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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0384
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374

L’UNIVERS.

CHAPITRE LIX.
SIÈGE DE PHOCEE.
Les Romains se décidèrent enfin à
faire un siège en règle. Le préteur Émi-
îius Regilius commandait la flotte en
personne; il s’empara des deux ports
(189 ans avant J.-G.), et lança dans la
ville une proclamation pour inviter les
Phocéens à se rendre. La réponse fut
la même qu’au temps d’Harpagus : ils
refusèrent. Le consul fit commencer les
attaques des deux côtés du Lampter;
ce quartier était dégarni de maisons,
et des temples en occupaient presque
tout l'espace. On approcha le bélier, qui
battit les murailles; mais les assiégés
se défendaient avec acharnement : les
brèches étaient réparées à mesure
qu’elles étaient ouvertes.
De nouvelles propositions de capitu-
lation leur furent adressées; ils deman-
dèrent cinq jours pour délibérer et ou-
vrirent enfin leurs portes. Les Romains
entrèrent en ville, non pas en vain-
queurs , mais en vertu de la capitulation.
Aussi les soldats, qui comptaient sur
le pillage, commencèrent-ils à murmu-
rer, et plusieurs d’entre eux, malgré la
défense de leurs chefs, se mirent à
piller les maisons. Le préteur Émilius
rassemble autour de lui sur la place pu-
blique les citoyens de condition libre,
et après avoir arrêté le sac de la ville,
il ordonna que toutes les propriétés pu-
bliques ou privées fussent respectées et
rendit à Phocée son territoire, son gou-
vernement et ses lois (1).
Après la défaite et l’expulsion d’An-
tiochus, l’Æolide fut réunie aux États
du roi de Pergame. Il est à croire que
Phocée fut détaché de l’Ionie; elle est
en effet comprise dans l’Æolide par le
géographe Ptolémée, qui ne pouvait
ignorer que cette place avait fait partie
de l’Ionie.
Pendant la guerre contre Aristonic,
Phocée avait pris parti pour ce préten-
dant, et s’était de nouveau mise en état
d’hostilité contre Rome. Les consuls
qui avaient vaincu Aristonic marchaient
contre Phocée; mais la colonie de Mar-
seille , alors puissante et amie des Ro-
(j) Tit-Liv., XXXVTI, ch. 3i.

mains intercéda pour cette ancienne
alliée, et la paix fut rétablie.
Lorsque les Romains fuient tran-
quilles possesseurs de l’Asie, toutes les
villes furent soumises à l’administra-
tion proconsulaire et perdirent leur
physionomie originale; leur histoire se
confond avec celle de l’empire. Phocée
dut se contenter du rôle de ville mar-
chande, et son nom est a peine men-
tionné pendant toute la période ro-
maine. Les ports se comblaient lente-
ment, et sa population l’abandonnait.
CHAPITRE LX.
FONDATION DE PHOCÉE LA NEUVE.
Sous les empereurs byzantins, Pho-
cée n’était plus qu’un bourg dont les
murailles étaient détruites ; la position
était cependant importante , et une cir-
constance fortuite y appela les Génois,
qui fondèrent à côté de l’ancienne ville
une place forte qu’ils appelèrent la
nouvelle Phocée.
11 y avait dans le voisinage de cette
ville une montagne renfermant une
mine très-riche en alun, qui avait été
découverte sous le règne de Michel Pa-
léologue, et dont l’exploitation était
dirigée par des Italiens. Ils payaient
à l’empereur grec une redevance an-
nuelle pour droits d’exploitation et
d’exportation. Lorsque cette contrée
fut en butte aux attaques réitérées des
émirs turcs, la sûreté des mineurs fut
compromise, et les Latins, de concert
avec les Grecs, élevèrent un château au
pied de cette montagne, lui donnèrent
le nom de nouvelle Phocée; et les maî-
tres de cette place, les nobles Génois,
Andrea et Jacob Cataneo, conclurent
avec Sarukhan, émir de Lydie, moyen-
nant un tribut de cinq cents ducats, un
traité qui fut exécuté pendant cent
quatre-vingts ans (1). La ville de Pho-
cæa-Nuova, devenue une place impor-
tante , était gouvernée par un podestat
génois, qui, au nom de la république,
jouissait d’un pouvoir illimité. C’est
ainsi qu’étaient organisées toutes les
colonies génoises sur les côtes de l’Asie
Mineure.
(t) Duras, livre XXV, p. 90, ap. Ham-
mer, Hist. ottomane.
 
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