ASIE MINEURE.
Le régime diététique est des plus
simples : se conformer à la manière de
vivre du pays. L’usage du vin , du ta-
bac, du café n’a rien de nuisible. Ceux
dont l’estomac pourra s’accommoder
du laitage sous toutes les formes trou-
veront une ressource précieuse dans cet
aliment. Les fruits sont généralement
bons et très-abondants en Asie ; mais il
faut savoir les choisir dans leur pro-
vince natale. Les raisins de Smyrne,
les poires d’Angora, les melons de
Cassaba sont d’un usage salutaire quand
on ne les prend pas par excès. Mais il
faut s’abtenir autant que possible de
toutes les solanées comme tomates mé-
longènes et des concombres crus, dont
les indigènes font un usage immodéré.
Pour tout dire en un mot, le voya-
geur fera bien de ne pas s’écarter du
régime alimentaire qu’il suivait dans son
pays. Ceux qui ont l’habitude du thé
peuvent en faire usage à toute heure
pour boisson habituelle; elle remplace
avantageusement le vin , qui est rare et
médiocre dans l’intérieur.
Les salaisons ne sont pas un aliment
sain ; on n’en trouve pas à acheter dans
l’intérieur, et celles qu’on emporte ne
tardent pas à devenir rances.
Ceux qui ne craignent pas d’augmen-
ter leur bagage pourront emporter
quelques boîtes de conserves et de lé-
gumes secs; mais il est surtout impor-
tant de se pourvoir d’un sac de biscuits
qu’on appelle à Smyrne paximada pour
le cas où l’on ne trouverait pas de pain
dans les haltes, et cela arrive fréquem-
ment lorsqu’on entre dans les régions des
nomades. En effet ces tribus ne cuisent
pas de pain, mais préparent au mo-
ment du repas des galettes appelées
pita et qui ne sont autre chose que de
la pâte non levée , chauffée pendant
quelques minutes sur une plaque de
tôle. On est toujours certain de trouver
en route à s’approvisionner de viande
de mouton , d’œufs et de poules. Celui
qui prend goût aux préparations de lai-
tage que font les nomades se trouve
assuré contre toute privation ; car
dans toutes les tribus, comme dans les
villages, le lait est abondant. On le
consomme doux ou aigri; il prend alors
le nom de youhourt, et fait pour
ainsi dire la base de la nourriture de
toutes les populations champêtres. Les
mesures hygiéniques à prendre sont
des plus simples; excepté quelques can-
tons marécageux comme Éphèse et
quelques embouchures de fleuves, le
pays est d’une salubrité complète. Il
faut avoir soin de ne jamais dormir la
nuit en plein air pour ne pas contrac-
ter d’ophtalmies et de ne pas dormir
en plein soleil. Les vêtements que l’on
doit porter ne diffèrent en rien de ceux
que l’on porte en Europe; ceux qui sont
habitués aux vêtements de flanelle ne
devront pas les quitter à cause de la
chaleur ; une ceinture de laine est un
bon préservatif contre les refroidisse-
ments.
Nous devons, avant de terminer cette
question d’hygiène, dire un mot d’un
fléau qui pendant bien longtemps a été
un sujet d’effroi pour les voyageurs eu-
ropéens ; noue voulons parler de la
peste, puisqu il faut l’appeler par son
nom. Lorsque nous sommes arrivé en
Orient, nous venions comme tous les
autres dans la persuasion que la fuite
seule pourrait mettre à l’abri de l’atteinte
de la contagion ;. que le moindre attou-
chement, le plus petit contact suffisaient
pour faire contracter la peste, et c’est
dans ces idées, partagées du reste par
une partie de la population franque de
l’Orient, que nous traversâmes plusieurs
épidémies. Car de 1833 à 1842 la peste
se manifesta dans les differentes régions
de la Turquie d'Asie sous la forme de
plus de trente épidémies dont quelques-
unes furent très-meurtrières.Les précau-
tions que nous croyions devoir prendre
en voyageant ne nous mettaient pas tou-
jours à l’abri du contact, et nous finîmes
par reconnaître que les dangers que
peut présenter la peste ont. toujours été
fort exagérés. Notre expérience person-
nelle ne suffirait certainement pas pour
donner un conseil à ce sujet; mais de-
puis cette époque les médecins du Caire
ont recueilli et publié des observations
qui peuvent rassurer ceux que leurs pé-
régrinations conduiraient dans des con-
trées où la peste se manifeste. Nous re-
viendrons plus tard sur ce sujet, qui ne
peut être traité d’une manière incidente.
La peste d’ailleurs ne se manifeste plus
qu’à de rares intervalles et. tend à dis-
paraître de l’Orient.
Le régime diététique est des plus
simples : se conformer à la manière de
vivre du pays. L’usage du vin , du ta-
bac, du café n’a rien de nuisible. Ceux
dont l’estomac pourra s’accommoder
du laitage sous toutes les formes trou-
veront une ressource précieuse dans cet
aliment. Les fruits sont généralement
bons et très-abondants en Asie ; mais il
faut savoir les choisir dans leur pro-
vince natale. Les raisins de Smyrne,
les poires d’Angora, les melons de
Cassaba sont d’un usage salutaire quand
on ne les prend pas par excès. Mais il
faut s’abtenir autant que possible de
toutes les solanées comme tomates mé-
longènes et des concombres crus, dont
les indigènes font un usage immodéré.
Pour tout dire en un mot, le voya-
geur fera bien de ne pas s’écarter du
régime alimentaire qu’il suivait dans son
pays. Ceux qui ont l’habitude du thé
peuvent en faire usage à toute heure
pour boisson habituelle; elle remplace
avantageusement le vin , qui est rare et
médiocre dans l’intérieur.
Les salaisons ne sont pas un aliment
sain ; on n’en trouve pas à acheter dans
l’intérieur, et celles qu’on emporte ne
tardent pas à devenir rances.
Ceux qui ne craignent pas d’augmen-
ter leur bagage pourront emporter
quelques boîtes de conserves et de lé-
gumes secs; mais il est surtout impor-
tant de se pourvoir d’un sac de biscuits
qu’on appelle à Smyrne paximada pour
le cas où l’on ne trouverait pas de pain
dans les haltes, et cela arrive fréquem-
ment lorsqu’on entre dans les régions des
nomades. En effet ces tribus ne cuisent
pas de pain, mais préparent au mo-
ment du repas des galettes appelées
pita et qui ne sont autre chose que de
la pâte non levée , chauffée pendant
quelques minutes sur une plaque de
tôle. On est toujours certain de trouver
en route à s’approvisionner de viande
de mouton , d’œufs et de poules. Celui
qui prend goût aux préparations de lai-
tage que font les nomades se trouve
assuré contre toute privation ; car
dans toutes les tribus, comme dans les
villages, le lait est abondant. On le
consomme doux ou aigri; il prend alors
le nom de youhourt, et fait pour
ainsi dire la base de la nourriture de
toutes les populations champêtres. Les
mesures hygiéniques à prendre sont
des plus simples; excepté quelques can-
tons marécageux comme Éphèse et
quelques embouchures de fleuves, le
pays est d’une salubrité complète. Il
faut avoir soin de ne jamais dormir la
nuit en plein air pour ne pas contrac-
ter d’ophtalmies et de ne pas dormir
en plein soleil. Les vêtements que l’on
doit porter ne diffèrent en rien de ceux
que l’on porte en Europe; ceux qui sont
habitués aux vêtements de flanelle ne
devront pas les quitter à cause de la
chaleur ; une ceinture de laine est un
bon préservatif contre les refroidisse-
ments.
Nous devons, avant de terminer cette
question d’hygiène, dire un mot d’un
fléau qui pendant bien longtemps a été
un sujet d’effroi pour les voyageurs eu-
ropéens ; noue voulons parler de la
peste, puisqu il faut l’appeler par son
nom. Lorsque nous sommes arrivé en
Orient, nous venions comme tous les
autres dans la persuasion que la fuite
seule pourrait mettre à l’abri de l’atteinte
de la contagion ;. que le moindre attou-
chement, le plus petit contact suffisaient
pour faire contracter la peste, et c’est
dans ces idées, partagées du reste par
une partie de la population franque de
l’Orient, que nous traversâmes plusieurs
épidémies. Car de 1833 à 1842 la peste
se manifesta dans les differentes régions
de la Turquie d'Asie sous la forme de
plus de trente épidémies dont quelques-
unes furent très-meurtrières.Les précau-
tions que nous croyions devoir prendre
en voyageant ne nous mettaient pas tou-
jours à l’abri du contact, et nous finîmes
par reconnaître que les dangers que
peut présenter la peste ont. toujours été
fort exagérés. Notre expérience person-
nelle ne suffirait certainement pas pour
donner un conseil à ce sujet; mais de-
puis cette époque les médecins du Caire
ont recueilli et publié des observations
qui peuvent rassurer ceux que leurs pé-
régrinations conduiraient dans des con-
trées où la peste se manifeste. Nous re-
viendrons plus tard sur ce sujet, qui ne
peut être traité d’une manière incidente.
La peste d’ailleurs ne se manifeste plus
qu’à de rares intervalles et. tend à dis-
paraître de l’Orient.