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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 3.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.29209#0137
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LE SIFFLET



Pour tout ce Qui concerne la rédaction et V admi-
nistration, s'adresser à M* Michel Anèzo, 7, rue
Rochëchouarl.


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PRIME INOUÏE DU SIFFLET

Un KEVOLTER A SIX COUPS

En acier fondu, dès manufactures de Liège

Portant le poinçon de l’épreuve

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grand, se vend dans nos bureaux, 7, rue Roehechouart*

Édition ordinaire... 10 centimes.

— de luxe.25 —

SIFFLEMENTS

Il est bon de siffler comme il est bon de rire.

Le poète, à défaut d’argent, a la satire
Et le droit de narguer les gens comme il lui plaît.
Ici, plus'que partout, c’est dans notre programme,
Et puisque l’on nous paye assez bien l’épigramme,
Ça, ma Muse, taillons l’épigramme en sifflet.

D’abord nous professons pour les plus belles choses
Un culte : Les bons vers, les femmes et les roses ;
Nous n’en parlons jamais que le gibus au poing.

Nous sommes assez vieux pour avoir du cynisme,
Mais que nous fassions cet ignoble barbarisme
De la lèvre qui ment au coeur, messieurs, non point.

Je siffle ce morveux qu’une sénile grue
Traîne à son bras, parmi ses chiffons, dans la rue ;
Cet être au front opaque, aux vacillants regards
Qui- sur les boulevards,, aux feux du soir, étale
Le triste orgueil de sa carcasse sépulcrale,

Et que l’aube réveille au fond des lupanars.

Je siffle les auteurs de ces immondes pièces

Où tiennent lieu d’esprit les mollets et les f.

Des figurantes à trente sous le boisseau ;

Je siffle le décor envahissant la scène,

Terpsichore en maillot remplaçant Melpomène,

Et Corneille contrit vaincu par Debureau.

Ce que je siffle, c’est l’agioteur obèse
Qui dîne de la hausse et soupe de la baisse,

Shylock crasseux, Falstaff au ventre rebondi,

Qui mâche tous les jours sous ses larges mâchoires
Cent honneurs convertis en titres illusoires,

Et qui vit à Paris comme on vole à Bondy !

Le voyez-vous passer, là-bas, ce grand bravache.
Une main à la hanche et l’autre à la moustache?

— Mon arme, c’est l’épée, et vous ? — Moi, le sifflet.
De le siffler, ma foi, je n’ai pas la hardiesse,

Car monsieur se fend bien, a de l’œil, de l’adresse,

Et le droit d’être bête au bout de son fleuret.

Sifflons-le sans pitié, cet éerivassier blême
Qui s’affuble du nom grotesque de bohème,

Et croit que le talent pousse avec les' cheveux.

Un journal hasardeux, la Foule ou le Qui-Vive
Eclôt-il, il y lance en long jet de salive
Son article, et se campe regardant les deux.

Ah ! cette matière est vaste autant que le monde,

Et lorsque je promène un regard à la ronde,

Que de faces encore attendent mon soufflet !...

Muse, il faut se garder de tant d’effervescence ;
L’excès des libertés enfante la licence,

Et je sais bien qui te couperait le sifflet.

E. TAB.

r^i

UNE VISITE âü PJjNCÊi T A-H OU-LA

A l’instar du reporter du Figaro, j’ai été faire une visite
aussi à un prince.

Ce grand personnage, absolument inconnu des Parisiens,
gouverne uns importante province des Indes-Orientales.

Je l’ai connu il y a quelque dix ans, alobs qu’il n’étu-
diait pas au quartier Latin, et que nous allions ensemble au
Prado et à la Gloserie des Lilas.

A cette époque, c’était un bohème complet, quoiqu’héritier
présomptif; il n’avait pas gouvent, je pourrais même dire
qu’il n’avait jamais une pièce de cent sous dans sa poche,
et le nombre de ses créanciers était si grand qü’ll était
obligé, même pendant les chaleurs caniculaires, de relever
le collet de son pàlletot et de s'entourer la figure d’un épais
cache-nez, pour ne point être appréhendé en pleine rue
par eux.

Enfin, le voilà aujourd’hui Sur le trône de ses pères, sous
le nom... Ta-Hou-La ŸH.

Aussitôt que j’ai appris l’arrivée de ce vieux camarade,-
je me suis empressé de lui demander une audience, et lé
lendemain, Sa Majesté me recevait en Vieil ami, dans son
appartement du Grand-Hôtel où il est descendu avec sa
suite.

Ta-Hou-La Vil, que j’ai toujours appelé Bigorneau, est
un homme de trente à trente-deux ans, robuste, bien bâti,
ayant le teint bistré..., mais sans tatouage ni ornement au
nez et aux oreilles...

Nous nous jetâmes dans les bras Tun de l’autre aussitôt
que nous nous aperçûmes.

— Ali ! mon vieux Bigorneau, fis-je en le serrant avec
effusion!

— Non, appelle-moi simplement Altesse... j’ai une suite,
le nom de Bigorneau pourrait faire très mauvais effet.

— Ça m’est égal... je n’ai pas plus d’opinion que cela!

— Tu sais, ce n’est pas pour moi, c’est pour le monde.

— Je comprends !

— Alors, assieds-toi et causons.

— Je suis aux ordres de Votre Altesse (Oh! si Vaquerie
m’entendait!) ■

— Eh bien, qu’est-ce qu’il y a de nouveau à Paris?

— Votre Majesté...

— Altesse.

— Ah! c’est vrai, Votre Altesse ne' lit donc pas les jour-
naux parisiens.

— Pardon, je suis abonné à T Union.

— Ce n’est pas possible!

— C’est un journal qui soutient les couronnes, je ne peux,
pas faire autrement.

— Alors, je comprends pourquoi Votre Altesse me de-
mande ce qü’il y a de nouveau. Eh bien, c’est, politique à
part bien entendu, toujours à peu près la même chose.
Schneider est épuisée, Thérésa est passée, Rigolboche
n’existe plus, Souris a disparu, mais pour le reste rien n’est
changé. On danse à Bullier comme autrefois, les théâtres
jouent les mêmes opérettes d’Offenbach et les mêmes féeries
qu’il y a dix ans. Les journaux, toujours politique à part,
rééditent les blagues du temps passé, les usuriers font tou-
jours fortune, les cocottes ne sont pas plus séduisantes, les
ours du Jardin des plantes sont encore dans leurs fosses et
Laferriêre n’a pas vieilli.

— Alors, politique à part, je ne vais rien trouver de
neuf?

— Absolument, illustre Altesse (ah ! si Paul Meurice m’en-
tendait!).

— Veuille donc t’asseoir, fit le prince en me désignant un
fauteuil placé près du sien, sais-tu que tu as engraissé d’une
façon étonnante?

— Ce sont les chagrins, fis-je avec l’accent de l’acteur
Laurent, de la Porte-Saint-Martin.

— Ce sont les chagrins qui t’ont donné cet embonpoint ?

— Oui, sublime Altesse (ah! si Edmond About m’enten-
dait !), ce sont les chagrins, je suis rédacteur en chef du
Sifflet.

—Tu es rédacteur en chef du Sifflet et tu as des chagrins
bien noirs ?

— Oui, mais ce n’est pas pour cela.

— Voyons, conte-moi tes peines?

— Eclatante Altesse (ah! si Victor Hugo m’entendait !) je
dois avant vous demander si vous connaissez Anastasie?

— Anastasie, quelle Anastasie? J’en connaissais plusieurs...

— Je vous parle de celle qui coupe, de celle qui rogne, de
celle qui...

— Une couturière, alors ?

— Non, une tailleuse qui a d’immenses ciseaux, C’est elle
qui fait mon chagrin, mon désespoir, qui me donné des che-
veux gris et me pousse à l’obésité, c’est-à-dire à une vieil-
lesse précoce. Dans cinq ans, merveilleuse Altesse (ah ! si
Gambetta m’entendait!), moi qui suis de votre âge, j’aurais,
par les chagrins continuels que me' cause Anastasie, plus
de quatre-vingt-dix ans.

— Alors, exilez-vous, partez vite, venez chez moi, il n’y a
pas d’Anastasie, les ciseaux sont inconnus dans mon
royaume.

— Comment je pourrais publier le Sifflet en toute liberté?

— En toute liberté !

— Personne ne me poursuivrait si je disais que vous
avez l’esprit obtus, que vous n’avez aucune capacité ni au-
cune intelligence, que vous êtes absolument incapable de
gouverner et de faire le bonheur de votre peuple.

—• Ah ! permettez!... Si vous disiez des choses semblables,
je vous ferais trancher la tête, sans circonstances atté-
nuantes.

— Vous netes donc pas libéral, sublime Altesse? (Ah! si
Ledru-Rollin m’entendait ! )

— Extrêmement libéral, au contraire, j’autorise tout,
mais à la condition de ne dire rien.

— Ah ! Bigorneau, mon vieux camarade, fis-je en prenant
mon chapeau et la porte, tu n’es qu’un despote et je n’irai
jamais m’établir chez toi. Pour oublier Anastasie, je préfère
attendre patiemment qu’elle change de caractère.

Michel Anézo.

L’OUVERTURE DE LÂ CHÂSSE

Dans lés dêparieménts du midi, où ie gibier ést plus pré-
coce, elle est déjà ouverte.

Et les bofls méridionaux tirent à poudre-que-veux-tu sur
les perdreaux, leS cailles, et aussi sur le gros gibier...

Allons, fihasseur, vite eft campagne,

Du cor n’entends-tu pas le son.

Tonton, tonton, tontaine, tonton.

Sans le département de la Seine, l’ouverture delà chasse
n’aura lieu que le ler septembre.

Dès la veille, tous les trains de banlieue regorgeront de
chasseurs attendant impatiemment lé lever de l’aureré pour
tirer leur premier coup de fusil.

Il y a bien longtemps qu’on daube — à tort ou à raison —
sur le chasseur parisien.

Certaines mauvaises langues disent :

On prétend que le ridicule tue.

Là preuve qu’il ne tue pas, cfest que le chasseur parisien
ne tue rien.

Oh ! les mauvaises langues !

m

Si tous les chasseurs attendent avec impatience le grand
| j°ur de l’ouverture, certaines femmes font également des
vœux pour qu’il arrive le plus tôt possible.

Je veux parler des femmes infidèles qui profitont des mo-
ments où monsieur est à la chasse pour orner son front
d’appendices qui feraient honneur à un cerf dix cors.

C’est ainsi que tous les ans, madame Barbencroc trompe
avec l’épicier du coin son légitime, qui est allé dans la plaine
Saint-Denis pour goûter les plaisirs de Nemrod. Aussi la
famille Barbencroc s’accroît-elle annuellement d’un rejeton
nouveau. Heureuses les familles nombreuses ! disent les
moralistes.

«Mr>

JjV»

Je me garderai bien de vous raconter ici toutes les histoi-
res cynégétiques que certains journaux exhibent régulière-
ment pour la circonstance, — depuis les aventures de M. de
Crac, qui prenait les bécasses avec une écumoire et leur
rivait le bec.

Pour vous prouver qu’on n’a îamais rien pris avec une
écumoire, je me contenterai de vous dire qu’étant allé un
jour à la chasse avec Louis Veuillot, je suis rentré complè-
tement bredouille.

| Il existe aussi des femmes chasseresses,
j Elles partent bravement, dès l’aurore, le fusil à l’épaule,
les jambes emprisonnées dans de longues guêtres de cuir.

Delille a dit :

... La jeune chasseresse

Que vous nous dépeignez, nous n’avons dans ces bois
Ni rencontré ses pas, ni reconnu sa voix.

Le poète du Bellay les a chantées également :

Une vierge chasseresse,

Pleurant de laisser les bois,

Append ici son carquois,

Ses traits, son arc et sa laisse.

Mais toutes les chasseresses ne sont pas chastes comme
celle de du Bellay ou comme Diane.

Voyez plutôt les chasseresses du boulevard.

Celles-ci chassent toute l’année — la plupart même sans
permis.

Elles chassent aux pigeons et aux serins, et leur chasse
est des plus fructueuses.

Leurs, armes consistent dans les appas plus ou moins
fanés et chargés de poudre... de riz.

Combien de gens encore chassent toute l’année!

Par exemple :

Les chasseurs qui courent après les places, qui grimpent
tous les escaliers des ministères, et courbent leur échine
devant les puissants du jour;

Les pauvres diables qui courent après ce gibier si en
vogue qu’on appelle la pièce de cent sous ;

Les directeurs de théâtre qui font la chasse aux specta-
teurs avec des billets à demi-droits ;

Les philosophes qui font la classe aux préjugés;

Les célibataires qui font la chasse aux filles bien dotées.

•MT*

c/]\j

Nous avons aussi les filles qui font la chasse aux maris,
semblables aux araignées guettant les mouches.

J’ai même rimé jadis là-dessus les vers suivants :

Dans un obscur recoin,

Une araignée avide
Tisse avec un grand soin
Une toile perfide.

Dans un brillant salon,

Une assez laide fille
(Dont je tairai le nom
Ainsi que la famille)

Etale adroitement
Aux yeux d’un sot amant
Une robe qui brille.

De tout cela qu’arrive-t-il?

Chers lecteurs, vous pouvez m’en croire.

Pas n’est besoin d’avoir un esprit bien subtil
Pour pouvoir deviner la fin de cette histoire.

La conclusion, la voici
(Elle est déjà dans mainte bouche) s
L’araignée attrape une mouche,

La fille attrape un sot mari.
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