Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0385

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ASIE MINEURE.

375

Lorsque Mahomet Ier vint assiéger
Cymé(l) le podestat Jean Adorno con-
clut avec le sultan un traité qui laissait
aux Génois la libre possession de Phocée
la neuve, moyennant le paiement d’une
somme de vingt mille ducats, qui de-
vait être effectué en dix années. Le sul-
tan mourut sans que cette redevance
fût soldée, et la république de Phocée
fit avec le sultan Mourad un nouveau
traité, non pas en argent, mais en ma-
tériel de guerre. Les Génois donnaient
à Mourad six mille ducats sur l’arriéré
de l’ancien traité, et mettaient leurs
bâtiments à la disposition du sultan
pour transporter ses troupes en Europe,
se faisant ainsi les auxiliaires des hor-
des musulmanes qui allaient ravager les
terres des chrétiens. Les faits de ce
genre, qui se renouvellent fréquemment
dans le cours de l’histoire ottomane,
sont autant de taches à l’honneur des
peuples qui s’en rend irent coupables. On
voyait souvent des chrétiens se mettre
à la solde des Turcs : jamais on ne vit
d’armée turque se mettre à la solde des
chrétiens.
Les souffrances des populations
chrétiennes en Orient ne sont pas dues
seulement au fanatisme et à la barbarie
des musulmans, elles ont aussi à repro-
cher à leurs ancêtres l’abandon dans le-
quel ils ont laissé les intérêts chrétiens.
La petite ville de Phokia occupe l’em-
placement de Phocée la neuve; elle con-
tient une population de quatre à cinq
mille âmes, qui est presque entièrement
adonnée à la marine; les Turcs y sont
en majorité; on compte à peu près
trois cinquièmes de race turque et deux
cinquèmes de race grecque. Ces der-
niers ont une petite église, les Turcs ont
plusieurs mosquées délabrées. -Les cime-
tières, qui sont hors la ville, renferment
plusieurs fragments d’architecture an-
cienne; mais nous n’avons observé au-
cune ruine qui méritât une étude par-
ticulière.
LEUCÆ.
La ville de Leucæ était sur le bord
de la mer, à l’ouest de Phocée. Elle
doit sa fondation a un général perse
(v) Voy. pages 225-226.

nommé Tachos, qui s'était révolté contre
Artaxerxe et s’était retiré dans une île
voisine de la côte d’Æolide. Le ter-
ritoire de Leucæ était en effet une île
qui fut dans la suite réunie au continent
par suite des alluvions. Les habitants
de Cymé et ceux de Clazomène se dis-
putèrent la possession de cette ville,
et ils convinrent de s’en rapporter à la
décision de l’oracle de Delphes. Leucæ
serait restée une ville ignorée de l’his-
toire, si elle n’eût été choisie comme
place de guerre par Aristonic dans la
guerre contre les Romains. (1) On en
reconnaît l’emplacement au village qui
a conservé le nom de Lefké, mais il n’y
a aucun vestige d’antiquité.
Le territoire situé entre ce village e
THermus appartenait à l’Æolide,il a été
compris dans la description de cette
province.
Telle est aujourd’hui cette terre
d’Ionie autrefois si riche en monuments,
couverte de villes nombreuses et i uis-
santes. La plus grande partie de son
territoire est maintenant abandonnée
aux nomades; les anciennes villes ne
sont plus que des amas de décombres ;
Smyrne seule a survécu à tant de nau-
frages. Une seule condition pourrait rap-
peler sur cette terre, l’activité et le tra-
vail, ce serait l’appel fait à la colonisa-
tion européenne ; mais elle ne pourrait
se faire avec sécurité que si les Euro-
péens pouvaient devenir propriétaires en
Turquie au même titre que les étran-
gers peuvent être propriétaires dans
les divers États de l’Europe.
Pour compléter le chapitre des trem-
blements de terre, nous insérons ici
un fait signalé par le Précurseur d’A-
thènes, qui justifie lesobservations faites
par Pline et par Procope sur l’irruption
de la mer au moment des tremble-
ments de terre (2) :
« Le 26 décembre 1861, à huit heu-
res trois quarts du matin, une se-
cousse assez violente de tremblement
de terre, d’une durée de deux secondes
environ , et dont les oscillations parais-
saient venir de la direction sud-ouest,
a été ressentie à Athènes, où des crain-
tes sérieuses se sont immédiatement ré-
(i) Voy. pag. 2i2.
^2) Voyez ciiap. XXXII.
 
Annotationen