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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 3.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.29209#0145
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2

LE SIFFLET



Pour tout ce qui concerne la rédaction et Vadmi-
nistration, s’adresser à M, Michel Anëzo, 7, rue
Rochechouart.

PME INOUÏE dû sifflet

UH REVOLVER I SK WPS

En acier fondu, des manufactures de Liège

Portant le poinçon de l’épreuve

Dune valeur RÉELLE de 30 francs

EST DONNÉ

Avec un abonnement d'un an, pour 15 fr. seulement
c’est-a-dire l’abonnement d’un an

POUR RIEN

Et un Revolver de 30 fr. pour* IL êS fi%

Ajouter deux francs pour le port et l’emballage.
Adresser les demandes à l’administrateur du Sifflet.

(On peut se procurer chez tous les armuriers la cartouche
à broche de sept millimètres)

r Le nombre considérable de demandes de notre prime de
revolver qui nous sont parvenues dans ces derniers jours,
nous a obligé à mettre un peu de retard dans nos expé-
ditions. Mais, à partir d’aujourd’hui, nous sommes complè-
tement en mesure de satisfaire immédiatement les per-
sonnes qui désirent recevoir la prime inouïe que nous
offrons à nos nouveaux abonnés d’un an.

Toutes nos expéditions sont faites en grande vitesse, par
les Messageries nationales.

k PROPOS DU BÉNÉFICE 0ÉJIZET

Vous avez dû. lire cette semaine une lettre que madame
Déjazet vient d’adresser à tous les journaux parisiens à
propos d’une représentation à son bénéfice que voulait don-
ner M. Yergeron, directeur de la Scala.

Madame Déjazet croit de sa dignité de refuser une repré-
sentation dans cet établissement. Je n’ai rien à dire à cela,
c’est son affaire et je n’ai point à apprécier si elle a eu
tort ou raison de dédaigner ce bénéfice offert par un homme
de cœur, mais je pense qu’il est utile, à cette occasion, de
répondre à certain courriériste théâtral qui trouve que
Frétillon serait déshonorée si l’on voyait son nom sur une
affiche de café-concert.

Ce n’est point assurément l’apologie de ces sortes d’éta-
blissements que je vais chercher à entreprendre. Je ne dirai
pas que ce sont des académies dans lesquelles l’art est à
l’étiagele plus élevé, mais ce que je puis prouver facilement,
c'est que ce sont des pépinières artistiques aussi produc-
tives que tous les conservatoires de France et de Navarre.
Si j’étais rédacteur de la Gazette de France, je ne soutien-
drais pas une thèse semblable, mais comme j’écris dans le
le Sifflet, c’est-à-dire dans un organe où l’on dit franchement
ce qu’on pense, je ne veux pas tergiverser.

Voulez-vous maintenant que je vous nomme les artistes
de talent que les cafés-concerts ont fait naître... la liste
est longue. Je vais seulement ne citer que les célébrités
marquantes.

Mesdames Judic et Théo sont nées à l’Eldorado, Schnei-
der a chanté dans un beuglan à Bordeaux, Cico était étoile
au casino du Palais-Royal et à Moka, Théresa roucoulait
des romances sentimentales au Géant avec Marie Sasse,
madame Gabel a fait ses premiers pas dans un café-concert
de Bruxelles, Michaud et Renard étaient ténors au café de
France, Hervé dirigeait l'orchestre de l’Alcazar, Berthelier
chantait la chansonnette aux Ambassadeurs, enfin Vergniet,
le jeune ténor qui vient de débuter la semaine dernière
avec tant de succès à l’Opéra, sort directement du café-
concert de la Pépinière.

Voilà assez de noms, je pense, pour faire comprendre que
les cafés-concerts sont des établissements où l’art est moins
étranger que dans certains théâtres où l’on joue de grandes
machines insensées à maillots et paillettes avec des inter-
prètes sans talent et sans avenir.

Michel ànézo.

——-™o--

ÇA I10RD

J e venais de relire pour la première fois une étude conscien-
cieuse d’un monsieur, grave sur la « Station de l'homme à
la pierre 'polie » et sur le même bipède « au premier âge
des cavernes. »

Ça m’amusait comme une petite folle, au point que mes
paupières retombèrent simultanément sur les splendides
globes de mes yeux et que je glissai dans une extase sans
fin.

Quand je dis sans fin, c’est pour l’harmonie de la période.

A peine, en effet, venais-je de m’assoupir, qu’un violent
coup de fusil effaroucha Morpliée qui s’enfuit avec sa petite
pacotille de pavots.

Comment je me trouvai sur mes jambes, la bouche ouverte,

le cheveu raide, l’œil hagard, je pourrais vous le dire si je
ne craignais de tirer trop visiblement à la ligne.

—' Brigitte, m'écriai-je, de quoi s’agit-il?

— Parbleu, Monsieur, c’est l’ouverture de la chasse.

oie

Je retombai dans mon fauteuil.

L’ouverture de la chasse ! L’ouverture de la chasse !!
L’ouvert.

Tiens une idée, si je chassais, moi aussi?

Chasser! Mais je suis myope comme Paul Foucher quia
failli épouser sa belle-mère sans s'en apercevoir.

Chasser ! Mais je suis perclus de rhumatismes !

Chasser ! Mais j’ai une gastrite suraiguë qui m’abat ré-
gulièrement sur chaque borne kilométrique.

Chasser! Mais les lièvres eux-mêmes dont la réputation
de bravoure est on ne peut plus contestée se moqueraient de
moi plus que je ne me suis jamais moqué de Sarali Bern-
liardt et des lugubres steppes de l’Odéon!

Et puis il faudrait un fusil.

J’ai bien là mon sabre de sous-lieutenant des immobilisés
d’Indre et Loire, mais cette arme, quoique respectée, ne
ferait qu’exciter par son simple aspect l’hilarité des folâtres
perdreaux et des lapins égrillards.

Les merles m’auraient sifflé !

«mp

En conséquence, je priai Brigitte de m’apporter mon
bambou de Tolède, mon pliant et ma boite à amorces. Une
boîte charmante, divisée avec une merveilleuse exactitude
en deux compartiments d’une contenance adéquate, à un
millionième près.

D’un côté, les asticots cueillis sur des animaux nobles ; de
l’autre, les vers petits, rouges, frétillants, que je m’empres-
serais de cacher si je recevais des Chinois.

Et là-dessus, ma vieille Brigitte, je te promets une de ces
matelottes à t’en passer 1a. langue autour du corps.

Brigitte souriait doucement en me voyant partir, et, les
mains dans les poches de son tablier, dodelinant comme ça
de la tête et baritonnant entre ses chicots des apostrophes
dans ce genre-ci :

— Va donc, vieil idiot... Si je compte sur tes goujons

pour te faire à becqueter ce soir_Malheur, s’il n’y avait

pas de beefteacks chez le boucher !.

Et autres aménités qui me suivent jusqu’à la Seine, sans
que je les entende, heureusement.

«\J/1

Le temps est un peu lourd, si vous voulez, mais il fait bon
vivre au bord de la Seine, quand on a de quoi vivre sans se
presser, en pêchant à la ligne.

Me voilà sur la berge.

Je déroule paisiblement mon crin ; j’enfile mon amorce
parfois récalcitrante (je ne déteste pas la lutte) et je lance
le tout au fil de l’onde.

J’ai choisi un bon endroit, un remous, où l’eau est noire.
Mon bouchon remue toujours, ce qui me procure un tas de
petites émotions. Je crois toujours que ça mord.

Oui, ça mord.

«M/i

J’allais tirer, lorsque ce gredin de Cornichard me tape
sur la main en disant :

— C’est le fond, mon vieux, c’est le fond.

Je maugrée, mais n’en tire pas moins.

Cornichard inspecte en reniflant mon crin et constate
avec étonnement la présence d’un nombre anormal de
plombs.

— Trop de plombs à la ligne, vieille cruche, marmotte-
t-il.

Et il va s’installer à deux pas de moi.

Moi je fais mentalament cette cette réflexion :

— Et toi, pas assez de plomb dans la tête !

«MT»

Cornichard est un désœuvré qui n’apporte pas la moindre
conviction sur les bords de la Seine.

Il pêche comme on bâille, comme on lit Y Union.

Et il a la manie de s’asseoir près de moi.

S’il lance sa ligne, il fait un tapage à tout casser.

— Mais Cornichard, vous effarouchez le poisson !

— Comment, il y a donc du poisson ici ?

— Dame, puisqu’il y a de l’eau.

— Ça ne prouve rien. Montrez-m’en donc des poissons. Je
ferai empailler votre petit premier.

— Que faites-vous ici, vous, alors, Cornichard?

— Moi, je viens me laver les pieds.

— C’est ignoble.

Cornichard pique son fer de lance (le lâche!) dans le ta-
lus, et fait ce qu’il dit.

Vous sentez bien que c’est désagréable au premier chef.

Quelquefois ça attire le poisson qui n’est pas dégoûté,
c’est vrai, mais si l’un d’eux fait mine de taquiner l’amorce
et de déterminer sur la surface du gouffre une cascade sou-
daine du bouchon, crac, mon Cornichard remue les pattes,
et mes goujons se tirent des nageoires...

Pour apaiser Cornichard, je lui demande des nouvelles de
son épouse et de mademoiselle Evangéline.

Je m’attends à ce qu’il va me répondre :

— Ça boulotte.

Mais pas du tout.

— Ça mord ! s’écrie-t-il en m’arrachant mon bambou des
mains.

— Tirez-donc, propre à rien !

Il a tiré pour moi, si adroitement, qu’il envoie ma ligne
sc promener dans les branches d’un arbre.,.

Et comme je suis trop gros pour y grimper, et comme

||l Cornichard est trop gros pour grimper lui aussi, me voilà
forcé d’attendre le premier voyou qui pa sera...

«M/i

Mon aimable compagnon pousse alors l’abnégation jusqu’à
m’offrir sa propre quenouille.

Si je veux examiner l’amorce, le voilà qui jure et s’é-
crie :

| — Ah! ça, vous n’avez donc pas de confiance en moi ?

I — Au contraire, Cornicliard.

s Voici qu’une libellule au corsage d’azur, aux ailes dia-
| prées, est venue se poser sur le jonc qui tremble,
jj (J’en pique sur des bouchons entomologiques.)
p Jo m’approche pour la saisir.

I — Ça mord, s’écrie Cornichard ! Tirez donc !

| Et je tire.

jj — Vous voyez bien qu’il n’y a rien, Cornichard. L’amorce
jj ne vaut rien.

| — Vous croyez ça, vous. Donnez-moi donc ça, et repre-

jj nez votre pliant.

j Je m’asseois sur mon pliant... les jambes en l’air.

| Et Cornichard rit à se tordre, en se mettant les poings

s sur les g< noux.

%

( — Pas de pliant ! s’écrie-t-il, en me montrant l’ustensile

î à quelques pas plus loin. Pas d’amorce! s’écrie-t-il encore,
en me montrant l’hameçon complètement nu ! Et dire que
c’est comme ça depuis une heure !

Cornichard est heureux et s’en va en rigolant toujours.

! — Si seulement ça voulait mordre !

Ol\j

Une suprême tentative !

Cornichard est parti.

Le bouchon palpite,
jj J’allonge le bras.

] Ça mord !

| — Allons, voyons, dit une voix grondeuse derrière moi,

jj vous ne lui ferez pas de mal à ce pauvre petit !
j C’est Brigitte Ü!

s Le mouvement que j’ai fait a suffi pour avertir le goujon
r du danger qu’il courait, et...

| —Va te faire frire ailleurs, conclut Brigitte,il y a encore

| des côtelettes chez le boucher !

E. TAB.

---—-

| SOUVENIR DE VACANCES

! .

^ J’avais seize ans, et j’étais calfeutré dans un lycée de
jj province, lorsque la quatrième épouse de mon oncle et tu-
| teur me fit appeler au parloir, et me dit d’une voix aigre-
I douce : « Mon enfant, si tu as le prix de thème grec, tu iras
« à Paris aux vacances prochaines. »

| Pourquoi ce choix du thème grec, plutôt que de toute au-
| tre faculté?

| Ah! voilà. C’est que ma tante, femme austère et sèche

I comme un parchemin de catéchisme, acariâtre et dévote à
faire peur au diable, nourrissait des préjugés invétérés
contre tout ce qui pouvait ressembler, de loin ou de près, à
t une œuvre d’imagination, et que mon professeur l’avait
« d’avance rassurée sur les effets de l’accentuation helléni-
| que. « Jamais, madame, un pareil exercice ne développera
« à l’excès l’intelligence de votre neveu; il la maintiendra
« au contraire à un niveau raisonnable, et dans un calme
« salutaire. L’étude de Burnouf exclut impitoyablement
« les idées folles et les rêveries fantaisistes.»

Satané pédagogue! maudit thème grec! il n’importe; je

voulais voir Paris, la ville des merveilles inconnues et.

la patrie de ma cousine. Je me dévouai ; à force de patience
et d’abrutissement, je remportai le prix demandé.

Ah! Jeanne, ma jolie cousine, c’est bien à toi que je dois
d’avoir appris quatre mots de cette langue, qui depuis ne

Im’a pas même servi à reconnaître les grecs de nos tripots.



* *

Le voyage n’offrit rien de particulier, sinon que j’avais
pour compagne mon affreuse tante, et que, comme les ca-
hots des wagons faisaient danser devant ses regards les
caractères de son livre de prières, je fus obligé de lui dé-
i chiffrer ses Heures durant quatre idem.

I11 Enfin, nous voici dans la capitale de la civilisation; à

travers les stores du fiacre, j’écarquille mes yeux de pro-
vincial pour mieux admirer l’animation qui règne sur les
j boulevards.

Quel coup d’œil féerique ce doit être, le soir, à la lueur des
j milliers de becs de gaz. Et ces femmes, que j’entrevois dans
; mes désirs d’adolescent, comme elles doivent être séduisantes
avec leur tournure et leur démarche de Parisiennes !
j Hélas! j’avais compté sans la fatigue et la pruderie de la
\ quatrième épouse de mon oncle et tuteur. Quinze jours de
suite, j’ai dû me résigner à visiter Paris, à son bras, et
voici, en abrégé, le programme ordinaire de nos distrac-
tions. Lever à six heures; départ pour une église quelcon-
que, où nous assistons à une première messe; il m’est re-
commandé d’y prier pour mon oncle.

Sept heures et demie, départ pour une autre église; nou-
velle messe pour demander à mon saint patron le succès de
I mon baccalauréat, que je vais passer dans deux ans.

I Neuf heures, départ pour une troisième église et troisième
messe, afin d’implorer le salut des petits Chinois (rien de la
mère Moreau) abandonnés par des parents barbares.

Onze heures, retour et déjeuner mélancoliques.

| L’après-midi était consacrée à des visites aux différentes
| confréries, où l’on me fait incorporer.

*

| * *

| Une seule fois, pourtant, ma tante a consenti à me mener
I au Jardin-des-Plantes ; par malheur, il lui avait pris fantai-
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