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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0415

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ASIE MINEURE.

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qui n’a vu que les théâtres de l’Europe;
on peut excepter celui de Pompéi ; mais
la scène, il faut le dire, est bien rui-
née, si l’on compare cet édifice aux au-
tres du même genre en Karamanie. La
partie de l’édifice consacrée aux jeux a
peu d’importance ; elle est complètement
détachée du corps du théâtre. Le mur
du proscenium est bâti en grands blocs
de pierres calcaires, et il était revêtu de
dalles de marbre blanc.
La façade intérieure était décorée de
six couples de colonnes d’ordre ionique,
supportant une frise de la plus grande
richesse. Il n’entrait dans la construc-
tion ni ciment, ni crampons de fer;
toutes les pierres se soutenaient par
leur propre poids; aussi un léger af-
faissement dans le terrain , occasionné
par l’accumulation des eaux dans cet
endroit, a-t-il amené la destruction de
toute la façade. Mais rien n’a été em-
porté , et l’on trouve dans l’orchestre
un monceau de décombres composé de
chapiteaux, de fûts de colonnes, d’ar-
chitraves et de piédestaux, accumulés
dans un désordre effrayant. Le mur du
Thymélé se trouve aujourd’hui enterré
sous les décombres, mais on voit par-
faitement le soubassement qui suppor-
tait les colonnes, dont la plupart des
bases sont restées en place. Les diffé-
rentes salles du proscenium, au nombre
de cinq, communiquaient avec la scène
par autant de portes : la porte tragique,
qui était au centre, la porte comique
et la porte satirique, qui en étaient voi-
sines, et les portes du chœur, qui
étaient aux deux extrémités. A côté de
celles-ci s’en trouvent encore deux au-
tres qui, d’après leur disposition dans
la façade, paraissent avoir été dissimu-
lées par quelque boiserie, car elles se
trouvent derrière un groupede colonnes,
et elles communiquent chacune avec
deux salles du proscenium. Ces portes
servaient évidemment pour les jeux de
la scène, comme des évocations ou des
apparitions. Toute la partie supérieure
du proscenium, au-dessus de l’ordre
ionique, est aussi détruite; mais on
voit dans les décombres de nombreux
vestiges du premier étage. On ne sau-
rait trop répéter, d’ailleurs, que dans
les théâtres antiques les spectateurs ne
jouissaient pas du coup d’œil de la cam-

pagne, comme l’ont souvent dit des
voyageurs et des antiquaires. Il semble-
rait que le théâtre des anciens ne se
composât que de sièges pour les specta-
teurs, devant lesquels les acteurs ve-
naient réciter leurs pièces, tout cela
en plein air, avec les distractions du
dehors, et exposé aux intempéries des
vents et de la pluie. La salle de spec-
tacle, chez les anciens, était au con-
traire close, et toutes les précautions
possibles étaient prises pour que la voix
des acteurs ne se perdît pas dans l’es-
pace. Les murs du proscenium s’éle-
vaient à la hauteur de la précinction,
et le vélarium couvrait toute la salle ; de
sorte que les spectateurs n’étaient pas
même distraits par la vue du ciel. Dans
les deux salles extrêmes du postsceniuin,
on voit deux cages d’escaliers circulaires
qui conduisaient aux étages supérieurs;
là étaient les salles de l’administration ,
du chorége, et les dépôts des costumes.
M. Hamilton, qui a examine les ruines
d’Aizani en 183s, pen>e que le pros-
cenium est d’une construction posté-
rieure à celle du théâtre. 11 a été frappé
de la rudesse des grosses pierres, des
libages qui forment les murailles de la
scène; mais quand l’édifice était entier,
ces libages ne paraissaient point; ils
étaient cachés dans l’élégante décoration
de marbre qui est accumulée dans l’or-
chestre. Tout ce théâtre porte le cachet
de l'art de transition entre le grec et le
romain.
CHAPITRE XVII.
LE STADE.
En avant du théâtre et dans la di-
rection du sud-est, se trouve le stade,
qui conserve encore une partie de ses
gradins. Vers le milieu, il y a , à droite
et à gauche, deux grands pavillons
dans lesquels se trouvaient le pulvinar
ou loge consulaire, et la loge des juges
des jeux. La façade du pulvinar se com-
pose de sept arcades de 2m 60 de large,
et dont les pieds droits avaient lm 62.
Un corridor de 6m 7 0 séparait cette
rangée d’arcades d'une autre rangée
d’égale dimension, et qui donnait en-
trée immédiatement au-dessus des gra-
dins; mais il y avait deux étages d’ar-
 
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