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L’UNIVERS.
sions dans les bazars, et accompagne
le voyageur dans les visites qu’il fait
aux autorités.
L’organisation de la caravane exige
beaucoup de soins. Autrefois le service
des postes d’Asie, qui était établi depuis
Cyrus, fonctionnait assez régulièrement ;
le ferman donnait droit à être servi comme
ageut et au tarif du gouvernement. Le
prix était une piastre, 0,25 cent, par
cheval et par heure de marche; mais
aujourd’hui ce service est presque dé-
sorganisé; de plus les prix ont été con-
sidérablement augmentés ; il est mieux
de faire un traité avec un caravaneur
arménien, un katergi, qui se charge,
moyennant un contrat passé de gré à
gré, de fournir pendant tout le temps
du voyage, et sur toute route, le nombre
de chevaux requis. Il se charge en outre
de la nourriture et de tout le personnel
des palefreniers {surutgï), et s’engage à
remplacer tout cheval qui viendrait à
manquer en route. Celui qui désirerait
une monture plus fine que les chevaux
de caravane, et avoir un cheval à lui,
ferait toujours bien de stipuler la nour-
riture de son cheval par le katergi; sans
cela il courrait risque d’être rançonné
dans les villages où il s’arrêterait.
Le matériel du voyage se compose
de deux paires de cantines, en bois ou
en cuir, d’une petite tente, d’un lit
pliant avec quelques tapis, enfin d’une
cuisine portative, une marmite, des
assiettes de fer battu et deux petits ton-
neaux pour l’eau. Les autres cantines
contiennent les livres de voyage, les
instruments, tels que boussole, lu-
nettes, et les objets qui servent à la
spécialité des recherches que l’on veut
faire. Ainsi aujourd'hui, la plupart de
ceux qui voyagent pour étudier les mo-
numents ne manqueront pas d’emporter
un appareil photographique; mais si
l’on veut un bagage plus portatif, il suffit
de se munir d’une caméra lucida, petit
instrument qui offre les ressources les
plus étendues. Il faut aussi emporter
un grand parasol de paysagiste qui sert
en même temps pour s’abriter dans les
courtes haltes que l’on fait en route.
CHAPITRE II.
HYGIÈNE. '
Au nombre des provisions utiles, on
doit compter une petite pharmacie con-
tenant les médicaments les plus usuels,
comme le sulfate de quinine, du lau-
danum, de l’ammoniaque, quelques
prises de purgatifs, une trousse conte-
nant ciseaux, lancettes, pierre infernale
et quelques bandes dans le cas d’un
accident. Il est utile d’emporter un
scarificateur avec des ventouses à pompe.
Ce petit instrument, qui remplace avan-
tageusement les sangsues, peut rendre
de grands services. Dans presque toutes
les eaux stagnantes de l’Asie l’on trouve
des sangsues; mais il faut avoir soin
de les faire dégorger pendant quel-
ques jours avant de les employer ; sans
cela leur morsure peut être venimeuse
et causer des abcès. Une boîte de cly-
sopompe ne devra pas être oubliée, ainsi
qu’une pièce de diachylon contre les
clous et furoncles que l’excès de la cha-
leur peut faire naître. Le moindre soin
médical que l’on donne à ses gens est
toujours du meilleur effet; ils en sont
très-reconnaissants et servent avec plus
de zèle.
Il est à peu près inutile d’appeler un
des médeciusdu pays, tant leur ignorance
est grande; mais maintenant dans pres-
que toutes les villes on trouve des méde-
cins européens. Ce sont les barbiers du
pays qui se chargent de faire les sai-
gnées ; ils saignent ordinairement les
malades soit du pied soit de la main, et
laissent le membre dans un bassin d’eau
chaude. Dans l’ignorance où ils sont
de l’anatomie, ils se hasardent rarement
à faire une saignée du bras dans la
crainte d’un accident. On fera bien du
reste, avant d’entreprendre un long
voyage, de prendre une consultation
écrite de son propre médecin qui don-
nera des conseils selon le tempérament.
Mais en route il ne faut pas négliger
les petites indispositions, que la fatigue
aggrave promptement, surtout les fiè-
vres et la dyssenterie. Les insolations
doivent être soigneusement évitées, en
ayant soin de porter un chapeau à large
bord et de ne jamais stationner pour
dessiner ou écrire qu’à l’abri d’un parasol.
L’UNIVERS.
sions dans les bazars, et accompagne
le voyageur dans les visites qu’il fait
aux autorités.
L’organisation de la caravane exige
beaucoup de soins. Autrefois le service
des postes d’Asie, qui était établi depuis
Cyrus, fonctionnait assez régulièrement ;
le ferman donnait droit à être servi comme
ageut et au tarif du gouvernement. Le
prix était une piastre, 0,25 cent, par
cheval et par heure de marche; mais
aujourd’hui ce service est presque dé-
sorganisé; de plus les prix ont été con-
sidérablement augmentés ; il est mieux
de faire un traité avec un caravaneur
arménien, un katergi, qui se charge,
moyennant un contrat passé de gré à
gré, de fournir pendant tout le temps
du voyage, et sur toute route, le nombre
de chevaux requis. Il se charge en outre
de la nourriture et de tout le personnel
des palefreniers {surutgï), et s’engage à
remplacer tout cheval qui viendrait à
manquer en route. Celui qui désirerait
une monture plus fine que les chevaux
de caravane, et avoir un cheval à lui,
ferait toujours bien de stipuler la nour-
riture de son cheval par le katergi; sans
cela il courrait risque d’être rançonné
dans les villages où il s’arrêterait.
Le matériel du voyage se compose
de deux paires de cantines, en bois ou
en cuir, d’une petite tente, d’un lit
pliant avec quelques tapis, enfin d’une
cuisine portative, une marmite, des
assiettes de fer battu et deux petits ton-
neaux pour l’eau. Les autres cantines
contiennent les livres de voyage, les
instruments, tels que boussole, lu-
nettes, et les objets qui servent à la
spécialité des recherches que l’on veut
faire. Ainsi aujourd'hui, la plupart de
ceux qui voyagent pour étudier les mo-
numents ne manqueront pas d’emporter
un appareil photographique; mais si
l’on veut un bagage plus portatif, il suffit
de se munir d’une caméra lucida, petit
instrument qui offre les ressources les
plus étendues. Il faut aussi emporter
un grand parasol de paysagiste qui sert
en même temps pour s’abriter dans les
courtes haltes que l’on fait en route.
CHAPITRE II.
HYGIÈNE. '
Au nombre des provisions utiles, on
doit compter une petite pharmacie con-
tenant les médicaments les plus usuels,
comme le sulfate de quinine, du lau-
danum, de l’ammoniaque, quelques
prises de purgatifs, une trousse conte-
nant ciseaux, lancettes, pierre infernale
et quelques bandes dans le cas d’un
accident. Il est utile d’emporter un
scarificateur avec des ventouses à pompe.
Ce petit instrument, qui remplace avan-
tageusement les sangsues, peut rendre
de grands services. Dans presque toutes
les eaux stagnantes de l’Asie l’on trouve
des sangsues; mais il faut avoir soin
de les faire dégorger pendant quel-
ques jours avant de les employer ; sans
cela leur morsure peut être venimeuse
et causer des abcès. Une boîte de cly-
sopompe ne devra pas être oubliée, ainsi
qu’une pièce de diachylon contre les
clous et furoncles que l’excès de la cha-
leur peut faire naître. Le moindre soin
médical que l’on donne à ses gens est
toujours du meilleur effet; ils en sont
très-reconnaissants et servent avec plus
de zèle.
Il est à peu près inutile d’appeler un
des médeciusdu pays, tant leur ignorance
est grande; mais maintenant dans pres-
que toutes les villes on trouve des méde-
cins européens. Ce sont les barbiers du
pays qui se chargent de faire les sai-
gnées ; ils saignent ordinairement les
malades soit du pied soit de la main, et
laissent le membre dans un bassin d’eau
chaude. Dans l’ignorance où ils sont
de l’anatomie, ils se hasardent rarement
à faire une saignée du bras dans la
crainte d’un accident. On fera bien du
reste, avant d’entreprendre un long
voyage, de prendre une consultation
écrite de son propre médecin qui don-
nera des conseils selon le tempérament.
Mais en route il ne faut pas négliger
les petites indispositions, que la fatigue
aggrave promptement, surtout les fiè-
vres et la dyssenterie. Les insolations
doivent être soigneusement évitées, en
ayant soin de porter un chapeau à large
bord et de ne jamais stationner pour
dessiner ou écrire qu’à l’abri d’un parasol.