Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0129
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ASIE MINEURE.

119

offrit cent esclaves grecs des deux sexes,
les plus beaux de sa nation. Dix d’entre
eux portaient des assiettes d’or remplies
de ducats, des vases de parfums, des ai-
guières d’or d'un travail précieux. La
jeune- mariée apportait en dot les clefs
des villes d’Erzingham, Taouchanli, Si-
maul et Kutayah.
Le fils de Mourad, étant monté sur
k trône en 1389, fit entourer la ville de
Broussa de nouvelles fortifications;
mais la suite de son règne fut loin d’être
d’accord avec ses brillants débuts.
Après la bataille d’Angora, Broussa fut
envahie, en 1402, par les troupes de
Timour; les écoles et les mosquées
furent saccagées, et lorsque les géné-
raux eurent partagé les trésors qu’ils
avaient trouvés dans la ville, ils la li-
vrèrent aux flammes. A la prise de la
ville les trésors de Bayazid furent dis-
tribués aux soldats; les ohjets précieux
étaient innombrables; les soldats mesu-
raient au boisseau les perles et les
pierres précieuses.
Après la mort de Bayazid, Moham-
med , fils de ce sultan, qui régna dans
la suite scus le nom de Mahomet Ier,
quitta la ville de Tocat, et vint prendre
possession de Broussa en 1404. Isa
bey, un de ses frères et son compéti-
teur, se présenta devant Broussa, et
somma les habitants de lui ouvrir les
portes; mais le plus grand nombre se
retira dans le château et se défendit
avec tant de fermeté, qu’Isa bey, ne
pouvant l’emporter de vive force, se re-
tira après avoir fait brûler la ville, qui
venait à peine d’être rebâtie.
Broussa fut encore exposée aux at-
taques du Karaman, sultan d’Iconium,
qui la prit et la pilla en 1413. Il fit dé-
terrer les os de Bayazid et les fit brû-
ler publiquement pour se venger de ce
que ce prince avait fait couper la tête
à son père. Ce siège désastreux fut le
dernier que Broussa eut à souffrir ; mais
les incendies qui y éclatèrent à plu-
sieurs époques , et notamment le grand
désastre qui ravagea les vingt-cinq ré-
gions de la ville en 1490, ainsi qu’un
incendie non moins considérable qui
éclata en 1804, et qui n’épargna ni les
mosquées, ni les tombeaux des sultans,
ont été aussi funestes à Broussa que
plusieurs sièges consécutifs, A la mort

du sultan Mourad, Djem, frère du sul-
tan Bayazid, se déclara comme un com-
pétiteur au trône des Osmanlis. Bayazid
était en Europe, et le prince Djem,
aidé de quelques partisans , put facile-
ment s’emparer de Broussa. Le sultan
ne daigna pas marcher en personne
contre son frère rebelle. Une faible ar-
mée attaqua les troupes de Djem dans
les plaines du Yéni cheher et les mit
en déroute. Pendant ce temps les ja-
nissaires se livraient au pillage de
Broussa. Djem, poursuivi par Bayazid,
alla demander asile au prince d’Ico-
nium ; mais, ne se trouvant pas assez en
sûreté dans cette ville, il se retira près
du grand maître de Rhodes. La suite,
des ‘aventures du prince Djem est
étrangère aux événements de l’Asie; il
mourut à Naples en 1495. Une am-
bassade ottomane fut envoyée à Naples
pour demander les restes mortels du
prince Djem ; ils furent apportés à
Broussa et déposés dans un tombeau si-
tué dans l’enceinte des souverains. Ce
monument existe encore intact, et donne
une idée du luxe bizarre des monu-
ments funèbres de cette époque. L’autre
sépulture, voisine de celle de Djem, est,
dit-on, celle d’Isa bey, son frère, qui
ne fut pas plus heureux dans sa révolte
contre Bayazid.
. CHAPITRE XXII.
RBOUSSA musulmane.
L’ensemble de la ville de Broussa se
compose de la ville proprement dite, du
château et des faubourgs; le tout forme
une suite de constructions ayant en
longueur quatre kilomètres environ et
en largeur un kilomètre, placée sur un
des penchants de l’Olvmpe, dont les
sommets encadrent un riche et majes-
tueux paysage. Les faubourgs s’étendent
à droite et a gauche, et le château, so-
lidement assis sur une roche élevée,
domine la ville, et forme une enceinte
crénélée flanquée de tours massives.
Trois portes donnent accès dans la
ville, celle du nord, appelée Tabak Ca-
pousi (la Porte des assiettes), celle de
l’est, Yer Capou si (la Porte de terre),
et celle de l’ouest Kaplidja Capou si
(la Porte des bains).
 
Annotationen