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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0016

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L’UNIVERS.

Il est encore un détail important à
traiter, c’est la question d’argent et celle
du backchich^ mot turc que les voya-
geurs apprennent bien vite à connaître,
et qui n’a pas d’analogue dans les au-
tres pays. Backchich veut dire à la fois
présent, pour boire, bonne main, et ne
signifie pas seulement rémunération
d’un petit service, c’est une libéralité
gratuite que l’on attend de l’étranger.
Mais comme le présent se borne ordi-
nairement à quelque menue monnaie,
il n’est pas très-onéreux quand on
peut le donner sous cette forme ; voilà
pourquoi il est très-important d’avoir
avec soi une certaine provision de pias-
tres et de demi-piastres.
Pour les fonds que l’on doit emporter
avec soi, les banquiers de Smyrne et de
Constantinople ont aujourd’hui beau-
coup plus de relations qu’autrefois avec
les villes de l’intérieur. Il sera donc
possible de se procurer des traites sur
Smyrne, Angora, Césarée et Alep.
Ainsi organisée, nous conduirons
notre caravane dans les régions les
plus reculées de la péninsule et lui dé-
velopperons toutes les beautés de la
nature et de l’art qu’elle renferme.
CHAPITRE III.
DIVISION DE l’oüVBAGE.
Les géographes anciens ne parais-
sent pas avoir adopté de plan fixe dans
les descriptions de l’Asie Mineure qui
sont parvenues jusqu’à nous. Strabon
commence par la province centrale de
la Cappadoce, et marche de l’est à
l’ouest sans s’attacher à un ordre mé-
thodique. Scylax fait le tour de la
presqu’île depuis le Pont jusqu’à la
Cilicie; nous le suivrons dans son pé-
riple. Pline et Mêla suivent une mar-
che contraire. Les géographes modernes
ont adopté plus volontiers, dans la des-
cription de la presqu’île d’Asie, l’ordre
des provinces du septentrion au midi ;
c’est en effet ordinairement par la Bi-
thynie que presque tous les voyageurs
qui ont décrit le pays sont entres dans
lAsie Mineure; nous adopterons la
même marche. Nous étudierons la Bi-
thvnie et les provinces centrales pour

revenir ensuite au bord de la mer dans
la Mysie, l’Æolide et la Carie.
La géographie pure exigerait que
nous suivissions l’ordre des bassins des
fleuves; mais cette méthode a l’incon-
vénient de morceler l’histoire des pro-
vinces et de jeter le lecteur dans une
sorte de confusion. Nous pensons qu’il
vaut mieux étudier chaque province
séparément; les populations qui les ont
successivement occupées ont formé des
groupes distincts qui seront mieux sai-
sis par cette méthode, et les caractères
des monuments et des mœurs présen-
teront un tableau plus complet.
Entre les œuvres d’art des Grecs de
l’Ionie, les monumentstaillésdans le roc
de la Lycie, et les grottes grossière-
ment ébauchées de la Cappadoce, entre
les villes de marbre bâties par les
Grecs et les constructions gigantesques
des Lélèges et des Mèdes, la différence
ne vient pas seulement des races qui
les ont élevés, elle tient aussi à la for-
mation du sol où vécurent ces diffé-
rentes populations ; le caractère de l’ar-
chitecture change avec la nature des
matériaux que l’on peut mettre en œu-
vre. Les premiers édifices en brique et
en pisé furent bâtis dans les plaines de
la Chaldée et de la Babylonie, et le dé-
faut de bois de construction dut con-
duire les habitants à inventer la voûte
pour couvrir leurs monuments. Les
contrées montagneuses où la roche est
tendre et facile à travailler offrirent
aux populations troglodytes des repaires
commodes, et les grands rochers cal-
caires de la Perse et de la Médie furent
pris comme le livre impérissable où
les conquérants d’alors firent graver
leurs exploits.
La fine et précise architecture des
Grecs n’aurait jamais orné les villes
et les colonies anciennes si d’inépui-
sables carrières de marbre n’eussent
fourni d’abondants et de riches maté-
riaux aux artistes d’Europe ou d’A-
sie. Si les vallées où coulent de grands
fleuves ont souvent servi de frontières
aux États, elles ont rarement arrêté
l’essor des conquérants : la marche de
l’histoire ne doit donc en tenir compte
que dans le cas où elles ont réelle-
ment formé une barrière entre des
races distinctes. comme fit le fleuve
 
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