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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0102
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LB SIFFLET

Pour tiut ce qui concerne l'Administration et
la Rédaction K s'adresser à M. Michel Anézo, 10,
rue Joquelei, iorè$ la Bourse.

SIFFLEMENTS

Vanité des valûtes! tout n'est que vanité! a dit le
sage Salomo», père du moi-monisme et mari de huit cents
femmes.

Heureux homme qui, avant M. Ernest Feydeau, avait
trouvé le secret du bonheur !

Faire vivre huit cents femmes en bonne intelligence et
se permet! re( de temps à autre, quelques petites frasques
en compagnie de la reine de Saba et autres cascadeuses
de même nuance, c'est là un joli tour de force qui doit
souvent donner à réfléchir à.tous les maris !

Quel homme, et qui laisse bien loin derrière lui tous
les préfets de l'empire, au point de vue de l'activité dé-
vorant ; !

Dans notre siècle dégénéré, un individu d'une consti-
tution ordinaire, possesseur d'un harem aussi bien as-
sorti, trouverait difficilement le temps de léguer aux po-
pulations à venir ses pensées et ses réflexions sous le titre
de :

500 calembours pour un sou.

Cet auguste ancêtre de Brasseur, dans Tricoche et
Cacolet, mettant k profit sa connaissance du cœur hu-
main, dont il avait sous la main huit cents exemplaires,
nous a laissé un petit volume de proverbes et comédies
très est:mé encore aujourd'hui.

Et malgré cela, la voix éplorée d'une épouse délaissée
n'est point venue jusqu'à nous, sur l'aile du temps, at-
tester qu'il eût oublié un instant l'amour pour la littéra-
ture. .

Tu fus heureux, trots fois heureux, huit eents.fois
heureux, ô roi des Juifs! toi dont le nom a traversé les
âges, Objet d'envie pour les poètes et les amoureux.

Fi de nous, dont la prose, h peine éclose, va chez l'é-
picier du coin, servir de cornet pour des bonbons ou de
la moutarde, et qui n'avons qu'une seule femme maigre !

Qu'une îemme ! et nous en sommes fiers !

Comme ta maxime, ô Salornon ! servirait bien d'épi-
graphe au tableau de M. Glaize, représentant la comédie
humaine !

Vanité des vanités !

Le bossu est fier de sa bosse ; il 3' a des gens qui sont
fiers d'être bonapartistes.

Quel est l'homme qui n'a pas dit : « Si je n'étais Dio-
gène, je voudrais être Alexandre ! »

Vanité, ver rongeur caché dans la pomme que croquè-
rent Adam et Eve sous une tonnelle du paradis terrestre,
germe fatal transmis à leurs descendants !

Cette insupportable vanité qui fait le fond de notre ca-
ractère, cette vanité qui pousse Jules Favre à ces inter-
ruptions malheureuses qui écartent pour un instant le
linceul de l'oubli qui l'enserre, cette vanité qui pousse
M. îrochu à s'enterrer sons des flots d'encre, gouffre
amer dans lequel il se débat, est quelquefois, souvent
même, doublée chez certains hommes d'une bonne dose
de bêtise. Défaut irrémédiable, M. Prudhommeî

Vous savez que, paraphrasant une des plus jolies fables
de La Fontaine, quelques droitiers enragés voulaient atta-
cher un grelot "au cou du chat, dans lequel ils voient une
incarnation du lion dé l'Ecriture.

Comme dans la fable, le complot a avorté. Le chat
malin comme un singe, a eu le bon goût de ne pas se
glorifier de cette déconvenue. -— Cette modération n'a
pas suffi à désarmer ses adversaires.

Les journaux qui les protègent ou qui les poussent ne
■visent à rien moins qu'à donner le change sur leurs in-
tentions, —+ Quelques-uns vont jusqu'à glorifier cet acte
de civisme et de prudence.

Civisme et prudence ! Dites donc : Ambition et Jalou-
sie ! Dites donc : Vanité et Bêtise'.

Un sculpteur connu vient, dit-on, de terminer une
statue équestre de Napoléon III.

C'e4 le moment ou jamais de demander si elle repré-
senta "Napoléon III à cheval.

A cheval! achevai!! cela vous fait infailliblement
penser à un figurant du cirque jouant les Bonaparte.

Comme il y a des choses qu'on oublie vite ! 1

Je ne puis me figurer que j'aie jamais eu l'inappré-
ciable bonheur de voir ce fantôme chevauchant aux
Champs-Elysées !

Je ne puis, en pensant à lui, que me le rappeler, fu-
mant une cigarette, dans une voiture à la Daumont, au
milieu de morts et de blessés.

Et pourtant il aura sa statue ; et Rouher lui enverra
l'obole de la veuve ; et Gavardie, le denier de l'orphelin.

Une statue ! C'est une statue en cire qu'il lui faut,
avec les honneurs du premier plan au musée Tussaud.

Un Meule.

L'IMPOT SUR LE CHIFFRE DES AFFAIRES

Depuis leur nouvelle installation, 10, rue joquelet, les
bureaux du Sifflet sont encombrés tous les jours par une
affluence considérable de visiteurs.

Les uns viennent par curiosité, pour voir comment
nous sommes logés et connaître le luxe de notre ameu-
blement ; les autres, pour avoir le plaisir de causer avec
les spirituels rédacieurs du journal, surtout avec notre
cher marquis Le Guillois, dont le langage est si fleuri ;
il y en a qui montent à notre entresol pour découvrir
notre opinion politique, c'est-â=dire pour savoir si ttms
sommes pour la fusion, la confusion ou la diffusion.

Ceux-là, nous les envoyons chez le coiffeur notie voi-
sin, qui leur passe instantanément son blaireau sous le
menton, en leur racontant le Tremblement de terre de
Mendoce.

A part ces derniers, toutes les personnes qui veulent
bien honorer nos bureaux de leur présence, même MM.
Beauvalel père et fils, sont reçues par nous avec la plus
grande courtoisie

— Tout cela n'a aucun rapport avec l'impôt sur \e
chiffre des affaires, allez-vous me dire.

— Evidemment !

Mais j'entre dans mon sujet :

Le nouvel impôt, que je ne veux pas me permettre de
discuter, est pour moi personnellement une cause de dis-
traction continuelle.

Ce projet en discussion me fait recevoir tous les jours
de bien amusantes visites.

— Monsieur, me disait hier une délicieuse petite dame
que je croyais être une femme du monde, vous voudrez
bien excuser mon indiscrélion.

— Au contraire, madame, fis-je galamment, Je suis
trop heureux de recevoir votre gracieuse visite.

— Vous êtes aimable.

— Avec une personne aussi charmante que vous, on
peut l'eue.

— As-tu fini !

— Oh! oh!

— Voici ce qui m'amène ici : on m'a dit qu'on allait
mettre un impôt sur le chiffre des affaires.

— Oui, il en est question.

— Alors il faudra que je paie aussi !
—^ Si vous en faites, c'est certain.

— Certainement que j'en fais, et beaucoup.

— Eh bien ! vous devrez tenir une 'comptabilité en
règle.

— Avec un teneur de livres ?

— Sans doute... qui ouvrira un compte h tous vos
clients. a

— Avec leurs noms?

— Parbleu !

— Ça sera gênant, cela, et j'en connais beaucoup qui
ne seront pas contents.

— Eh bien ! et les autres ? fait une grosse mère qui a
entendu la conversation à la porte du bureau.

■— Que voulez-vous? dis-je avec surprise à cette im-
portune qui venait déranger mon entretien avec la petite
dame.

-—Excusez-moi, monsieur le rédacteur, si je viens
vous ennuyer. Je voudrais savoir si c'est vrai qu'il fau-
dra que je paie aussi un impôt sur.mon chiffre d'affaires?

—- Quel est votre métier '!

— Je tiens un petit établissement... dans un passage,
vous senttz la chose?

— Merci bien... vous paierez, naturellement, comme
tous les autres.

— Ce n'est pas juste.

— Pourquoi cela ?

—- Parce que je travaille du soir au matin pour l'éva-
cuation, sentez-vous la chose?

— Je n'y liens pas

— C'est-y vi ai ! voyons, c'ost-y vrai ?

— Parbleu [

— C'est indigne ; dans ma profession, on ne devrait
pas payer d'impôts.

— Ni dans la mienne, fait un pelit bonhomme en pas-
sant sa tète à travers la croisée du bureau.

Je suis marchand de sangsues en gros, et les mar-
chands do sangsues en gros ne devraient pas paier l'im-
pôt sur le chiffre de leurs affaires.

— La raison, monsieur?

•— Parce qu'un marchand de sangsues en gros est un
homme qui rend des services à l'humanité par sa pro-

fession, car s'il n'y avait pas de marchands de satl
en gros il n y aurait pas de sangsues et WFR- gm

pas de sangsues..... ' 8Ilny avait

— Il nV aurait pas de marchands de ««Jj,;
gros, et, bonsoir là compagnie. . . J9 lévelaséance ^

Michel ànf.zo

PAUL DE CASSAGNAC

J'ai ouvert le dictionnaire de Bescherelle et j'y ai cher
ché le mot spadassin.

La définition est courte. La voici telle que je l'ai trou-
vée dans 1 édition de 1860 :

« Spadassin, ferrailleur, bratteur, qui aime à se bal.
Les gens braves mépri-

« tre, qui cherche à se battre
« sent les spadassins. »

C'est bien cela, pensai-je après avoir lu. Il n'est per-
sonne qui, à ce portrait impartial, ne reconnaisse Paul
de Cassagnac.

Quant au corollaire qui l'accompagne,"il est de plus
en plus mérité.

Sa plume, qu'il trempe dans du vitriol, ne lui suffit
pas, parce qu'ïï ne travaille pa.s que pour lui...

Il a des commandes !

On affirme que la chose se passait ainsi en Italie il y
a.,, quelques siècles,

On y rencontrait force gens qui se promenaient crâne,
ment, l'épée au côté, la moustache retroussée, et qui
vous abordaient ainsi :

— Avf z-vous besoin que je vous débarrasse de quel-

qu un

Absolument comme, chez nous, on crie par les rues :

— Avez-vous des verres cassés ?

Evidemment, Paul de Cassagnac a pris pour modèles
les gaillards dont nous parlons.

Comme eux, il met un prix à ses... services.

Le 15 août 1868 en est la preuve. Ce jour-là, seul
parmi tous lés journalistes, il fut décoré.

C'était le mettre hors concours pour toutes les autres
faveurs.

Quant aux journalistes qui ne furent pas décorés en
même temps que lui, nous ne pouvons que les en féli-
citer.

A cette époque-la, d'ailleurs, il avait déjà fait ses
preuves.

Aurélien Scholl lui avait passé par les mains s m Ro-
Êhefort y avait passé ; — Li-rmina y avait passé ; — il
avait craché à la figura de Vermorel ; — il avait livré à
Flourens un combat de vingt-cinq minutes, le plus
acharné, dit-on, des temps modernes.

Tout cela, bien entendu, sans parler du fretin ; —
tout cpla sans parler du refus éclatant qu'il fit courageu-
sement de se battre avec Lullier.

Tout cela sans préjudice de ce qu'il a fait ou fera de-
puis.

Il y a quelques jours, c'était le tour de Lockroy. Il la
blessé d'abord de son arme, ensuite d'un long discours,
non moins utile que le duel.

À qui le tour, messeigneurs ?

Son éducation a été soignée. Sans être de première
force, il connaît toutes les armes et n'a cessé de s'y exer-
cer depuis sa naissance.

Sic Mur ad astra.

Autrefois, on y montait avec une corde, après de sem-
blables exploits.

Paul de Cassagnac n'a jamais eu la maladresse de si-
gner comme son père : Granier de Cassagnac. La sup-
pression de Granier lui a semblé euphonique, en dépit «
poète qui a dit :

Dans un Granior qu'on est bien à vingt ans !

lia, comme bien d'autres, débuté dans la presse lé-,
gère. ■

Au Biogène, il avait pour collaborateurs Jules Clar -
tie et Paul Saunière. Ils ont bifurqué.

Aussi, à peine décoré, il est devenu membre du con-
seil général du Gers, candidat tout ce qu'il y a de p «
officiel, ,. je

A peine décoré, inspiré d'en haut, il a écrit un aru ^
si violent contre le prince Napoléon, qu'on a été obhg
le désavouer en plein Journal officiel.

En revanche, quelques mois auparavant, " f -
quait avec la même violence les détenus de frai ^
Pélagie, obligés d'attendre leur élargissement pour
répondre.

C'est une bien noble tête de jeune homme ! ^

Aujourd'hui, il est plus amusant. Il a inventé le





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