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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0018
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LïE SjEFFLfET

Pour tout ce qui concerne l'Administration et
la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anszq, 7,
rue Rochechouart

SIFFLEMENTS

Ce n'est pas sans allégresse que j'ai lu dans la Gazette
des Tribunaux qu'une jeune fille avait été condamnée
pour avoir eu une rage immodérée de piano.

Il paraît que cette demoiselle mineure commençait ses
tapottements à six heures du matin et les terminait sans
solution de continuité à minuit, et demi.

Il est évident qu'il fallait que la justice intervînt pour
faire cesser la monomanie de cette malheureuse jeune
personne, car tous les soins, tous les traitements, toutes
les médications possibles eussent été sans effet curatif.

Si sa condamnation ne l'a pas guérie radicalement,
elle a dû, c'est certain, lui faire comprendre que la loi
ne tolère pas les fureurs musicales, et qu'une jeune fille
qui ne calme pas son ardente passion pour les arpégés,
les gammes chromatiques, les concertos et les sonates,
peut être traînée devant les tribunaux et s'entendre con-
damner, s'il n'y avait pas de circonstances atténuantes,
peut-être aux travaux forcés.

Petites enragées, méditez cela !

Tous les journaux ont dit que les comptes de la buvette
de l'Assemblée ont amené un boni de 7,900 francs.

Sans faire de politique et sans louer plus la droite que
la gauche, je puis avouer que nos honorables se sont bien
conduits devant le buffet.

Chacun sait que pour une faible cotisation mensuelle
les députés ont le droit de se rafraîchir ou de s'échauffer
à discrétion.

Eh bien ! pas un n'a abusé de ctt avantage.

Nous savons maintenant, puisque les résulats sont là,
que tous mettaient de l'eau dans leur vin, que malgré
les séances orageuses qui ont eu lieu pendant la dernière
session, personne ne s'échauffait outre mesure.

Oui Messieurs, vous avez été sages, très sages.

Si je ne craignais pas de me lancer dans la politique,
je vous ferais bien d'autres compliments.

Mais je réfléchis!... Vous n'avez été que logiques,
puisque c'est vous qui avez fait la loi contre l'ivresse.

S'il y avait eu du débet à la buvette, cela aurait été
du joli !

Je ne puis oublier cette semaine de parler de la femme
arabe qui a mis au monde quatre enfants le même jour.

L'épouse du grenadier à laquelle la reine d'Angleterre
a fait remettre 75 francs de récompense n'avait donné le
jour qu'à trois enfants ; c'était déjà respectable et cela
valait bien les 75 francs de la souveraine ; mais quatre
d'un coup, c'est bien plus fort.

Oh! j'en connais un qui a dû se dire en lisant ce phéno-
mène de fécondité :

« Pourquoi cette Africaine fait-elle quatre enfants
« qui ne peuvent que lui être désagréables lorsqu'il est
« impossible à ma femme de me donner un seul héritier
« pour transformer ma position.

« Ah! le ciel est bien cruel pour moi, je l'implore et le
« fais implorer cependant par tous mes amis, mais hélas!
« rien n'y fait.

« Ah! si j'avais épousé cette Africaine 1

Michel Anezo.

BUFFET

Il est un peu tard pour se mettre dans ses meubles ;
aussi l'Assemblée a commencé par le plus pressé, espé-
rant que tout le monde s'empresserait d'aller au buffet.

Dans les chemins de fer, je préfère la buvette, c'est
moins cher.

Aussi, n'est-ce pas aussi distingué.

Le nouveau président de l'Assemblée ne s'appelle pas
seulement Buffet ; il s'appelle aussi Louis-Joseph.

C'est un homme de cinquante-cinq ans, c'est-à-dire
un des moins vieux de la droite. Il est né en 1818, le
26 octobre.

Au physique, il ne déplairait pas s'il n'avait dans la
physionomie comme une affectation d'ironie qui n'accuse
pas la force, mais, tout au contraire, comme l'éternel
sourire du duc de Grammont, la faiblesse.

M. Buffet ne va pas jusqu'à l'éternel sourire, mais peu
s'en faut.

Aussi, ne sait-on rien de sa jeunesse, qui passa com-
plètement nulle, complètement inaperçue, quoique
dorée.

Il ne commença à montrer le bout de l'oreille qu'en
1848, où le département des Vosges lui donna 73,761
voix pour l'envoyer à la Constituante.

S'il savait alors ce qu'il voulait, je veux bien être
pendu.

Il ne le sut qu'après le 10 Décembre.
Si Cavaignac avait triomphé, dame !... Vous compre-
nez, c'est lui qui aurait été le soleil levant ; les preuves
n'en manquent pas.

M. Buffet fut l'un des premiers ministres de Napolé g
pas encore III. Pourtant, au bout d'un an, il quitta le
ministère en même temps qu'Odilon-Barrot.

Il fit partie ensuite de l'Assemblée législative et y con-
tribua pour sa part, sa grande part, sa très grande part,
à la confection de la loi électorale du 31 mai.

Quand le général Changarnier fut dégommé, en 1852,
M. Buffet se hâta de rentrer au ministère avec Léon
Faucher, mais, voilà!...

On voulut toucher à sa loi du 31 mai, et il se retira la
même année, — avec tous ses collègues.

Après le coup d'Etat, il bouda jusqu'en 1864, où il se
fit réélire le 17 janvier.

Ça commence à se rapprocher. Donc, pas de commen-
taires : des-faits.

Il était ministre des Finances dans le fameux cabinet
du 2 janvier 1870, avec Emile Ollivier.

Quand il s'agit du plébiscite, il se retira une troisième
fois du ministère avec M. Daru, son collègue.

Ce sont encore les Vosges qui l'ont envoyé à l'Assem-
blée actuelle, le 8 février 1871.

M. Thiers voulut lui confier un portefeuille. Il re-
fusa.

Impossible d'aller plus loin sans se fourvoyer.

Nous voici dans la semaine de Pâques ; l'Assemblée
est en vacances, — mais la commission de permanence
reste, —• et M. Buffet en est le président.

S'il s'apercevait que je parle politique... brrrou !!!...

Or, comme il n'est pas littérateur ;

Ni orateur ;

Ni dramaturge ;

Ni avocat ;

Ni musicien ;

Ni peintre ;

Ni négociant ;

Ni artisan ;

Ni turfiste ;

Ni banquier ;

Ni... etc. ; j'ai bien peur qu'il ne soit qu'un homme
politique ; et comme sa vie n'a rien d'accidenté, je ne
puis guère en faire un roman.

C'est encore un de ces hommes dont il faudra reparler
dans vingt ans.

Ce ne sera pas amusant.

Le Guillois.

L'ART DE VIVRE A L'OEIL

On s'imagine en général que la vie coûte cher à Pa-
ris; on a tort. Rien n'est plus facile que de s'y procurer
divers moyens d'existence aussi infaillibles qu'ingé-
nieux.

Pour vous en convaincre, suivez exactement mon petit
programme.

Vous venez de débarquer dans l'ex-capitale de la
civilisation. Vos bagages, votre femme et votre porte-
monnaie ont été broyés dans le trajet.

Vous voilà, c'est déjà quelque chose ; mais il ne vous
reste plus un centime.

Bah ! avec un peu d'intelligence et beaucoup d'aplomb,
on a vite suppléé au défaut d'argent ; il ne s'agit que de
savoir mettre en pratique mes préceptes :

1° Déjeuner.

De l'air du temps ; c'est très sain, quand il fait beau.

Si cette nourriture paraissait insuffisante, aller visi-
ter l'atelier de M. Puvis de Ghabanne ; comme les croû-
tes n'y manquent pas, on est vite rassasié.

2" Plaisirs gratuits.

Visiter la Morgue et retenir plusieurs dalles pour ses
créanciers.

Se faire arracher une dent, n'importe laquelle, de pré-
férence celle de sagesse.

Contempler le nez d'Hyacinthe et l'écumoire de L.
Veuillot.

3° Rafraîchissements.

Déguster le vin de l'Entrepôt, sous le fallacieux pré-
texte que l'on veut monter sa cave.

Piquer une tête dans le bassin du Palais-Royal.

Embrasser les jolies femmes que l'on a la veine de ren-
contrer ; il n'y a rien de tel pour se rafraîchir les idées.

4° Argent de poche.

Pour s'en procurer, l'emprunter dans celle du voisin.
Si l'on est surpris en flagrant délit, prétendre que l'on
croyait prendre son mouchoir.

5° Blanchissage.

Se jeter au milieu d'une querelle de ménage et laver
son linge sale... dans la famille des autres.

6° Tabac.

Aviser le premier passant qui fume un londrès, et le
lui cueillir entre les lèvres, en lui disant:

Vous savez qien que votre femme vous défend de fu-
mer. Il se fâche, vous jette au visage la carte de son
chapelier; vous ripostez par celle de votre cordonnier.
Vous avez une affaire sur les bras, mais un excellent ci-
gare à la bouche.

7° Habillement.
Choisir un de ses amis les mieux vêtus fin ; ,
prendre un bain de Seine, et dès qu'il l'es" mil a f'61" à
s emparer rapidement de ses habita, en lui criant : !„*£

8° Café.
Entrer dans un tripot distingué, jouer gros i™ f ■
sauter la coupe, et si l'on vous traite degVec rér^T6
qu'on est Auvergnat. ë ' rôP°nare

9° Biner.

Séjourner pendant quelque temps aux halles, devant

3 arlequins, et humer l'odeur exquise qui s'en exhale.

1° Coucher.

Se présenter chez un fabricant de sommiers élasti-
ques, marchander un lit complet, demander à l'essavw
pour une nuit. ' '

Se retirer, après avoir fait le tour du cadran en di
santau marchand : Décidément, mon vieux, votre lit
ne fait pas mon affaire ; il y a des punaises ! ! !

les

COUPS DE SIFFLET

Aujourd'hui, on ne dit plus : changer d'opinion, on
dit changer de linge.

Il y a longtemps que les hommes changent d'opinion
comme de chemise.

A la foire aux jambons, un bourgeois qui ne s'en
doutait guère, achète chez un marchand de trichine un
jambon de Mayence.

En arrivant, il jette son jambon sur une table de la
cuisine et n'y pense plus.

Mais son chien y pensait, lui !

Pendant la nuit, l'infortuné caniche dévora la moitié
du jambon...

Le lendemain... il parlait allemand!

Pauvre caniche !

Il y a une énorme différence entre un bavard et un
morceau de cire à cacheter.

— Laquelle ?

— Cire héroïque ! Elle se laisse brûler pour garder
un secret !

On doit dans un repas compter les bouteilles à la
paire.

Avril est le dernier des mois en R.

Huîtres, adieu ! Non pas toutes... celles qu'on
mange.

Hâtez-vous, gourmets, pendant que la splendide
madame Lemoine en ouvre encore.

En mai, elle fermera ses coquilles, — elle et toutes les
autres écaillères.

Juste au moment où les huîtres diminuaient de prix !

Sais-tu, disait Lassouche à Hyacinthe, quand les
dents me font le plus souffrir?

— C'est quand tu as le sang à la tête.

— Non.

— Quand il fait froid.

— Non.

— Alors quand est-ce que les dents te font le plus
souffrir ?

— C'est quand un chien me mord.

On disait à Calino :

— C'est étonnant comme vous ressemblez à votre
frère.

— Oh ! reprit l'idiot, mon frère me ressemble bien
davantage.

Un profond penseur disait :

Il n'y a pas une si grande différence entre donner, et
recevoir.
La preuve, quand on donne une soirée on reçoit.

A la police correctionnelle : ,

— Avez-vous été déjà condamnée ? demande le pré-
sident à une jeune fille d'une quizaine d'années.

— Non, monsieur, dit naïvement la petite, pas en-

M. Billion voyant qu'on annonçait partout des con-
certs spirituels pour le vendredi saint a dit à son associé,
M. Moreau-Sainti, si nous montions, nous aussi, une
pièce spirituelle à l'Ambigu.

Oh ! par exemple, on rirait de nous, répondit 1 ancien
directeur des Folies-Dramatiques.

A nos lecteurs :

Quand le bouc est-il bon ?

— Quand le bouc est de fleurs.
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