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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 3.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.29209#0067
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le sif;flet


3

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son amour vénal à quiconque passe sous sa fenêtre?... I
Léon, fou de douleur, crispait ses mains ; son sang |
bouillonnait à rompre ses artères...

Et le blasphème vint éclore sur ses lèvres comme une j
fleur empoisonnée. En un instant, il renia celle qu’il
avait adorée, il renia ses joyeuses années d’autrefois, ses
espérances et ses illusions et ses rêves d’avenir. Tout cela
s’était enfui devant un morne désespoir.

Virginie, qui avait aperçu Léon, le vit s’arrêter brus-
quement, puis s’enfuir à la hâte comme un insensé.

— Que lui est-il donc arrivé ? se demanda-t-elle, mais 1
il va revenir probablement...

La soirée se passa sans qu’il revînt.

Et bien des jours se passèrent depuis.

Mais Léon ne revenait pas.

La pauvre fille abandonnée pleurait en vain après le
retour de celui qu’elle aimait. La joie était partie de cette
âme candide ; ce gracieux visage était maintenant voilé
par la tristesse. Où donc était le doux incarnat de ses
joues? Envolé. Et ses yeux, pourquoi ne brillaient-ils
plus ?

Pauvre petite Virginie !

Le brave père Durand, qui voyait la santé de sa fille
s’étioler, qui la voyait dépérir de jour en jour, n’essaya ;
point de lui faire oublier le souvenir de son fiancé. Il sa- |
vait que l’amour de l’oublieux était trop ancré dans le |
cœur de sa fille pour tenter de l’en arracher. Il voulut
avoir une explication sur l’étrange conduite du jeune j
homme, et voilà pourquoi un jour il vint frapper à la
porte de Léon.

M. Durand ne lui cacha rien... Il lui dit que lui seul
pouvait faire le bonheur de sa fille... que sa vie était
entre ses mains.

Léon lui expliqua alors ce qu’il avait cru compren-
dre...

—■ Votre fille, lui dit-il en terminant, n’est qu’une
petite effrontée... votre fille appelle les hommes dans la jj
rue.

— Ah ! ah ! ah ! fit le bon père en éclatant de rire, j
voilà ce que c’est que de se fier aux apparences !... Et
voilà donc pourquoi vous avez tant torturé le cœur de
ma pauvre enfant.

Il lui raconta ce qui s’était passé.

C’était bien simple.

Ce fameux soir où Léon avait cru surprendre sa fian-
cée dans un acte inqualifiable, un tout petit accident
était arrivé à Virginie. Une mouche maligne, après
avoir longtemps voltigé autour de la jeune fille, n’avait
rien trouvé de mieux que d’aller se loger dans un des ori-
fices de son nez mignon.

Justement, à ce moment-là, Virginie, qui venait de
laver ses mains au savon, et s’était mise à la fenêtre avant
de les essuyer, ne voulut pas porter ses mains imprégnées
de la liqueur savonneuse à l’endroit où s’était nichée
la mouche perfide. Elle se contenta de secouer la tête,
espérant déloger ainsi son ennemie. Un jeune homme qui
passait crut que ce mouvement de tête s’adressait à lui et
y répondit négativement.

— Voilà la vérité, dit M. Durand en terminant.

— Et je ne suis qu’un imbécile, s’écria Léon en se pré-
cipitant dans ses bras.

Le soir même, nos deux amoureux recommençaient
leurs roucoulements.

Voilà six mois qu’ils sont mariés, ils roücoulent tou-
jours.

Et ils roucouleront longtemps, — car Léon est tou-
jours aussi amoureux, et sa femme aussi.

Alphonse Lafitte.

BALLADE

Vous souvient-il d’un soir d’été
Et d’un dîner sous la tonnelle?.,.

Dans nos verres, quelle gaîté,

Et, dans nos coeurs, quelle étincelle ?

Cupidon, du bout de son aile,

Dénouait vos cheveux flottants.

Las ! demandez à l’hirondelle
Où sont nos amours de vingt ans?

La brise, d’un bal écarté,

Nous apportait la ritournelle,

Et moi, dans un tendre a-parte,

Je parlais d’amour éternelle.

Quel incendie, en ma cervelle,

Allumaient vos yeux éclatants !

Tout à coup, notre banc chancelle...

Où sont nos amours de vingt ans ?

Vous souvient-il que j’ai quitté \

Votre nid, blanche tourterelle,

Laissant à votre piété,

Un méchant gilet de flanelle?

Ce gilet dort depuis longtemps
Dans un coffret, sous la dentelle...

Un cofl'ret! — tombe et citadelle
Où sont nos amours de vingt ans.

ENVOI

M’en voudrez-vous beaucoup, ma belle^

Si je reviens, de temps en temps,

Visiter le coffret-chapelle
Où sont nos amours de vingt ans ?

Adrien Dézamy.

COUPS DE SIFFLET

En mer, effroyable tempête ; les plus grands steamers
disparaissent comme dans des trucs de théâtre.

A Genève, tempêtes populaires.

Boulevard des Capucines, insurrection d’une phalange
de peintres...

Tout cela c’est la faute de la lune rousse qui fendille
nos crânes en ce moment.

Heureusement, pour nous consoler, nous avons les pa-
ratonnerres du Louvre ! ! !

Vous ne les connaissez pas encore, ces merveilleux
paratonnerres? Allez les voir, ils y sont.

On a lu, avec jubilation, dans les grands formats: j
« Un grand nombre de paratonnerres viennent d’être |
« placés sur les toits des galeries de peinture du Lou-
vre. »

Un grand nombre !... Le Louvre peut bien se mo-
quer maintenant du boulevard des Capucines : le voilà à
l’abri.

Combien eût-il été préférable cependant de porter tous
ces paratonnerres au Palais de l’Industrie, où gémissent
les chefs-d’œuvre de l’école actuelle, en attendant le pre-
mier mai, jour de l’ouverture !

C’est là que les artistes doivent craindre la foudre...
des critiques !

Il existe à Paris un adorateur de Billion, un homme
qui ne jure que par lui, qui le trouve d’une force inouïe,
— c’est Alfred Touroude.

—- Il est si fort, dit-il, que c’est un Billion de Cro-
tone !

— Ou vas-tu ?

— Je vais aux Bouffes.

— Voir les Parisiennes?

— Dame, je ne les ai pas vues !

— Eh, mon cher, de quoi te plains-tu ?

Un cultivateur du Pas-de-Calais vient de planter quel- )
ques hectares de vignes qui produiront d’excellent vin de j
quinquina au malaga.

M. Billion, le comique de T Ambigu, en apprenant cette |
nouvelle a fait immédiatement planter devant son théâtre
une vigne produisant d’adorable vin antiscorbutique.

Ses pensionnaires seront grises tous les soirs.

Une histoire de mœurs américaines.

A New-York, il y a des sortes de restaurants à bon

I marché, où l’on consomme debout et où l’on a, pour sept
sous de notre monnaie, un énorme mélange de toutes
sortes de viandes, assez semblable à ce que nous appelons ;
arlequins.

Les Yankees appelent ça : soupe à la viande.

Un ouvrier venait de se payer une de ces gigantesques
portions et la dévorait.

Tout à coup, il sent quelque chose de dur sous sa dent...
C’était un bouton de métal.

Furieux, il interpelle le patron et lui demande ce que
cela signifie.

Le patron, avec flegme. — Ah! ça, est-ce que vous
croyez que, pour vos sept sous, on va vous donner un
parapluie de soie ?

L’ouvrier américain dut la trouver raide...

Mais, en France, on lui aurait fait payer un sou de
plus, pour le prix du bouton.

Entre un soupeur et une soupeuse :

— Encore une nuit blanche que tu me fais passer,
Mathilde !

— Eh bien, et moi donc?

— Oh ! toi, c’est pour ton plaisir !

— Eh bien, et toi, est-ce que ce n’est pas pour mon
plaisir ?

La grande question de la fondation d’une immense
nécropole à Méry-sur-Oise est à peu près décidée, disait
Calino, et il y aura pour les morts des billets d’aller et
retour à prix réduit, et pour les parents des trains de
plaisir tous les jours.

I La femme du maçon qui travaille à la fontaine du
I Château-d’Eau vient d’accoucher d’un fils.

Ainsi, ne perdons pas espoir. Quand l’enfant aura
dix-huit ans il aidera son père, et les travaux alors seront
poussés avec activité.

On s’occupe avec beaucoup de persévérance, en ce
| moment, delà culture des lys en France, mais on aura
beau faire, les résultats seront toujours négatifs.

BertheL..., dont la naïveté est de plus en plus prover-
biale, vient d’adresser au préfet une pétition pour obtenir
que le canon du Palais-Royal se fasse entendre à midi par
tous les temps... Elle déjeune tous les matins dans un
restaurant de la rue de Valois, et c’est le moyen le plus
certain pour elle de ne pas manquer ses répétitions.

M. Billion, pour conjurer les orages qui éclatent sur
l’Ambigu-Funèbrp, vient de faire placer trois paraton-
nerres sur la toiture de son théâtre.

Il est certain que le premier drame qu’il prépare, et

pour lequel il veut dépenser des sommes folles, sera un
éclatant succès.

Mais je crois qu’il n’a pas laissé mettre de platine sur
le paratonnerre, par économie toujours!

Le sultan vient d’acquérir une meute de cinq cents
chiens.

Ce souverain ne craint pas la rage de dans sa pa-
trie.

On comble en ce moment le charmant bassin du square
Montholon.

Je n’ai rien à dire sur les décisions du Conseil munici-
pal, mais il y avait d’autres bassins plus utiles à suppri-
mer que celui-là, ce me semble...

Je m’en rapporte à Gaston Vassy !

—Je viens de lire dans un journal que toutes les statues
des jardins publics de Paris vont être prochainement
restaurées, disait l’autre soir Colin-Tampon à Œil-de-
Lynx.

— Ah ! vraiment ! fit avec étonnement l’ex-souverain de
l’île Bleue.

— Oui, beau-père, c’est imprimé en toutes lettres.
Mais jeme demande ce qu’on leur donnera à manger pour
qu’elles soient bien restaurées, reprit l’idiot en embras-
sant son phoque.

J’ai visité la petite exposition des Refusés du boulevard
des Italiens.

Il y a naturellement, dans le tas de tableaux qui s’y
trouvent, une forte quantité de croûtes avec lesquelles on
pourrait faire d’excellente chapelure pour les côtelettes
panées. Mais il y a aussi des œuvres sérieuses et vrai-
ment dignes d’attention.

Le Déjeuner, de Monnet; Y Avant-Scène, de Renoir;
le Clocher, de Jouy ; le Comte, de Boudin ; Un Paysage
près Blois, de Nillis ; les Barques à plomb, de Mulot-
Durivage, sont des tableaux vraiment remarquables.

Les aquarelles de Zacharie Astruc sont merveilleuses.
On ne peut rien voir de plus charmant que son Intérieur
japonais et ses Poupées blanches.

LE PÈRE SIFFLEUR.

SAUVE QUI PEUT!

Malheureusement pour l’humanité et heureusement
pour notre siècle qu’on accuserait sans cela d’être tombé
bien bas,ce cri n’est pas seulement de notre temps.

Il ne s’ensuit pas qu’il soit décent pour certain journal
bonapartiste de s’écrier à propos de M. Clément Duver-
nois :

« 11 n’était pas des nôtres, nous n’avons pas à le dé-
fendre. »

; Eh ! mon Dieu, lorsque vous dites : Il n’était pas des
i nôtres, personne ne le croit.

Tout le monde avoue, excepté vous, que M. Clément
Duvernois a été successivement député, ministre et jour-
naliste à la solde de l’empire.

Il me semble que vous ne pouvez guère récuser les
services d’un tel homme, et, en pareil cas, je crois que

I votre phrase : « Nous n’avons pas à le défendre, » est
quelque peu hasardée pour ne pas dire cynique.

Ce n’est pas que je veuille prendre sur moi le soin
qu’il ne vous plaît pas de prendre, et personne ne me
soupçonnera de venir m’apitoyer sur le sort d’un homme
comme M. Clément Duvernois.

J’aime mieux réserver ma pitié pour les milliers de fa-
milles que cette catastrophe financière réduit à la misère.

Et puis, vous connaissez, n’est-il pas vrai ? la fable
de La Fontaine qui commence par ces deux vers :

Deux mulets cheminaient, l’un d’avoine chargé,

L’autre portait l’argent de la gabelle.

Il s’en dégage je ne sais quelle philosophie pratique
qu’il est bon de se rappeler en cette circonstance.

Je suis de ceux qui pourraient dire à M. Clément Du-
vernois, ex-député, ex-ministre, ex-rédacteur en chef de
Y Ordre, ex-financier:

Si tu n’avais servi qu’un meunier comme moi,

Tu ne serais pas si malade.

Mais je ne comprends pas que les gens dont il a été
l’ami, le coreligionnaire politique, s’écrient en ce mo-
ment : « Nous n’avons pas à le défendre. »
j Braves gens, à la vérité, qui n’ont qu’une religion, la
religion du succès, et qui sont les amis de quiconque n’est
pas à la veille d’être pendu haut et court.

Ah! vous pouvez aller leur présenter vos services ; à
quelque tore que vous soy z leur homme, ils vous ac-
cueilleront à bras ouverts ; ils diront sur les toits que
vous seul êtes grand, généreux et intelligent.

Mais gardez-vous de faire un faux pas*, ils ne feront
rien pour vous épargner une chute, et lorsqu’on s’écriera
le lendemain :

Encore un homme à la mer !

Us se diront in petto :

Tâche de t'en tirer...

et hurleront sur les toits : Nous n’avons pas à luktendre

la main ! » #

Encore une fois, cette farce de la comédie humaine
n’est pas nouvelle et n’est pas rare.
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