LE SIFFLET
I——— i mu ni miiii
Si, au lieu d’être né à Paris, j’étais né à Etoutteville-
en-Caux (Seine-Inférieure), comme notre réjoui tribun
ministériel, j’aimerais aussi à m’en payer une tranche.
En l’an de. grâce 1820, la Normandie était heureuse:
elle accouchait d’un homme de finances ! Et en Norman-
die, la finance avant tout, sinon... le procès.
Au fond, ce gros bonhomme qui vient de faire tant de
peine aux raffineurs et autres marchands de sucre, — en
en cassant beaucoup sur leur dos, — est encore plus ma-
nufacturier qu’ex-ministre.
Il était maire de Fleury-sur-Àndelle (un joli titre de
vaudeville), quand il devint successivement membre du
Conseil général, membre de la Chambre de commerce
de Rouen, administrateur de la Banque de France (suc-
cursale de Rouen), et président du Comité de secours
pour les ouvriers cotonniers.
I], en fit une maladie si grave qu’on l’enyoya au Corps
législatif en 1857, pour se soigner.
Inutile de dire qu’il était candidat du gouverne-
ment.
Dans ce temps-là, c’était l’Évangile.
Les Normands, du reste, ont toujours été fiers de le
compter pour un des leurs. Ils n’ont jamais été mieux
représentés, — ceci soit dit à la louange des uns et de
Fautre...
Et ne croyez pas que je fasse la moindre allusion à la
théorie des virements !
Non, je parle des efforts inutiles qu’il a tentés contre
le libre-échange, efforts patriotiques s’il en fut, puis-
que c’était notre ruine au profit de l’Angleterre.
Çet intelligent manufacturier n’a jamais pu souffrir
les privilèges des grandes compagnies de finances et de
chemins de fer. Il a entrepris une croisade contre elles,—
et cela seul doit nous le faire estimer.
Au fond, si ses idées prévalaient, — je ne parle pas
de la théorie des virements, — nous nous en trouverions
bien.
C’est aujourd’hui, cyprès M. Magne (tant pis!), notre
seul homme compétent en matière de finances!
Nous n’avons pas plus le droit de faire de l’économie
politique que de parler politique, sans cela, je vous parle-
rais de ses luttes contre les Pereire et le Crédit foncier.
Mais à quoi bon? C’était surtout en 1869, tout le monde
s’en souvient.
Il alla si loin que le gouvernement le lâcha. Il ne fut
plus candidat ministériel. Ce fut sa mort comme député,
jusqu’en 1871.
Son fidèle département lui donna 75,933 voix le 8 fé-
vrier, — et le 25 il acceptait le portefeuille des finances,
refusé, et pour cause, par M, Buffet.
Il se trouva forcé d’aller en Allemagne pour faciliter
le traité fatal qui nous a délivrés des Prussiens ; et, par
un bonheur singulier, il fut on ne peut mieux godé par
l’empereur d’Allemagne, à qui seul il put tenir tête...
Grâce à cette circonstance, les conditions furent moins
rigoureuses, dit-on... Qu’auraient-elles donc été, mon
Dieu!
Dès lors, son rôle s’accentue.
Il fait un premier emprunt de deux milliards... cinq
cents millions.
C’était peu. On lui en offrit HUIT.
Alors, il devint fabricant d’impôts. Nous lui devons
celui du tabac et des allumettes, sans compter le sucre, les
postes, le papier timbré, l’enregistrement, les alcools, les
cartes, le thé, le café, etc., etc., etc., etc., etc.Je
n’en finirais pas si j’énumérais tous ses titres à notre
profonde reconnaissance.
Un peu plus tard eut lieu le procès de M. Janvier de
La Motte, — un bien excellent préfet de l’empire, — et
M. Pouyer-Quertier, cité comme témoin, émit des théo-
ries, tellement normandes, qu’il fut obligé de donner sa
démission de Ministre des Finances.
C’est la faute du sol natal... S’il avait été Parisien, il
serait encore ministre.
Bah! à 54 ans on est encore rougeaud et impétueux,
mais on ne se refait pas.
Au fond, c’est un député de la droite. Tirez-en la
conclusion que vous voudrez... Et s’il n’avait pas fait de
tapage avec la question des sucres, il y a longtemps
qu’on n’en parlerait plus.
Le Guillois.
COUPS DE SIFFLET
La représentation, — pardon ! les représentations of-
fertes à la presse ont du bon.
Il est utile d’étudier avant le public les nouveautés
qu’on lui offre.
La première a été celle du nouvel orchestre de dames,
au Casino.
En voici l’impression î
Mouvementé, pas guindé comme Fautre, — et char-
mant sous tous les rapports.
La cheffe d’orchestre se trémousse en jouant du vio-
lon de manière à indiquer de tout son corps les varia-
tions de la mesure.
Tant pis pour l’autre, celui-ci vaut mieux.
La jeune personne qui joue de la grosse caisse rit tout
le temps.
On a bissé un nouvel instrument, la cithare, et c’était
justice.
Il paraît qu’à Vienne toutes les dames en pincent. Ici,
c’était à peu près inconnu.
La jeune fille au tambourin est ravissante. Elle a des
cheveux à damner Siraudin, — qui était là et l’applau-
dissait.
La seconde est celle de la Scala.
Joli théâtre ! Mais est-il vrai que Vergeron n’y fera
jouer et chanter que ses œuvres ?
Ce sont les méchantes langues qui disent cela, à cause
de l’Alcazar d’été...
Mais vous verrez que c’est absolument faux.
Ce serait dommage d’ailleurs, car beaucoup de nos
confrères aimeront à continuer le succès qui a si bien
inauguré la première soirée.
Il y a surtout trois femmes qui ont fait grand plaisir.
L’une s’appelle Marie Bosc, c’est tout dire.
Arnaud a obtenu ses bravos accoutumés...
Un autre chanteur, dont nous regrettons de ne pas sa-
voir le nom est ébouriffant d’originalité.
Et un troisième amusant au possible, avec ses bonnets
de coton et autres.
Eldorado, méfiez-vous !
A cause de sa brillante orchestration, on appelle le
nouvel orchestre de Dames :
Orchestre de Jérusalem...
Pour les gommeux : Orchestre à S ion.
A une dame suspecte :
— N’ayez pas de ces mots dans la bouche !
Pour les gommeuses et autres parfumeuses ! maux.
Un riche bourgeois donne des soirées.
Il va jusqu'à se pajœr des pianistes en renom.
Mais il ne les juge que sur leur vigueur. Quand ils
ne sont pas en nage, il n’est pas content.
Il a inventé un sudomètre pour les juger.
En voyant un petit crevé prêt à rendre au diable sa
vilaine âme :
— Il est croque-mort moins un quart !
Quand on expédie un journal en province, on l’affran-
chit, naturellement.
Mangin, le professeur de billard, dit alors du
timbre :
— Il est collé sous bande !
On a fait la statistique des reines de lqvoir, cette
apnée.
Sur vingt-cinq, il y en a en ce moment vingt-quatre
sur le flanc. Toutes ont pincé une vraie fluxion de poi-
trine...
Amusez-vous donc !
Le lendemain de la messe du mariage :
— Tu auras beau dire et beau faire, je veux être habil-
lée en cocotte, là. Toutes ces dames le sont. Il n’y a que
moi qui ai l’air d’une femme honnête, et je ne veux pas
être ridicule.
Le général*** passait une inspection dans une caserne;
arrivé aux cuisines, il fit venir le brigadier de semaine
et lui demanda :
— Est-on content du pain, brigadier?
— Oui, mon général, assez satisfait, pour quant à la
couleur, si ce n’est qu’il vous empâte un tant soit peu la
gueule.
— La gueule ! la gueule ! est-ce qu’on dit la gueule?
— Oh ! faites excuse, mon général, je ne parle pas de
la vôtre, mais de la mienne.
Un homme de lettres qui n’a jamais rien pu faire, voit
passer l’autre jour M. de Lesseps.
— Il est heureux, lui ! murmura-t-il. il a
percé>
Plon-plon a beaucoup fait parler de lui ces jours-ci.
Le brave homme ! On sait qu’à la guerre de Crimée il
eut souvent le corps... dérangé et qu’il revint à Paris
subitement.
Son cousin, furieux, ne voulait plus le voir :
— Sire, lui dit-on, pardonnez-lui, car il a plus fait
devant Sébastopol que s’il avait vaincu.
Mademoiselle X...., des Folies-Dramatiques, possède
une maman assez pincée, que les autres pensionnaires du
théâtre appellent la Mère Caspienne.
— Pourquoi lui donner ce nom? demandait Vavas-
seur.
— C’est, répondit Muller, parce qu’elle ne commu-
nique avec aucune autre autre mère.
Il signor don Spanvento de la Liberté est un vrai
polisson... Ce n’est pas moi qui aurais osé faire passer
le mot suivant que je trouve dans le journal de M. Dé-
troyat à la date du 15 mars :
« On parlait devant madame de G... des maris qui
donnent quotidiennement des coups de canif dans le
contrat.
— Oh! moi, je n’ai rien à craindre, s’écrie madame
de G...
8
Et, comme on ne s’expliquait pas cette indifférence,
madame de G... ajoute avec un gros soupir : le canif de
mon mari est ferme depuis longtemps ! ! ! »
Est-ce assez pimenté?
Saviez-vous qu’il existait des pédicures militaires?
— Un américain réclame à son gouvernement la
somme de 230,000 fr. pour services pendant la dernière
guerre. Ce sont les chefs de cors de l’armée ?
Un monsieur agaçant, c’est ce Jules Klein, vous
savez, le célèbre auteur des valses : Cuirs de Russie
Fraises au champagne !!! Ce compositeur est le gêneur
des bureaux de rédaction pour faire inscrire ses récla-
mes irritantes. Il adresse des montagnes de copies de
toutes les parties du monde... lia des correspondants
dans le Kamchatka et le Groenland !...
Le truc est excellent pour se faire une célébrité !
Les fenêtres de Calino donnent sur la cour des petits
du collège Sainte-Barbe.
Hier il disait :
— C’est drôle, voilà cinq ans que je suis ici et ils sont
toujours de la même taille; de mon temps on grandissait
plus vite.
Mademoiselle X., actrice du théâtre des Variétés, re-
çoit.. . les soins empressés d’un haut personnage.
— Où habite-t-elle? demandait quelqu’un.
— Passage des Princes.
— Pourquoi pas du Prince ?
— Oh ! c’est une femme qui demeure toujours au plu-
riel.
J’ai vu entrer dans le palais de l’industrie quelques
tableaux destinés au salon de cette année.
Si le jury de l’exposition de peinture les accepte, les
épinards ne manqueront pas au printemps !
La vieille Cora Cruch ou Pearl est relevée de l’inter-
diction qui lui avait été faite d’habiter Paris.
Nous l’avons aperçue l’autre jour au bois, dans son
huit-ressorts ; elle nous a fait l’effet des ruines de Pier-
re fonds.
LE PÈRE SIFFLEUR.
FARCEUR, VA!
Jamais le vieux mot d’Horace : « Audaces fortuna
juvat ! » ne fut si vrai qu’aujourd’hui en politique.
Certains journalistes en sont arrivés, sous ce rapport,
à ne douter de rien.
Ont-ils adopté dès le collège, comme principe de leurs
actions la pensée d'Horace ?
Ou bien n’ont-ils pas plutôt une haute idée de la bê-
tise de leurs contemporains ?
Je l’ignore complètement.
Toujours est-il qu’ils n’hésitent jamais à lâcher toutes
les énormités qui peuvent servir leurs calculs et leurs
intérêts.
La chose en est au point qu’il ne faut pas désespérer
de voir bientôt baisser la Bourse sur la simple alléga-
tion d’un nouvelliste quelconque, annonçant le prochain
avènement au trône de France d’un mandarin chi-
nois.
Quelqu’un qui m’a tout l’air de connaître parfaite-
ment cette inclination du public à gober tout ce qu’on
veut bien lui administrer, c’est M. de Fonbrune.
M. Henri de Fonbrune était cette semaine à Londres,
d’où il écrivait au Pays les nouvelles de Chislehurst.
Vous n’avez peut-être pas eu l’avantage de lire quel-
que fois M. Henri de Fonbrune?
Je le regrette pour votre famille.
Cet ingénieux écrivain a, par moments, de ces délica-
tesses de pensée et de ces chatouillements de style qui
sont bien faits pour prédisposer un mortel ordinaire à
l’adoucissement des mœurs.
C’est dans ce goût-là qu’a été écrite une de ses der-
nières lettres.
Nous nous étions tous figuré plus ou moins que ce
n’était nullement pour des prunes que MM. les bonapar-
tistes passaient le détroit, et que le voyage d'Angleterre
n’était pas précisément ce que l’on appelle un voyage
d’agrément.
Nous avions même eu la simplicité de croire que la
politique n’était pas complètement étrangère aux récep-
tions de son Altesse.
Bien des gens étaient du même avis que nous ; et, de-
puis quelques jours, on ne parlait guère des bonapartistes
sans souligner, avec intention, le fameux chœur :
« Quan. ..and on cons...pi...ire... »
Eh bien, je vous assure, ou plutôt M. Henri de Fon-
brune vous assure que nous avions, vous et moi, absolu-
ment tort.
Très jolie, sa façon à lui d’interpréter la manifestation
du 16 mars.
— « Oh! si vous saviez, écrit-il, comme la politique
est totalement étrangère à cet élan tout affectueux,
tout de sentiment ! M. de Broglie, en y assistant, eût
regretté sa circulaire. »
Voyez-vous ça ?
I——— i mu ni miiii
Si, au lieu d’être né à Paris, j’étais né à Etoutteville-
en-Caux (Seine-Inférieure), comme notre réjoui tribun
ministériel, j’aimerais aussi à m’en payer une tranche.
En l’an de. grâce 1820, la Normandie était heureuse:
elle accouchait d’un homme de finances ! Et en Norman-
die, la finance avant tout, sinon... le procès.
Au fond, ce gros bonhomme qui vient de faire tant de
peine aux raffineurs et autres marchands de sucre, — en
en cassant beaucoup sur leur dos, — est encore plus ma-
nufacturier qu’ex-ministre.
Il était maire de Fleury-sur-Àndelle (un joli titre de
vaudeville), quand il devint successivement membre du
Conseil général, membre de la Chambre de commerce
de Rouen, administrateur de la Banque de France (suc-
cursale de Rouen), et président du Comité de secours
pour les ouvriers cotonniers.
I], en fit une maladie si grave qu’on l’enyoya au Corps
législatif en 1857, pour se soigner.
Inutile de dire qu’il était candidat du gouverne-
ment.
Dans ce temps-là, c’était l’Évangile.
Les Normands, du reste, ont toujours été fiers de le
compter pour un des leurs. Ils n’ont jamais été mieux
représentés, — ceci soit dit à la louange des uns et de
Fautre...
Et ne croyez pas que je fasse la moindre allusion à la
théorie des virements !
Non, je parle des efforts inutiles qu’il a tentés contre
le libre-échange, efforts patriotiques s’il en fut, puis-
que c’était notre ruine au profit de l’Angleterre.
Çet intelligent manufacturier n’a jamais pu souffrir
les privilèges des grandes compagnies de finances et de
chemins de fer. Il a entrepris une croisade contre elles,—
et cela seul doit nous le faire estimer.
Au fond, si ses idées prévalaient, — je ne parle pas
de la théorie des virements, — nous nous en trouverions
bien.
C’est aujourd’hui, cyprès M. Magne (tant pis!), notre
seul homme compétent en matière de finances!
Nous n’avons pas plus le droit de faire de l’économie
politique que de parler politique, sans cela, je vous parle-
rais de ses luttes contre les Pereire et le Crédit foncier.
Mais à quoi bon? C’était surtout en 1869, tout le monde
s’en souvient.
Il alla si loin que le gouvernement le lâcha. Il ne fut
plus candidat ministériel. Ce fut sa mort comme député,
jusqu’en 1871.
Son fidèle département lui donna 75,933 voix le 8 fé-
vrier, — et le 25 il acceptait le portefeuille des finances,
refusé, et pour cause, par M, Buffet.
Il se trouva forcé d’aller en Allemagne pour faciliter
le traité fatal qui nous a délivrés des Prussiens ; et, par
un bonheur singulier, il fut on ne peut mieux godé par
l’empereur d’Allemagne, à qui seul il put tenir tête...
Grâce à cette circonstance, les conditions furent moins
rigoureuses, dit-on... Qu’auraient-elles donc été, mon
Dieu!
Dès lors, son rôle s’accentue.
Il fait un premier emprunt de deux milliards... cinq
cents millions.
C’était peu. On lui en offrit HUIT.
Alors, il devint fabricant d’impôts. Nous lui devons
celui du tabac et des allumettes, sans compter le sucre, les
postes, le papier timbré, l’enregistrement, les alcools, les
cartes, le thé, le café, etc., etc., etc., etc., etc.Je
n’en finirais pas si j’énumérais tous ses titres à notre
profonde reconnaissance.
Un peu plus tard eut lieu le procès de M. Janvier de
La Motte, — un bien excellent préfet de l’empire, — et
M. Pouyer-Quertier, cité comme témoin, émit des théo-
ries, tellement normandes, qu’il fut obligé de donner sa
démission de Ministre des Finances.
C’est la faute du sol natal... S’il avait été Parisien, il
serait encore ministre.
Bah! à 54 ans on est encore rougeaud et impétueux,
mais on ne se refait pas.
Au fond, c’est un député de la droite. Tirez-en la
conclusion que vous voudrez... Et s’il n’avait pas fait de
tapage avec la question des sucres, il y a longtemps
qu’on n’en parlerait plus.
Le Guillois.
COUPS DE SIFFLET
La représentation, — pardon ! les représentations of-
fertes à la presse ont du bon.
Il est utile d’étudier avant le public les nouveautés
qu’on lui offre.
La première a été celle du nouvel orchestre de dames,
au Casino.
En voici l’impression î
Mouvementé, pas guindé comme Fautre, — et char-
mant sous tous les rapports.
La cheffe d’orchestre se trémousse en jouant du vio-
lon de manière à indiquer de tout son corps les varia-
tions de la mesure.
Tant pis pour l’autre, celui-ci vaut mieux.
La jeune personne qui joue de la grosse caisse rit tout
le temps.
On a bissé un nouvel instrument, la cithare, et c’était
justice.
Il paraît qu’à Vienne toutes les dames en pincent. Ici,
c’était à peu près inconnu.
La jeune fille au tambourin est ravissante. Elle a des
cheveux à damner Siraudin, — qui était là et l’applau-
dissait.
La seconde est celle de la Scala.
Joli théâtre ! Mais est-il vrai que Vergeron n’y fera
jouer et chanter que ses œuvres ?
Ce sont les méchantes langues qui disent cela, à cause
de l’Alcazar d’été...
Mais vous verrez que c’est absolument faux.
Ce serait dommage d’ailleurs, car beaucoup de nos
confrères aimeront à continuer le succès qui a si bien
inauguré la première soirée.
Il y a surtout trois femmes qui ont fait grand plaisir.
L’une s’appelle Marie Bosc, c’est tout dire.
Arnaud a obtenu ses bravos accoutumés...
Un autre chanteur, dont nous regrettons de ne pas sa-
voir le nom est ébouriffant d’originalité.
Et un troisième amusant au possible, avec ses bonnets
de coton et autres.
Eldorado, méfiez-vous !
A cause de sa brillante orchestration, on appelle le
nouvel orchestre de Dames :
Orchestre de Jérusalem...
Pour les gommeux : Orchestre à S ion.
A une dame suspecte :
— N’ayez pas de ces mots dans la bouche !
Pour les gommeuses et autres parfumeuses ! maux.
Un riche bourgeois donne des soirées.
Il va jusqu'à se pajœr des pianistes en renom.
Mais il ne les juge que sur leur vigueur. Quand ils
ne sont pas en nage, il n’est pas content.
Il a inventé un sudomètre pour les juger.
En voyant un petit crevé prêt à rendre au diable sa
vilaine âme :
— Il est croque-mort moins un quart !
Quand on expédie un journal en province, on l’affran-
chit, naturellement.
Mangin, le professeur de billard, dit alors du
timbre :
— Il est collé sous bande !
On a fait la statistique des reines de lqvoir, cette
apnée.
Sur vingt-cinq, il y en a en ce moment vingt-quatre
sur le flanc. Toutes ont pincé une vraie fluxion de poi-
trine...
Amusez-vous donc !
Le lendemain de la messe du mariage :
— Tu auras beau dire et beau faire, je veux être habil-
lée en cocotte, là. Toutes ces dames le sont. Il n’y a que
moi qui ai l’air d’une femme honnête, et je ne veux pas
être ridicule.
Le général*** passait une inspection dans une caserne;
arrivé aux cuisines, il fit venir le brigadier de semaine
et lui demanda :
— Est-on content du pain, brigadier?
— Oui, mon général, assez satisfait, pour quant à la
couleur, si ce n’est qu’il vous empâte un tant soit peu la
gueule.
— La gueule ! la gueule ! est-ce qu’on dit la gueule?
— Oh ! faites excuse, mon général, je ne parle pas de
la vôtre, mais de la mienne.
Un homme de lettres qui n’a jamais rien pu faire, voit
passer l’autre jour M. de Lesseps.
— Il est heureux, lui ! murmura-t-il. il a
percé>
Plon-plon a beaucoup fait parler de lui ces jours-ci.
Le brave homme ! On sait qu’à la guerre de Crimée il
eut souvent le corps... dérangé et qu’il revint à Paris
subitement.
Son cousin, furieux, ne voulait plus le voir :
— Sire, lui dit-on, pardonnez-lui, car il a plus fait
devant Sébastopol que s’il avait vaincu.
Mademoiselle X...., des Folies-Dramatiques, possède
une maman assez pincée, que les autres pensionnaires du
théâtre appellent la Mère Caspienne.
— Pourquoi lui donner ce nom? demandait Vavas-
seur.
— C’est, répondit Muller, parce qu’elle ne commu-
nique avec aucune autre autre mère.
Il signor don Spanvento de la Liberté est un vrai
polisson... Ce n’est pas moi qui aurais osé faire passer
le mot suivant que je trouve dans le journal de M. Dé-
troyat à la date du 15 mars :
« On parlait devant madame de G... des maris qui
donnent quotidiennement des coups de canif dans le
contrat.
— Oh! moi, je n’ai rien à craindre, s’écrie madame
de G...
8
Et, comme on ne s’expliquait pas cette indifférence,
madame de G... ajoute avec un gros soupir : le canif de
mon mari est ferme depuis longtemps ! ! ! »
Est-ce assez pimenté?
Saviez-vous qu’il existait des pédicures militaires?
— Un américain réclame à son gouvernement la
somme de 230,000 fr. pour services pendant la dernière
guerre. Ce sont les chefs de cors de l’armée ?
Un monsieur agaçant, c’est ce Jules Klein, vous
savez, le célèbre auteur des valses : Cuirs de Russie
Fraises au champagne !!! Ce compositeur est le gêneur
des bureaux de rédaction pour faire inscrire ses récla-
mes irritantes. Il adresse des montagnes de copies de
toutes les parties du monde... lia des correspondants
dans le Kamchatka et le Groenland !...
Le truc est excellent pour se faire une célébrité !
Les fenêtres de Calino donnent sur la cour des petits
du collège Sainte-Barbe.
Hier il disait :
— C’est drôle, voilà cinq ans que je suis ici et ils sont
toujours de la même taille; de mon temps on grandissait
plus vite.
Mademoiselle X., actrice du théâtre des Variétés, re-
çoit.. . les soins empressés d’un haut personnage.
— Où habite-t-elle? demandait quelqu’un.
— Passage des Princes.
— Pourquoi pas du Prince ?
— Oh ! c’est une femme qui demeure toujours au plu-
riel.
J’ai vu entrer dans le palais de l’industrie quelques
tableaux destinés au salon de cette année.
Si le jury de l’exposition de peinture les accepte, les
épinards ne manqueront pas au printemps !
La vieille Cora Cruch ou Pearl est relevée de l’inter-
diction qui lui avait été faite d’habiter Paris.
Nous l’avons aperçue l’autre jour au bois, dans son
huit-ressorts ; elle nous a fait l’effet des ruines de Pier-
re fonds.
LE PÈRE SIFFLEUR.
FARCEUR, VA!
Jamais le vieux mot d’Horace : « Audaces fortuna
juvat ! » ne fut si vrai qu’aujourd’hui en politique.
Certains journalistes en sont arrivés, sous ce rapport,
à ne douter de rien.
Ont-ils adopté dès le collège, comme principe de leurs
actions la pensée d'Horace ?
Ou bien n’ont-ils pas plutôt une haute idée de la bê-
tise de leurs contemporains ?
Je l’ignore complètement.
Toujours est-il qu’ils n’hésitent jamais à lâcher toutes
les énormités qui peuvent servir leurs calculs et leurs
intérêts.
La chose en est au point qu’il ne faut pas désespérer
de voir bientôt baisser la Bourse sur la simple alléga-
tion d’un nouvelliste quelconque, annonçant le prochain
avènement au trône de France d’un mandarin chi-
nois.
Quelqu’un qui m’a tout l’air de connaître parfaite-
ment cette inclination du public à gober tout ce qu’on
veut bien lui administrer, c’est M. de Fonbrune.
M. Henri de Fonbrune était cette semaine à Londres,
d’où il écrivait au Pays les nouvelles de Chislehurst.
Vous n’avez peut-être pas eu l’avantage de lire quel-
que fois M. Henri de Fonbrune?
Je le regrette pour votre famille.
Cet ingénieux écrivain a, par moments, de ces délica-
tesses de pensée et de ces chatouillements de style qui
sont bien faits pour prédisposer un mortel ordinaire à
l’adoucissement des mœurs.
C’est dans ce goût-là qu’a été écrite une de ses der-
nières lettres.
Nous nous étions tous figuré plus ou moins que ce
n’était nullement pour des prunes que MM. les bonapar-
tistes passaient le détroit, et que le voyage d'Angleterre
n’était pas précisément ce que l’on appelle un voyage
d’agrément.
Nous avions même eu la simplicité de croire que la
politique n’était pas complètement étrangère aux récep-
tions de son Altesse.
Bien des gens étaient du même avis que nous ; et, de-
puis quelques jours, on ne parlait guère des bonapartistes
sans souligner, avec intention, le fameux chœur :
« Quan. ..and on cons...pi...ire... »
Eh bien, je vous assure, ou plutôt M. Henri de Fon-
brune vous assure que nous avions, vous et moi, absolu-
ment tort.
Très jolie, sa façon à lui d’interpréter la manifestation
du 16 mars.
— « Oh! si vous saviez, écrit-il, comme la politique
est totalement étrangère à cet élan tout affectueux,
tout de sentiment ! M. de Broglie, en y assistant, eût
regretté sa circulaire. »
Voyez-vous ça ?