-
dres et dé sacs, humant l'une et se couvrant des autres.
C'était original.

Le diable, que les Grecs appellent le malin, profita de
ces quarante jours pour emporter le Christ sur une mon-
tage tellement élevée, que de son sommet on apercevait
tous les royaumes et tous les empires du monde, quoique
la terre soit ronde.

Après cela, elle était peut-être plate ou carrée dans ce
temps-là... C'était l'époque où on arrêtait le soleil, qui
n'a jamais bougé.

Au moyen-âge, les évêques et les moines profitèrent
des quarante jours du carême pour vendre le poisson de
leurs étangs.

Il suffit pour cela à la sainte mère Eglise de faire mai-
gre pendant tout ce laps de temps.

L'ordre subsiste toujours, mais le moyen âge est ru-
iement loin.

Ce qui s'observe le mieux, c'est la quarantaine des na-
rres.

En voilà une rude pénitence pour l'équipage et les pas-
sagers !... Rester quarante jours en vue de Ta terre sans
avoir le droit d'y pénétrer!

C'est un1 supplice renouvelé de Moïse et de Tantale.

Si l'on avait établi plus tôt ce sage règlement, Smyrne
ne nous aurait pas tant de l'ois envoyé la peste, ce fléau
du pays des chameaux.

Mais pourquoi avoir justement choisi ce chiffre de
quarante, comme pour le carême?

A l'Académie aussi, ils sont quarante et n'en sont pas
moins funèbres pour cela.

Dans les Mille et une Nuits, on raconte une histoire
qui a pour titre: Ali-Baba ou les quarante Voleurs.

La proclamation la plus ronflante du plus roublard des
généraux commençait ainsi :

— Soldats, du haut de ces Pyramides, quarante siè-
cles vous contemplent!

- Ea faisant sonner lesr, c'est joli, joli.
Et comme le disait Méry :

— Quelle différence s'il avait dit : quatre mille ans !
C'eit pour cela que les poètes n'appellent jamais les

choses par leur nom.

Un âge que n'aiment pas les femmes, c'est quarante
ans... la chute des feuilles de l'amour!
Et pourtant, mesdames:

On est deux fois aimable et bonne
Lorsque l'on a deux fois vingt ans !
Si ce n'est pas toujours vrai, — si ça ne l'est jamais,

— il est au moins galant et poli de le dire. D'ailleurs
cela n'engage à rien.

Quant aux hommes, ils ont beau dire que la quaran-
taine est la force de l'âge, ce sont des blagueurs. Ils sont
tous vexés d'être plus près de cinquante que Je vingt.

C'est donc un nombre pas mal cabalistique que le nom-
bre quarante.

Mais il n'est pas le seul.

Louis Gille,

LE PHOQUE ET LA TORTUE

Ma première maîtresse venait de me lâcher, avec le
sans-gêne et l'empressement de ces demoiselles qui sa-
vent que l'amour a des ailes afin de s'envoler dès que
le porte-monnaie commence à se vider.

Naïf comme ne le sont plus les jeunes gens de dix-
huit ans, je restai tout abasourdi durant quarante-huit
heures.

Le troisième jour, un de mes amis, confident de mon
désespoir, essaya, mais en vain, de me procurer quel-
ques distractions.

— Tu es fou, me disait-il ; avec tes idées sombres, tu
deviendras un parfait idioi, déjà des symptômes inquié-
tants se manifestent, je t'ai surpris hier soir en train de
parcourir le Constitutionnel ; il est temps de réagir
énergiquement. Et d'abord, il faut, à tout prix, fuir la
solitude; aime quelqu'un ou quelque chose, adopte une
bête quelconque", mais ne reste pas seul.

Je suivis son conseil; j'adoptai un phoque.

L'i lée peut vous sembler bizarre, mais vous ne sauriez
croire toutes les joies que j'ai éprouvées dans la société
de cet intéressant animal. Son éducation m'a coûté bien
des peines, bien des insomnies ; il a fallu l'élever avec
des délicatesses et des précautions infinies; fajre, chaque
matin, sa toilette, le changer d'eau, peigner ses mous-
taches naissantes, lui donner des leçons de beau langage
et de chorégraphie.

Mais aussi, avec quel orgueil je le montrai à mes
voisins, sitôt qu'il put prononcer les mots : papa ! ma-
man ! !

Non, l'émotion d'un auteur dramatique à son premier
début n'a rien de comparable à la mienne.

Je ne me lassais point de contempler, de faire admi-
rer mon élève, qui continuait à donner les plus belles
espérances.

Il grandissait à vue d'ceil, en beauté comme en
sagesse.

Tout à coup, les effluves du printemps amenèrent

une perturbation singulière dans les habitudes de mon
phoque.

Il ne me souriait plus ; il me regardait même d'un
air assez bete, comme quelqu'un qui a rencontré un
article du Figaro et qui ne comprend pas.
_ Que^voulez-vous! Quelque chose lui manquait- ce
jeune être avait des velléités d'amour. Faute de mieux
pour le distraire, j'acheiai une tortue.

Au premier jour, les regards toujours langoureux de
mon fils àdoptif se promenèrent vaguement sur sa nou-
velle compagne ; il daignait à peine lui adresser la pa-
role ; rien, absolument rien," pas même le moindre
geste.

Pauvre phoque ! Je sais ce qui te manque ; ce que tu
cherches, c'est l'image du printemps. Eh bien ! sois sa-
tisfait. Autour de la cuvette où tu t'étioles sans te plain-
dre, tu vas voir tourner sans cesse un panorama ver-
doyant.

Je saisis la tortue, et j'illustrai sa carapace du plus
beau vert de mer que puisse rêver un marchand d'épi-
nards ; après quoi, je !a plaçai prés de la cuvette où rê-
vait le phoque mélancolique.

11 tressaillit, ses yeux s'éclairèrent du feu de la pas-
sion ;_vous eussiez dit Lucien dAubier étudiantlesposes
aquatiques et phosphorescentes de la Femme de feu.

Par malheur, je détournai un instant la tête ; un hor-
rible sanglot me fit tressaillir.

Horreur! mon phoque n'était plus qu'un cadavre;
l'imprudent s'était penché sur le bord de la cuvette, et
de sa langue il avait caressé la carapace de la tortue,
que j'avais illustrée d'un si beau vert de mer.

Ce baiser lui avait été fatal,; ma peinture l'avait em-
poisonné.

Et cependant, la tortue continuait de se promener
avec une indifférence superbe à travers la chambre
près du cadavre de celui que son amour avait tué.

Raoul Fauvel.

M. GRÉVY

ET LE DUC D'AUMALE

L'histoire de la semaine se résume dans ces deux
noms, bien étonnés, à coup sûr, de se rencontrer sur le
turf de la publicité.

M. Grévy, c'est l'honnête homme fier de sa roture.

Le duc d'Atlmale, c'est le fils de Louis-Philippe et
l'héritier du prince de Condé.

A tout seigneur, tout honneur.

Parlons d'abord du duc'.

Henri-Eugène-Philippe-Louis d'Orléans, duc d'Au-
male, est né en ld22.

Il a été reçu académicien en 1873.

Bien! le ■\oila.itiimortel.

Ancien élève du collège Henri IV et de M. Cuvillier-
Fleury, ce n'e^vpas l'instruction qui lui manque. Il a
même celles de l'expérience et de l'exil.

Autrefois, il n'éirfallait pas tant aux grands seigneurs
pour devenir académiciens.

C'est la plume et l'épée de la famille.

D'abord, il a remporté deux prix de rhétorique, et,
puisque la chose, est constatée partout, j'aime à croire
que ce n'est pas à l'influence de son papa qu'il les
a dus.

Dans l'armée, il a débuté comme officier au camp de
Fontainebleau, à l'âge de seize ans; aussi, en 1839,
était-il déjà capitaine au 4° de ligne. On avançait vite
dans cette famille-là.

Moi qui vous parle, j'ai cinq ans de moins que lui. Eh
bien, tel que vous me voyez, j'aurais pu être caporal au
bout de trois mois si j'avais voulu. J'ai eu l'indélicatesse
de refuser les honneurs. -

Il esl vrai que je n'étais pas le quatrième fils de Louis-
Philippe, et que je ne serais pas devenu, comme lui, of-
ficier d'ordonnance du duc d'Orléans, son frère.

Maintenant, il paraît qu'en Afrique il n'avait pas
froid aux yeux. On l'a remarqué aux combats de l'Af-
froun, au col de Mouzaïa et au bois des Oliviers, — pas
celui de Jésus-Christ.

On le.vit tour à tour chef de bataillon et lieutenant-
colonel sous les ordres de Bugeaud et de Baraguey-
d'Hilliers.

Ces diables de fièvres d'Afrique ne s'aperçurent pas
qu'il était fils de roi ; elles l'envahirent et le forcèrent de
rentrer en France, à la tête du 17" léger, auquel il donna
un banquet splendide dans le parc de Neuilly, — un
banquet auquel j'ai assisté tout gamin, sans que le noble
duc s'en soit douté.

En 1842, il devint maréchal de camp.
En cetie qualité, il retourna en-Algérie et s'empara
d'Abd-el-Kader, qui depuis fut mis en liberté par l'em-
pereur, — un ennemi intime du duc.

Du coup, il devint lie itenant général comme son papa
en 1830, — et il en fît de toutes les couleurs en Afrique.
Il remplaça même le maréchal Bugeaud comme gouver-
neur général.

Puis, 1848 arriva et l'exil avec lui.
Ce fut alors qu'il devint écrivain. Il débuta dans la
Revue des Deux-Mondes. Il y parla des zouaves et des
chasseurs à pied.

La Captivité du roi Jean, — leSiège d'Alésia, —
— la Lettre sur l'Histoire de France montrèrent ce
que valait sa plume. La dernière fut même saisie, psur-
suivie et condamnée.

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