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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0311

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ASIE MINEURE.

301

tistes qui sortaient peu à peu des liens
hiératiques pour donner à leurs divini-
tés des formes plus en harmonie avec
le sentiment du beau.
Les jeux de la scène qui accompa-
gnaient lesfétes religieuses exigeaientun
développement d’ouvrages d’art d’un
autre genre, les poètes composaient des
hymnes et des dy thyrambes, et les artistes
élevaient des monuments où le peuple
pouvait commodément s’assembler pour
assister à ces fêtes dans lesquelles la po-
litique comme la religion faisaient les
principaux frais. Le théâtre dans les villes
grecques était pour ainsi dire une an-
nexe du temple. Il n’était pas une seule
petite ville qui n’eût soin d’élever l’un
et l’autre édifice. Ce goût pour les mo-
numents splendides était soutenu par la
nature même du pays qui fournissait
des marbres variés de couleur, mais
parmi lesquels les carrières de marbre
blanc se présentent avec une extrême
abondance : l’île de Proconnèse était en-
core là pour suppléer au manque de
matériaux. Les forêts du Mycale et du
Messogis produisaient les bois néces-
saires aux constructions terrestres et
maritimes; en un mot, les Ioniens sa-
vaient avec une rare intelligence mettre
en valeur toutes les richesses que pro-
duisait leur pays d’adoption.
CHAPITRE XIII.
l’ionie sous les bois gbecs.
C’est en cet état que le vainqueur du
Granique, qu’Alexandre trouva les villes
grecques lorsqu’il vint leur rendre la
liberté, relever leurs temples abattus et
les appeler à l’expulsion du dernier
Perse de l’Asie Mineure.
A partir de cette époque jusqu’à la
réunion de l’Asie à l’empire romain, l’Io-
nie ne marque plus comme une région
à part dans la presqu’île. Réunie selon le
caprice ou la politique des princes grecs
tantôt à la Lydie, tantôt à l’Æolide ou à
la Carie, les villes, libres dans leur gou-
vernement intérieur, sont aujourd’hui
rangées sous le pouvoir d’un prince,
demain sous celui de son compétiteur.
Elles n’arrivent à faire partie d’un gou-
vernement stable et régulier qu’apres la
constitution du royaume de Pergame.

L’arrivée de Manlius fut le signal
d’une domination nouvelle et encore
inconnue en Asie; mais jusqu’à ce que
cette province vît fleurir l’époque tran-
quille et prospère des règnes d’Hadrien
et d’Antonin, elle devait passer encore
par des épreuves cruelles. La guerre
d’Aristonicus, dernier prétendant au
trône des Attales, eut pour théâtre le ter-
ritoire de l’Ionie; car Aristonicus avait
conservé plusieurs places fortes, et no-
tamment Thyatire.
LesÉphésiens combattirent contre lui,
soit à la solde des Romains, soit à celle
de Nicomède, roi de Bithynie, qui
voyait son royaume s’agrandir de l’a-
moindrissement de celui de Pergame.
Enfin Aristonicus fut vaincu et envoyé
à Rome; les deux consuls moururent à
la suite de cette guerre.
On voit, par les efforts réunis des
Romains, des Ioniens et des deux rois
de Cappadoce et de Bithynie (1), que le
dernier fils d’Attale n’était pas un pré-
tendant si méprisable. C’est le dernier
événement remarquable qui se passe en
Ionie avaut l’établissement définitif de
la puissance romaine.
Tibère, en organisant ses États d’O-
rient, donna pour ainsi dire la supréma-
tie à l’Ionie sur les autres départements,
en la décorant du titre de province d’A-
sie, comme si elle était le centre et le
chef-lieu de toutes les autres. Cependant
il en étendit les limites un peu au delà
de l’Ionie, et à cette province se joignait
une partie de l’Æolide et de la Lydie.
Le grand nombre de villes fondées par
les Grecs suffisait pour recevoir un grand
accroissement de population, sans qu’il
fût nécessaire d’en créer de nouvelles;
aussinous ne trouvons pas dans l’Ionie de
villes portant un nom purement romain,
comme il s’en présente en Phrygie
et en Bithynie. La généralité des noms
de villes d’Ionie est d’origine grecque ;
celles même dont la fondation est at-
tribuée aux aborigènes ou aux barbares
n’ont pas conservé leur première déno-
mination. Étienne de Byzance nous a
conservé plusieurs variantes des noms
des villes d’Asie. Ils sont surtout très-
multipliés dans la Carie et la Lycie.
(i) Strabon, liv. XIV, p. 645.
 
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