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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0103

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ASIE MINEURE.

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rappelaient, ni par leur goût ni par la
solidité de leur construction, les monu-
ments élevés à la belle époque de l'art.
L’empereur Claude II, trente ans
plus tard, éleva les deux portes qui exis-
tent aujourd’hui au sud de la ville
et à l’ouest du côté du lac; les inscrip-
tions qu’on lit encore sur les architraves
lui attribuent la reconstruction des mu-
railles.
L’époque brillante de la ville de Ni-
cée est celle où la religion chrétienne,
protégée par l’empereur, prit son essor
et sortit victorieuse des persécutions du
paganisme que les chrétiens dissidents
tentaient de renouveler. Le premier
concile œcuménique, dans lequel trois
cent dix-huit évêques déterminèrent les
actes de la foi catholique , fixèrent le
temps de Pâques, posèrent les bases de
la discipline ecclésiastique, et con-
damnèrent l’hérésie d’Arius ; ce cé-
lèbre concile se tint, non pas dans
une église, mais dans le palais im-
périal.
Sous le règne de Valens, la ville
souffrit encore des atteintes d’un
tremblement de terre qui endommagea
ses édifices publics; ils furent re-
construits par la libéralité de l’empe-
reur (1).
Sous le règne de Justinien, la ville
reçut des embellissements considéra-
bles , et les temples détruits furent
remplacés par des églises et des mo-
nastères. Procope nous apprend que
cet empereur fonda plusieurs établis-
sements religieux pour les hommes et
pour les femmes. 11 restaura le palais
qui avait été presque entièrement dé-
truit, et rétablit un aqueduc mis hors
d’usage par la vétuste; c’est probable-
ment celui qui apporte encore aujour-
d’hui ses eaux dans la ville par la porte
de Lefké. Nous savons, par le même
auteur, que Justinien fit construire des
thermes près de l’hôtellerie des cour-
riers \2). L’importance de cet établis-
sement ressortait du grand nombre de
routes qui, de tous les points de l’em-
pire, venaient converger vers cette ville.
(t) Chronicon Paschale, page 55;, éd. de
Bonne.
(2) Fercdariorum Diversorio..,.. Procope,
de Ædificiis.

Il n’existe plus rien des thermes d6
Justinien, et les grands bains bâtis par
les sultans , abandonnés à la dévasta-
tion et à l’incurie, ne sont [dus que des
ruines ajoutées à celles qui jonchent le
sol de Nicée.
La célébrité que Nicée s’était ac-
quise par les deuxconcilesqui se tinrent
daus son enceinte, la plaça toujours
au premier rang des métropoles ecclé-
siastiques. Favorisée de toutes les ma-
nières par les empereurs grecs, elle
devint le principal objet des attaques
des conquérants arabes, qui, arrivés
comme chefs de tribus errantes dans le
sud de l’Asie Mineure, avaient en peu
de temps fondé un État dont la puis-
sance devint redoutable au vieil empire
de Byzance. Sous les premiers califes,
les Arabes s’avancèrent en vainqueurs
jusqu’à Héraclée de Bithynie, et ne se
retirèrent qu’après avoir signé avec les
empereurs byzantins des traités qui
accordaient aux musulmans de grands
avantages. Mais la paix ne fut pas de
longue durée, et leurs armes victorieu-
ses vinrent se briser contre les rem-
parts de Nicée, qui, malgré les échecs
réitérés qu’elle avait éprouvés, était en-
core la place forte la plus redoutable
de toute la contrée. Les empereurs
Léon le Philosophe et Constantin Por-
phyrogénète, son fils, qu’il avait eu de
Zoé, sa troisième femme, élevèrent les
murailles de marbre avec les tours qui
se voient au nord-est de la ville, et
constatèrent par une inscription leur
victoire sur les Arabes, vers 912.
Ces succès éloignèrent pour quelque
temps les entreprises des Arabes ; mais
vers le milieu du onzième siècle U 074),
Soliman le Seldjoukide, sultan d’Ico-
nium, conquit Nicée, qui lui fut cédée
en toute propriété par l’empereur grec,
Nicéphore Botoniates; il y établit sa
résidence. Les deux fils de Soliman,
s’étant, à la mort de leur père, échap-
pés de la prison où ils étaient retenus,
se rendirent à Nicée, où ils furent re-
çus avec tous les honneurs dus au sang
des sultans, et le gouverneur de la ville
la remit entre leurs mains, comme un
bien qui leur appartenait par droit de
naissance. Kilidj-Arslan, l’aîné des
deux frères, voulant augmenter la po-
pulation de la ville et lui rendre son
 
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