LIVRE II.
LA BITHYNIE.
CHAPITRE PREMIER.
PREMIERS COLONS DE LA BITHYNIE.
LIMITES DE LA CONTRÉE.
La grande et fertile contrée qui est
située sur les bords de la mer Noire, du
Bosphore et de la Propontide, et que
les Grecs et les Romains ont appelée
Bithynie, était, dans l’origine, occupée
par le peuple des Bébryces (1), et por-
tait le nom de Bébrvcie (2). Lorsque les
Argonautes remontèrent dans la Pro-
pontide , les Bébryces étaient gouvernés
par le roi Amycus , fils de Neptune et
de la nymphe Bithynis (3). Mais ce nom
paraît apocryphe, car les autres au-
teurs anciens se taisent sur ce point;
Pline et Strabon déclarent formelle-
ment que la Bithynie reçut ce nom
après l’invasion des Thracês, nommés
Bithyniens et Thyniens.
Tout ce qui est relatif à l’histoire
primitive de cette contrée est tellement
obscur, que les historiens anciens eux-
mêmes sont loin d’être d’accord sur le
petit nombre de faits qui nous sont
parvenus. D’après un scoliaste d’Apol-
lonius de Rhodes , les Bébryces n’occu-
paient pas tout le pays qui fut depuis
la Bithynie, mais ils s’étendaient au
couchant fort au delà de ses limites.
« Amycus était roi des Bébryces dans la
Bithynie, et possédait principalement
le pays vers les côtes (4). » Charon pré-
tend que l’on donnait anciennement le
nom de Bébrycie au pays des Lampsa-
ciens. Le territoire de Lampsaque se
(1) Serviiis, Comment, sur l’Énéide,
liv. V, p. 373.
(2) Proxima Behricii panduntur limina
reg/ti, Valer. Flaccus, liv. IV, p. 99.
(3) Apollod. Bibl., liv. I, ch. VIII, § 20.
(4) Scholiasta Parisensia ad Apollon. Rho-
diensem. Argon., liv. II, ch. II, p. 11A
Schæfer.
trouvait hors de la Bithynie an-
cienne (1).
Étienne de Byzance fait descendre
cette peuplade des Bébryciens de Bé-
bryce ou de Bébrycée, sans indiquer
qu’elle ait aucune communauté d’ori-
gine avec les Bébryciens d’Espagne (2).
Ce qui paraît certain, c’est que la na-
tion des Bithyniens ne descend pas de
celle des Bébryces, car celle-ci tut ex-
terminée par la guerre (3). Si les Bé-
bryces ne sont pas cités par Homère
dans le recensement, c’est que, selon
la remarque d’Apollodore, ils sont
compris sous le nom des Phrygiens
avec les Dotions. Et quoique Strabon
dise positivement que les Bébryces sont
originaires de Thrace (4), il est certain
qu’ils sont venus s’établir en Asie long-
temps avant la guerre de Troie.
Tous ces faits épars dans les histo-
riens concourent à nous prouver que les
peuples qui occupaient l’Asie Mineure
dans les derniers siècles avant notre ère,
étaient tous étrangers à la contrée.
Nous verrons, en étudiant les autres
provinces et en cherchant à débromller
le chaos de tribus et de peuplades qui
se sont succédé depuis le quatorzième
siècle av. J.-C., que la majorité des
peuples qui ont occupé la partie de la
presqu’île située à l’occident de l’Ha-
lys, était originaire d’Europe. C’est la
Thrace qui a fourni le plus fort con-
tingent de population à la partie sep-
tentrionale de l’Asie Mineure. Les
Dryopes, qui se mêlèrent avec les Bé-
bryces , avaient émigré avec les Athé-
(1) Les Bébryces et les Dryopes occupaient
les environs d’Abydos. Strabon, liv. XIII,
p. 586; Hérodote, liv. I, eh. CXLVI.
(2) Verbo Beêpvxœv.
(3) Ératosthènes cité par Pline , llist. na-
tur., liv. V, ch. XXX; Apollonius de Rhod.,
Argon., liv. II, ch. II, p. 118. Schæfer.
(4) Strabon, liv. XHI, p. 586; Hérod.,
liv. I, ch. CXLVI.
LA BITHYNIE.
CHAPITRE PREMIER.
PREMIERS COLONS DE LA BITHYNIE.
LIMITES DE LA CONTRÉE.
La grande et fertile contrée qui est
située sur les bords de la mer Noire, du
Bosphore et de la Propontide, et que
les Grecs et les Romains ont appelée
Bithynie, était, dans l’origine, occupée
par le peuple des Bébryces (1), et por-
tait le nom de Bébrvcie (2). Lorsque les
Argonautes remontèrent dans la Pro-
pontide , les Bébryces étaient gouvernés
par le roi Amycus , fils de Neptune et
de la nymphe Bithynis (3). Mais ce nom
paraît apocryphe, car les autres au-
teurs anciens se taisent sur ce point;
Pline et Strabon déclarent formelle-
ment que la Bithynie reçut ce nom
après l’invasion des Thracês, nommés
Bithyniens et Thyniens.
Tout ce qui est relatif à l’histoire
primitive de cette contrée est tellement
obscur, que les historiens anciens eux-
mêmes sont loin d’être d’accord sur le
petit nombre de faits qui nous sont
parvenus. D’après un scoliaste d’Apol-
lonius de Rhodes , les Bébryces n’occu-
paient pas tout le pays qui fut depuis
la Bithynie, mais ils s’étendaient au
couchant fort au delà de ses limites.
« Amycus était roi des Bébryces dans la
Bithynie, et possédait principalement
le pays vers les côtes (4). » Charon pré-
tend que l’on donnait anciennement le
nom de Bébrycie au pays des Lampsa-
ciens. Le territoire de Lampsaque se
(1) Serviiis, Comment, sur l’Énéide,
liv. V, p. 373.
(2) Proxima Behricii panduntur limina
reg/ti, Valer. Flaccus, liv. IV, p. 99.
(3) Apollod. Bibl., liv. I, ch. VIII, § 20.
(4) Scholiasta Parisensia ad Apollon. Rho-
diensem. Argon., liv. II, ch. II, p. 11A
Schæfer.
trouvait hors de la Bithynie an-
cienne (1).
Étienne de Byzance fait descendre
cette peuplade des Bébryciens de Bé-
bryce ou de Bébrycée, sans indiquer
qu’elle ait aucune communauté d’ori-
gine avec les Bébryciens d’Espagne (2).
Ce qui paraît certain, c’est que la na-
tion des Bithyniens ne descend pas de
celle des Bébryces, car celle-ci tut ex-
terminée par la guerre (3). Si les Bé-
bryces ne sont pas cités par Homère
dans le recensement, c’est que, selon
la remarque d’Apollodore, ils sont
compris sous le nom des Phrygiens
avec les Dotions. Et quoique Strabon
dise positivement que les Bébryces sont
originaires de Thrace (4), il est certain
qu’ils sont venus s’établir en Asie long-
temps avant la guerre de Troie.
Tous ces faits épars dans les histo-
riens concourent à nous prouver que les
peuples qui occupaient l’Asie Mineure
dans les derniers siècles avant notre ère,
étaient tous étrangers à la contrée.
Nous verrons, en étudiant les autres
provinces et en cherchant à débromller
le chaos de tribus et de peuplades qui
se sont succédé depuis le quatorzième
siècle av. J.-C., que la majorité des
peuples qui ont occupé la partie de la
presqu’île située à l’occident de l’Ha-
lys, était originaire d’Europe. C’est la
Thrace qui a fourni le plus fort con-
tingent de population à la partie sep-
tentrionale de l’Asie Mineure. Les
Dryopes, qui se mêlèrent avec les Bé-
bryces , avaient émigré avec les Athé-
(1) Les Bébryces et les Dryopes occupaient
les environs d’Abydos. Strabon, liv. XIII,
p. 586; Hérodote, liv. I, eh. CXLVI.
(2) Verbo Beêpvxœv.
(3) Ératosthènes cité par Pline , llist. na-
tur., liv. V, ch. XXX; Apollonius de Rhod.,
Argon., liv. II, ch. II, p. 118. Schæfer.
(4) Strabon, liv. XHI, p. 586; Hérod.,
liv. I, ch. CXLVI.