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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0465

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ASIE MINEURE.

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avait formé son nom de celui de son
chef Trocmus. Il paraît avoir toujours
été dominé par les Tectosages, et n’a
pas laissé dans l’histoire le souvenir de
grands exploits.
Le pays concédé par le roi de Bithynie
à ces hardis guerriers ne pouvait suffire
à leur ambition. Ils entreprirent bien-
tôt des expéditions contre leurs voisins,
qui tremblèrent, et offrirent de leur
payer tribut. Ils étaient entrés dans ces
provinces comme les alliés d’un prince
asiatique, et, tout barbares et illettrés
qu’ils étaient, leur politique fut assez
sage, assez habile, pour attirer à eux
tous les Grecs, les Phrygiens, délicats
et frivoles habitants de ces villes som-
ptueuses. Ceux-ci acceptèrent la rude
amitié des Gaulois, et formèrent avec
eux une alliance assez intime pour que
le pays reçût des Romains eux-mêmes
le nom de’Gallo-Grèce. Toutes les na-
tions de l’Asie Mineure, menacées de
loin ou attaquées de près, se soumirent
à la domination gauloise, et l’Asie en
deçà du Taurus ne fut plus qu’un pays
tributaire qu’ils se partagèrent à leur
gré. Les Trocmiens eurent en partage
les côtes de l’Hellespont, la Paphlago-
nie et une portion de la Cappadoce ;
l’Æolide et l’Ionie échurent aux Tolis-
toboiens, qui allèrent s’établir au delà
du fleuve Sangarius, et les Tectosages
prirent toute la portion septentrionale
de la Phrygie et de la Cappadoce. Ils
donnèrent à leur nouvelle conquête le
nom de la mère patrie, et la Galatie
asiatique fut placée au premier rang
des puissances indépendantes de l’Asie
Mineure.
C’est vers cette époque que les Ro-
mains songèrent à porter leurs armes
dans cetteconlrée.Fidèles a une politique
qui leur avait toujours réussi, ils com-
mencèrent à exciter contre les Gaulois,
la seule nation qu’ils redoutassent,Jes
princes de Phrygie et de Bithynie ; mais
la présence d’Annibal dans ce dernier
royaume suffisait pour déjouer leurs in-
trigues. Ce fut Attale, père d’Eumène,
qui le premier déclara la guerre aux Gau-
lois (1), sous prétexte de s’affranchir de
l’impôt que payaient les rois de Per-
game, et cette guerre fut heureuse, car
(i) Tit.-Liv., lib. XXXVIII, 16.

les Gau lois se retirèrent au delà du fleuve
Sangarius. Cependant, ils ne cessèrent
pas de jouir d’une assez grande influence
sur les princes de FAsie Mineure ,
prêtant leur secours intéressé dans les
dissensions nombreuses qui divisaient
ces princes souverains, et qui préparaient
le succès des armes romaines. Ils en-
voyèrent un corps nombreux comme
auxiliaire à Antiochus le Grand : mais
les conseils d’Annibal et la coopération
des Gaulois ne le sauvèrent pas d’une
défaite. La vengeance de Rome s’atta-
cha bientôt aux alliés du roi : le consul
M. Manlius, jaloux de surpasser les
exploits de Sc.ipion , marcha contre les
Gallo-Grecs sans attendre les ordres du
sénat. L’expédition de Manlius eut lieu
l’an 565 de Rome (A. C. 189 ) ; il y
avait quatre-vingt-neuf ans que les Gau-
lois étaient établis en Asie. En voulant
accomplir son projet d’invasion dans la
Galatie , le général romain fut assez
habile pour décider les princes Attales
à lui servir d’auxiliaires. Aidé des trou-
pes de Pergame, et guidé par des alliés
qui connaissaient le pays et les popula-
tions, il n’hésita pas à se mettre en
campagne. Néanmoins, au lieu de mar-
cher directement sur la Galatie, il fit
un long circuit en suivant la chaîne du
Taurus.
Les Gaulois, vaincus malgré des pro-
diges de valeur, firent leur soumission
aux Romains.
Le consul, qui s’était montré si exi-
geant et si avide envers les peuples de
la Carie et de la Pisidie, accorda aux
Gaulois une paix honorable, ne leur
imposa aucun tribut, maintint leurs lois,
et se contenta de leur défendre de faire
des incursions chez les alliés des Ro-
mains. Le sénat confirma par un décret
l’indépendance des Gaulois. Cette faveur
si rarement accordée aux peuples con-
quis , les attacha définitivement à la for-
tune de Rome. Établis au milieu des mo-
narchies nées de la succession d’Alexan-
dre les Gaulois conservèrent la forme
de gouvernement usitée dans les Gaules.
Chacun des peuples formant la con-
fédération gauloise fut divisé en quatre
tétrarchies ; chaque tétrarchie avait un
tétrarque , un juge, un général, subor-
donnés au tétrarque, et deux lieute-
nants subordonnés au général. Les états
 
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