Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
94

L’UNïVERS.

ancienne importance, fit rassembler les
femmes et les enfants des hommes qui
étaient en garnison dans Nicée, et leur
ordonna de venir habiter la ville (1).
C’était un usage qui se perpétuait de-
puis les anciens conquérants, de trans-
porter par une simple ordonnance les
populations d’un district dans un autre.
Les sultans dépeuplèrent ainsi Méli-
tène, qui, sous Justinien, était une des
plus grandes villes de la seconde Ar-
ménie, et en transportèrent les habi-
tants à Constantinople. C’est depuis
ce temps que la nation arménienne est
devenue si nombreuse dans cette capi-
tale.
Nicée se ressentit bientôt du goût
pour les arts qui distinguait les princes
seldjoukides, et elle commença à voir
fleurir dans ses murs une ère nouvelle
de civilisation arabe. Rivaux des ca-
lifes de Bagdad et de Cordoue , ces
princes rassemblaient à leur cour tous
les hommes distingués dans les arts et
dans les sciences. L’élan qu’ils don-
nèrent à l’art de construire ouvrit bien-
tôt une phase nouvelle et une route in-
connue où se jetèrent les artistes orien-
taux. Ils avaient appelé de l’Arabie et
de la Perse les astronomes et les poètes.
Ce fut aussi à cette contrée qu’ils de-
mandèrent des artistes pour élever les
élégants édifices ornés d’émaux dont
l’antique empire de la Chine avait ré-
pandu peu à peu le goût dans l’Asie
occidentale. Ils marchaient, emprun-
tant toujours aux peuples chez lesquels
ils s’établissaient quelque chose de
leurs arts et de leurs usages, mais con-
servant comme par instinct le type
d’ornementation créé par les Arabes et
fondé uniquement sur les règles de la
géométrie.
L’art d’émailler la faïence, si utile
pour orner des monuments construits
dans les plaines de la Cappadoce, où
le marbre et la pierre à bâtir sont très-
rares, fut transporté à Nicée. Cette fa-
brique donna quelques produits qui
furent employés à la décoration des
monuments. Nicée et Broussa en ont
conservé des traces ; mais la Bithynie
était trop riche en matériaux de toute
espèce, en marbres blancs et veinés, en
,(i) Alexiade, lib. VI, cap. Il,

riches débris de monuments anciens
épars sur le sol, pour que cet art, créé
dans le but de suppléer à la disette
de matériaux destinés à l’ornement,
pût subsister dans cette contrée. La
fabrique de Nicée fournit également
de ses produits à Constantinople, et
uu poète persan était attaché à l’éta-
blissement pour composer les inscrip-
tions reproduites sur les émaux (1).
Nous arrivons maintenant à l’époque
où l’histoire de Nicée efface celle des
autres villes de l’Asie, parle rôle impor-
tant qu’elle joue dans les annales du
christianisme.
L'arrivée des croisés en Bithynie, en
1095, fut signalée par la malheureuse
expédition de Pierre l’Ermite et de
Gauthier sans Avoir. A son départ de
Constantinople, l’armée s’embarqua sur
des vaisseaux que lui avait fournis
l’empereur grec, et se dirigea vers Ni-
coinédie, où elle séjourna peu de
temps. Elle alla ensuite dresser son
camp aux environs de Kemlik, l'an-
cienne Cius, appelée Civitot par les his-
toriens des croisades, et que les Grecs
appellent aujourd’hui Ghio. C’est de ce
point que l’armée, parcourant les bords
du lac, exerça ses déprédations sur le
territoire de Nicée. Les soldats enle-
vaient le gros et le menu bétail appar-
tenant à des Grecs serviteurs des Turcs.
Le pays était gouverné alors par So-
liman le Jeune, surnommé Kilidj-Ars-
lan (1).
Le succès des Latins encouragea les
Teutons à tenter une entreprise sem-
blable; s’étant rassemblés au nombre de
trois mille hommes d’infanterie, ils
prirent la route de Nicée, et vinrent at-
taquer une ville située au pied d’une
montagne, à quatre milles environ de
Nicée."Guillaume de Tyr ne nomme
point cette place, mais il atteste que c’é-
tait un point fortifié et capable de ré-
sister à une attaque; en effet, il fallut
toute l’impétuosité des Teutons pour
vaincre les efforts des habitants, qui
furent presque tous massacrés. Soli-
man, apprenant le succès des chré-
tiens, rassemble quinze mille hommes,
et revient à Nicée pour chasser les
(i) Mouradgea-D’Ohsson, t. III.
(a) Guillaume de Tyr, liv. I, p. 66.
 
Annotationen