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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 3.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.29209#0066
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Pour tout ce qui concerne la rédaction et Vadmi-
nistration, s'adresser à M. Michel Anézo , 7, rue
Rochechouart.

ÉDITION DE LUXE DU SIFFLET

sur vélin glacé et satiné ; coloriée au pinceau par un
artiste enlumineur.

Le numéro 25 centimes

Abonnements : Prix double de l’édition ordinaire.

COMPLAINTE
DS L’HOMME A LA FOURCHETTE

Aix* de Fuccldès.

Faut que j’vous racont’l’histoire
D’un commis d’grand magasin,

Qu’était d’un ch’min d’fer voisin
Et qui mangeait bien sans boire
Des fourchettes en argent,

Qu’un autre magasin rend.

Comm’ le musé’des Antiques,

Il avait l’estomac plein
D’objets qu’un savant malin
Eût transformés en reliques,

S’il eût voulu consentir
A se le laisser ouvrir.

Sa nourrie’ fut une autruche,

Qui s’régalait de cailloux,

De lingots d’fer, de bijoux,

Quoiqu’ell’ n’ fût pas en baudruche,

Et qui, dans son testament,

Lui légua tout 1’ tremblement.

Elle avait dans l’œsophage
Soixante-deux francs en or,

La grosse clef d’un trésor,

Un’ bêch’ pour le jardinage,

Et de table six couteaux
Pour découper les gâteaux.

Avec un’ sibell’ fortune,

Notre homme vint à Paris
Ousque tous les chats sont gris,

Même à l’heur’ du clair de lune,

Et se dit : Pour m’enrichir
L’autrueh’ me fait réfléchir.

Eli’ tenait de la nature
Un superbe coffre-fort,

Pourquoi serai-je moins fort
Qu’un oiseau de c’te structure?

Vous allez voir comme ici
J’en vais avaler aussi !

Pas plus tard que le soir même,

Quand il a pris son café,

Il fait un auto-da-fé

De la p’tit cuiller qu’il aime ;

Il l’avale d’un seul coup,

Sans ouvrir labouch’ beaucoup.

Quand il fut à la douzaine,

Il dit : Ça s’ra pour mes fils,

Il verront comme je fis
Bien d’imiter ma marraine,

Et je m’en vais maintenant
M’arranger pour fair’ plus grand.

C’est alors qu’à bouche pleine.

Les couverts de quarant’ francs,

Et même encor de plus grands,
Entrèrent dans sa bedaine,

Et ça F faisait engraisser
Comm’ si n’y avait rien d’cassé.

Puis, se voyant d’là richesse,

Il se dit : Yoilà l’instant

D’prendre un’femme qu’en fasse autant,

A mon fonds je l’intéresse

Si je lui vois avaler

Une cuiller sans sourciller.

Partout cherchant sa syrène
On le vit au boulevard.

Il chercha même à Clamart
Et jusqu’au fond de la Seine,

Enfin il trouva l’sujet

Qui d’sa r’cherche était l’objet.

Il surprit sa fiancée
Sifflant un’cuiller de buis,

Qu’un peu plus tard de son huis
On vit sortir pétrifiée.

Ce talent de société
Le combla d’félicité.

Il naquit un’fourmilière
De vorae’s petits enfants

Qu’avaient cuiller par devant
Et fourchette par derrière.

A c’signe on les r’connaîtra
Lorsque chacun d’eux mourra.

On admit cet heureux père
A l’hôtel des Bons-Enfants,

Afin qu% de temps en temps,

D’une fourchette ou d’un’ cuillère,

D’vant les clients réunis,

S’ion sa mode il se nourrît.

MORALITÉ

Pour tous ceux dont la mâchoire
Se déplum’ depuis longtemps,

Un’ bonn’ fourchett’ qu’a des dents
C’est très tonique après boire;

Quand ell’ s’ra dans l’estomac
Pour la bouche ell’ travaillera.

Le Guillois.

SIFFLEMENTS

La saison équinoxiale a été épouvantable.

De mémoire d’homme, assure-t-on, jamais on n’avait
vu de naufrages aussi nombreux.

En effet, je ne me souviens pas d’avoir, à aucune épo-
que, entendu parler d’autant de sinistres de toutes
sortes.

Vous ne pouvez ouvrir un journal sans y lire le récit
complet d’un désastre maritime, financier, industriel ou
commercial.

La même semaine a vu sombrer le superbe paquebot
transatlantique Y Américain et le fameux Crédit territo-
rial d’Espagne.

Le pauvre Clément Duvernois, malgré sa grande in-
telligence et son talent de navigateur expérimenté, n’a
pas su plus que les autres éviter le récif. Il a été se bri-
ser sur l’écueil comme tous les téméraires et les impru-
dents qui veulent braver le danger.

Mangin, le roi des charlatans, a fait école; seulement
ses élèves ne sont point comme lui coiffés du fameux cas-
que traditionnel, ni affublés du superbe manteau de ve-
lours cramoisi soutaché d’or qui émerveillait les ba-
dauds.

Les Mangin d’aujourd’hui sont aussi irréprochables
dans leur mise que les rédacteurs de Y Univers, de l’Z7-
nion ou de la Gazette de France.

Le plus digne des élèves du légendaire marchand de
crayons, est assurément l’intelligent directeur de notre
Opéra national, l’étonnant imprésario Halanzier.

Il ne fait pas ses boniments sur la place publique, en
dessinant le portrait d’un tourlourou ou en croquant la
binette de la joyeuse payse.

Vert-de-gris ne monte pas non plus derrière sa voi-
ture pour moudre les airs en vogue afin d’attirer les pas-
sants.

Halanzier, lui, reste dans son cabinet, en cravate blan-
che et en habit noir, comme un dentiste du faubourg
Montmartre.

Sans bouger de son fauteuil directorial, il lance à la
population parisienne son boniment habituel sur les ren-
trées continuelles de Faure et sur les adieux perpétuels
de mademoiselle Fidès Devriès.

Depuisunmois, j’ai compté quatorze rentrées de Faure
et onze adieux au public de mademoiselle Fidès De-
vriès.

Il est certain que nous verrons bientôt le célèbre bary-
ton faire trois ou quatre rentrées par soirée et la prima
donna présenter une demi-douzaine d’adieux pendant une
représentation.

Malgré toutes ces rentrées et tous ces adieux, M. Ha-
lanzier trouve encore le temps d’obtenir trois cent mille
francs pour monter Y Esclave, de Membrée.

Trois cent mille francs !!!

On peut rebadigeonner des toiles de fond et remplacer
des maillots de danseuses, avec une pareille somme!
Nous verrons ce que le fastueux directeur fera avec
cette subvention colossale ; mais je le préviens en hon-
nête homme que, si le soir de la première représentation
de cette nouvelle œuvre musicale, je vois un seul por-
tant qui n’ait pas été repeint à neuf, et si j’aperçois une
seule danseuse qui n’ait pas son maillot irréprochable,
je sifflerai comme un merle- au printemps.

J’ai vu, pendant son passage à Paris, la semaine der-
nière, le fameux curé Santa-Cruz.

Eh bien ! j’ai été complètement désillusionné en l’aper-
cevant.

Je me figurais un gaillard à poigne, un homme ro-
buste, un Paul de Cassagnac énergique, un matamore
vigoureux, et j’ai trouvé un défroqué, petit, crasseux,
d’une laideur repoussante, n’ayant aucune expression
dans la physionomie, et paraissant complètement abruti.

Si c’est là le tj^pe des capitaines de Don Carlos, je ne
lui en fais pas mes compliments.

M. Billion, qui n’attache pas son chien avec des sau-
cisses, n’en voudrait pas à cinquante centimes par soirée
comme figurant de son théâtre.

J’apprends, par une dépêche particulière, que M. AF
phonse vient d’être sifflé très vigoureusement au théâtre
de Naples.

J’avoue que je n’en suis pas du tout étonné, car je
n’ai jamais compris comment cette comédie immorale et
peu intéressante avait pu obtenir une aussi grande vogue
à Paris.

Je n’ai pas, en ce moment, à faire la critique de l’œu-
vre d’Alexandre Dumas, mais je puis dire encore que
jamais succès n’a été plus exagéré. Si un jeune auteur
avait présenté cette pièce à M. Montigny, il aurait été,
j’en suis certain, éconduit ; mais si, par impossible, le
directeur du Gymnase avait osé la monter, le public
n’aurait jamais voulu en entendre la moitié.

Avez-vous vu des pygmées ?

Des pygmées! En sceptique, vous allez me répondre,
en chantant sur l’air des Petits bateaux les couplets
que Montrouge détaille si bien dans les Bibelots du
Diable :

Petit, tout est petit.

En effet, hommes et choses, tout est bien .petit auj our-
d’hui ; mais ce n’est pas pour cela que je vous dem ande
si vous avez vu des pygmées. C’est parce que, le mois
prochain, quatre de ces êtres fabuleux, arrivant de la
Haute-Egypte, doivent venir voir... ou plutôt se faire
voir à Paris.

Tous les nains illustres que nous avons connus jusqu’à ce
jour, le général Tom Pouce, le prince Colibri, M. Thiers,
sont des géants auprès d’eux.

Ils n’ont qu’un pied de haut, et sont merveilleusement
conformés. Il y a surtout un jeune homme de dix-huit
ans, nommé Abdalah, qui est un véritable Apollon du
Belvédère en miniature.

Il deviendra le lion du jour, vous verrez cela ; toutes
les dames voudront en faire leur joujou.

Michel Anézo.

LES CÂNAILLERIES D’UNE MOUCHE

Les grands yeux et la taille fine de l’épicière du coin
faisaient pâmer bien des amoureux.

Et dans tout le quartier des Halles, on ne parlait que
d’une jolie gantière, aux pieds mignons et au corsage
admirablement sculpté.

Elle avait aussi des charmes qui n’étaient pas à dédai-
gner, la petite fruitière Eulalie.

Mais ces trois Grâces n’avaient qu’à s’incliner devant
la beauté de mademoiselle Virginie Durand, la fille d’un
honnête bonnetier de la rue Saint-Honoré.

Elle était fraîche comme la cerise en juin, pure comme
le nénuphar qui dort sur les lacs, blanche comme le lis
de la vallée. Un nez fin descendait en ligne droite de son
front délicieusement moulé, et de longs cils bruns voilaient
modestement ses grands yeux d’ébène.

Et à tous ces attraits, Virginie joignait une âme can-
dide, une inaltérable douceur, une voix qui résonnait
comme une harmonieuse musique. Le nom de Virginie
convenait bien à cette jeune vierge que le souffle du mal
n’avait jamais effleurée.

A peine la dix-huitième année avait-elle sonné pour
elle à l’horloge du printemps, qu’un jeune homme du nom
de Léon X.... se présenta chez les parents de Virginie
et leur demanda la main de sa fille.

Les deux jeunes gens se connaissaient de longue date;
enfants, ils avaient joué ensemble sous les grands mar-
ronniers des Tuileries ; plus tard, l’amitié avait fait place
à un sentiment plus vif ; souvent, quand ils se regardaient
à la dérobée, il rougissaient tous deux comme deux
amoureux qu’ils étaient.

Virginie aimait Léon et Léon aimait Virginie.

M. Durand, qui avait été à même d’apprécier les
excellentes qualités de Léon, voyait avec plaisir ces deux
cœurs battre à l’unisson. Cela lui rappelait l’heureux
temps où il faisait la cour à celle qui devait être plus tard
madame Durand, c’est-à-dire sa compagne douce et bien-
aimée, à laquelle il devait le bonheur de sa vie.

La demande de Léon ne pouvait pas manquer detre
agréée.

Le jour même, nos deux amoureux furent fiancés.

Tous les soirs, vers la cinquième heure, Léon se ren-
dait chez les Durand.

Et Virginie, qui attendait le moment de le revoir avec
toute l’impatience de la femme aimante, se mettait à la
fenêtre pour le voir venir.

Dès quelle l’apercevait dans la rue, son cœur battait
doucement, la joie illuminait ses joues, — et bientôt
leurs mains s’étreignaient frénétiquement.

Chastes étreintes de deux âmes qui avaient bien été
créées l’une pour l’autre...

Pourquoi la fatale destinée vint-elle si vite empoison-
ner la coupe où tous deux savouraient à l’envi l’ivresse
des premières amours !

Un soir, en passant devant la maison des Durand,
Léon vit quelque chose qui l’atterra.

Virginie était à sa fenêtre. Au même instant, un jeune
homme passait.

Virginie fit un mouvement de tête auquel le jeune
homme répondit par un autre signe de tête qui voulait
dire : non!

— Eh quoi ! se dit Léon, est-ce que Virginie connaît
ce jeune homme?... Est-ce que j’aurais un rival?... Et
ce signe qu’elle lui a fait?... Ce mouvement de tête
n’est-il vraiment pas impudique?... Ne ressemble-t-il
pas étrangement à l’agacerie de la courtisane qui offre
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