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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0383

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ASIE MINEURE.

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salia, où ils s’établirent définitivement.
Avant de quitter l’Ionie, ils avaient
consulté l’oracle, qui leur prescrivit de
prendre de Diane d’Éphèse un conduc-
teur pour le voyage qu’ils se propo-
saient de faire. Ce guide se manifesta
en la personne d’Aristarché, une des
femmes les plus considérées d’Éphèse,
qui partit avec les Phocéens, emportant
avec elle une des statues de Diane con-
sacrées dans le temple. En arrivant
dans la nouvelle colonie, ils fondèrent le
temple Éphésium consacré à Diane (1).
C’est ainsi que le culte de Diane éphé-
sienne fut apporté en Gaule, et la tête
de la déesse figura sur les monnaies des
Massaliotes.
Hérodote ne dit pas comment furent
traités par les Perses, les Phocéens qui
restèrent en Asie. Le besoin où étaient
les Perses d’avoir avec eux des hommes
de mer dut adoucir la colère du satrape,
et sans doute ils purent rentrer en pos-
session des maisons qu’ils avaient quit-
tées. Phocée continua d’exister sous le
gouvernement des Perses; mais tou-
jours impatiente de recouvrer sa liberté,
elle prit une part active à la grande
révolte de l’Ionie, et le Phocéen Denys
fut élu général des confédérés réunis
autour de l’île de Ladé.
Le discours qu’il prononça conquit
tous les suffrages ; mais les mesures
actives qu’il prit pour organiser son ar-
mée navale fatiguèrent au bout de sept
jours cette multitude inhabile à la mer.
Les Ioniens commencèrent à murmu-
rer, et comptant les navires confédérés,
ils tournaient en ridicule les Phocéens,
qui n’avaient amené que trois vaisseaux.
Dans-ces conjonctures, le combat contre
les Perses, ne pouvait être que désas-
treux. La flotte ionienne fut détruite
malgré le courage des citoyens de Chio,
qui tinrent tête à l’ennemi jusqu’au der-
nier moment.
Le Phocéen Denys voyant les affaires
des Ioniens complètement ruinées, et
prévoyant bien que Phocée serait ré-
duite en esclavage comme le reste de
l’Ionie, fit voile vers la Phénicie avec
ses navires et avec trois vaisseaux qu’il
avait pris aux ennemis. Il trouva sur la
côte un grand nombre de bâtiments

marchands, qu’il coula à fond, et ayant
rassemblé un butin considérable, il fit
voile pour la Sicile, où il continua le
métier de pirate, donnant la chasse aux
vaisseaux carthaginois ou tyrrhéniens.
11 vengea ses concitoyens massacrés au
début de la guerre des Perses (1).
La révolte d’Ionie étant comprimée,
Phocée subit le sort commun aux autres
villes; mais ne perd pas son rang de
place maritime du premier ordre. C’est
toujours sa possession qu’ambition-
nent tous les princes ou les chefs de
parti qui se disputent le territoire de
l’Ionie.
Dans la guerre contre Antiochus,
Phocée reprend son rang de grand ar-
senal maritime. Antiochus étant parti
pour la Phrygie, laissa son fils Séleu-
cus enÆolide pour surveiller les places
maritimes qu’Éumène et les Romains
voulaient détacher de son parti. Eu-
raène était maître de Phocée; mais les
citoyens, surchargés d’impôts, commen-
çaient à se mutiner. La ville avait été
taxée à la fourniture de cinq cents toges
et de cinq cents tuniques; il y avait de
plus la disette de blé qui irritait les ha-
bitants. La multitude était ramenée au
parti d’Antiochus malgré le sénat, qui
voulait rester fidèle à Èumène; mais les
factieux l’emportèrent (2).
Après la levée du siège d’Abydos, la
flotte romaine revint joindre celle d’Eu-
mène à Canœ. Livius fit voile pour
Phocée; mais, apprenant que la ville
était défendue par une forte garnison,
et que le camp de Séleucus n’était pas
éloigné, il dévasta la côte, fit un grand
nombre de prisonniers, et se rembarqua
avec tout son butin , ne s’étant arrêté
que pour donner à Eumène le temps
de rejoindre son escadre.
Quelque temps après, Séleucusreprit
Phocée par la trahison des gardes, qui
lui ouvrirent les portes, et la terreur
de ses armes obligea Cvmé et d’autres
villes de la même côte à se déclarer en
sa faveur.
(1) Hérodote, VI, 17.
(2) Tite-Liv., XXX VII, 9.
(3) Id., ibicL, ch. n.

(1) Strabon, liv. IV, 179.
 
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