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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0105

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ASIE MINEURE.

95

Teutons du fort qu’ils occupaient (1).
Les prodiges de courage de ceux-ci ne
peuvent éloigner les Turcs, qui finis-
sent par mettre le feu à la porte du
château et par entrer dans la place.
Les hardis auteurs du coup de main
sont massacrés sans pitié ; deux cents
jeunes gens sont conservés pour l’es-
clavage, et tout le reste périt par le
glaive.
Sur la route directe de Nicée à Ghio
on ne trouve aucune trace du château
mentionné dans Guillaume de Tyr;
mais, en remontant à quatre milles a
l’est dans la grande vallée qui conduit
au Sangarius, on reconnaît près du vil-
lage Kara cddin un vaste camp retranché
ou cassaba , de forme carrée, que nous
avons décrit plus haut. Il y a lieu de
croire que les Teutons, dans leurs ex-
cursions , avaient tourné la ville de Ni-
cée , et étaient venus s’emparer de cette
position (2).
Toutes les communications entre les
contrées de l’est et la ville de Nicée se
sont toujours faites par la rive sud du lac.
A cette époque, la grande voie romaine,
restaurée par Néron, qui conduisait de
Nicée à Apamée, devait être bien plus
{iraticable que de nos jours ; d’ailleurs,
a rive sud du lac suit une ligne presque
(i) Albert d’Aix, liv. I, p. 26.
(2) Les historiens des croisades n’ont pas
laissé assez de documents pour que l’on puisse
déterminer d’une manière positive la posi-
tion du château appelé Exerogorgum. par le
moine Robert, Exorogorgnm parGuibert de
Nogent, et Xeiigordon par Anne Comnène.
La distance de quatre journées de Nicomé-
die n’est pas une donnée suffisante, puisque
nous ignorons quel chemin suivaient les
croisés, et qu’ils peuvent avoir employé
quatre jours s’ils ont passé par Sabandja et
Ak-Seraï pour gagner la grande vallée de
Nicée. Cette route est plus longue, mais il
n’y a pas de montagne à franchir. Guillaume
de Tyr, en rapportant la défaite des Teutons
dans ce château, n’en donne point le nom;
mais il dit qu’il était situé an pied d’une mon-
tagne à quatre milles environ de Nicee. Il
paraît que ce passage a échappé à M. de
Hammer quand il a discuté la position
d’Exorogorgum, qu’il place à Ak-Sou, ville
située sur le versant nord-est de l’Olympe,
et séparée du bassin de Nicée par une chaîne,
de montagnes d’un accès difficile.

droite de l’est à l’ouest, tandis que du
côté du nord la côte est bien plus si-
nueuse et les montagnes plus escar-
pées.
La nouvelle de la défaite des Teu-
tons arriva cependant au camp de Civi-
tot, et plongea les pèlerins dans la
consternation ; mais bientôt le déses-
poir fit place à la soif de la vengeance,
et une multitude sans ordre vint as-
saillir la tente de Gauthier-sans-Avoir,
qui résista longtemps, mais finit par se
mettre à la tête des siens, et marcha
avec deux cent cinquante mille hom-
mes sur Nicée pour surprendre Soli-
man. Le sultan, averti par ses espions,
sort de la ville et se cache dans les dé-
filés des montagnes formant les contre-
forts du mont Olympe. Surpris par les
Turcs, les croisés sont massacrés, et un
petit nombre de pèlerins parvint seul à
s’échapper, et se retira dans une forte-
resse ruinée qui se trouvait près de Ci-
vitot. C’est dans cette malheureuse af-
faire que périt Gauthier-sans-Avoir, qui
tomba percé de sept flèches.
Deux ans après l’expédition de Gau-
thier, la grande armée des croisés,
composée de sept cent mille hommes,
vint, sous la conduite de Godefroi de
Bouillon , de Tancrède et de Bohémond,
faire le siège de Nicée. Soliman Kilidj-
Arslan, sultan d’Iconium, l’un des plus
célèbres princes seldjoukides , étendait
alors son pouvoir sur la majeure par-
tie de l’Asie Mineure. Au moment où
il avait été informé de la marche des
croisés, il s’était rendu chez les princes
ses voisins, et leur avait persuadé que
sa cause était celle de tout l’islamisme.
Il en avait obtenu des renforts considé-
rables (1) et des secours en argent et en
matériel. Mais, avec une grande intel-
ligence de la stratégie, il avait compris
que son action, serait beaucoup plus
efficace s’il se tenait hors de la ville,
au lieu de s’enfermer dans les murail-
les. En conséquence, il se retira dans
les défilés de l’Olympe avec une troupe
d’environ cinquante mille soldats sur
lesquels il comptait pour attaquer à dos
les chrétiens. 11 mit d’ailleurs tous ses
soins à prémunir Nicée contre un long
siège. Toutes les fortifications élevées
(1) Guillaume de Tyr, liv. Il, p. 128.
 
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