456
L’UNIVERS.
se tenaient dans un lieu nommé Dryne-
metuin, situé sans doute au milieu
d’une forêt de chênes qui leur rappelait
le culte de leurs pères (1), et le grand
conseil qui assistait les douze tétrarques
réunis se composait de trois cents per-
sonnes. Les Romains, en modifiant ce
gouvernement, lui conservèrent l’ap-
parence d’un État républicain, jusqu’à
ce que la souveraineté fût réunie sur la
tête de Déjotare, le dernier prince qui
jouît de l’apparence d’un pouvoir na-
tional (2).
Les Galates se montrèrent les fidèles
alliés des Romains dans les guerres
contre Persée. Ils eurent beaucoup à
souffrir pendant la guerre de Sylla contre
Mithridate; la Galatie fut envahie par
le roi du Pont; les principaux habitants
furent massacrés, et le pays, réduit eu
province, reçut des gouverneurs par-
ticuliers. Apres la défaite de Mithridate
par Pompée, la Galatie rentra sous la
domination romaine ; mais on ne lui
rendit plus ses tétrarques. Déjotare,
prince galate, reçut le titre de roi. II
eut pour successeur son secrétaire
Amyntas, qui dut cette faveur à un
caprice de Marc-Antoine. On ajouta à
son royaume plusieurs parties de la
Pisidie et de la Cappadoce; mais tous
ces nouveaux royaumes, sans force par
eux-mêmes, n’avaient qu’une existence
précaire. Amyntas mourut après un
règne de douze ans , et ses enfants
n’héritèrent pas du trône de leur père.
La Galatie fut réduite par Auguste en
province romaine (A G. 25) (3). Nous
retrouvons plus tard le fils d’Amyntas,
Pylæmènes, aux fêtes de la dédicace
du temple élevé à Auguste par les peu-
ples de la Galatie, et sa tille Carachvlæ
exerçant la charge de grande prêtresse
de Gérés (4). Lorsque la Galatie eut été
réduite en province, elle n’en conserva
pas moins tout l’appareil d’un gouver-
nement indépendant ; les lois et actes de
l’autorité furent toujours promulgués au
nom du sénat et du peuple: en réalité,
cependant, la Galatie fut administrée
(1) Strab., XII, 467.
(2) Strab., XII, 567.
(3) Diod., lib. LUI.
(4) D’après des inscriptions trouvées à
Ancyre.
par des propréteurs, dont les noms nous
sont également conservés dans un grand
nombre d’inscriptions. Nous ne pouvons
révoquer en doute un fait attesté par
saint Jérôme (1) de l’usage de la langue
gauloise en Asie. Les noms gaulois
d’Albiorix, Ateporix, etc., conservés
dans les inscriptions, prouvent que la
nationalité gauloise ne s’était pas ef-
facée après un séjour de deux cents ans
en Orient. Mais un fait qui est com-
plètement en faveur de ceux qui pen-
sent que Je gaulois ne fut jamais une
langue écrite , c’est que parmi les in-
nombrables inscriptions qui ont été re-
cueillies depuis trois siècles dans l’an-
cienne Galatie, pas une seule n’est
écrite en gaulois. Les actes émanant du
conseil général des Galates sont tous
en langue grecque ; les actes publics
émanant du pouvoir impérial, les ins-
criptions relatives aux maLÙstratures
militaires, aux légions, aux routes,
sont tous en latin; on avait soin quel-
quefois de mettre une traduction grec-
que à côté de l’inscription latine.
Le même sénatus-consulte qui ins-
crivit la Galatie au nombre des provin-
ces, déclara Ancyre métropole de toute
la Galatie. Les deux autres capitales des
Galates, Taviuin et Pessinunte, com-
mencèrent à déchoir à partir de cette
époque. La destinée de ces deux villes
fut tellement uniforme, que l’une et
l’autre sont restées pendant des siècles
englouties dans un oubli complet, et
leur position même était ignorée. Pessi-
nunte peut aujourd’hui déployer aux
yeux du voyageur les faibles débris de
sa grandeur passée : mais Tavium, la
capitale des Trocmiens, ville, grande et
commerçante, célèbre par un temple de
Jupiter qui avait droit d’asile, Tavium ,
cachée au milieu des montagnes sur la
rive droite du fleuve Halys, n’a jusqu’ici
été l’objet que d’investigations super-
ficielles de la part des archéologues (2).
Depuis le jour où le titre de métro-
pole de toute la Galatie fut décerné à
Ancyre, l’histoire de la province se ré-
sume dans celle de la ville. Les autres
peuples partagent la destinée des Tec-
tosages, et se trouvent complètement
(1) Epist. ad Gai.
(a) Voyez la description de Pteriinu.
L’UNIVERS.
se tenaient dans un lieu nommé Dryne-
metuin, situé sans doute au milieu
d’une forêt de chênes qui leur rappelait
le culte de leurs pères (1), et le grand
conseil qui assistait les douze tétrarques
réunis se composait de trois cents per-
sonnes. Les Romains, en modifiant ce
gouvernement, lui conservèrent l’ap-
parence d’un État républicain, jusqu’à
ce que la souveraineté fût réunie sur la
tête de Déjotare, le dernier prince qui
jouît de l’apparence d’un pouvoir na-
tional (2).
Les Galates se montrèrent les fidèles
alliés des Romains dans les guerres
contre Persée. Ils eurent beaucoup à
souffrir pendant la guerre de Sylla contre
Mithridate; la Galatie fut envahie par
le roi du Pont; les principaux habitants
furent massacrés, et le pays, réduit eu
province, reçut des gouverneurs par-
ticuliers. Apres la défaite de Mithridate
par Pompée, la Galatie rentra sous la
domination romaine ; mais on ne lui
rendit plus ses tétrarques. Déjotare,
prince galate, reçut le titre de roi. II
eut pour successeur son secrétaire
Amyntas, qui dut cette faveur à un
caprice de Marc-Antoine. On ajouta à
son royaume plusieurs parties de la
Pisidie et de la Cappadoce; mais tous
ces nouveaux royaumes, sans force par
eux-mêmes, n’avaient qu’une existence
précaire. Amyntas mourut après un
règne de douze ans , et ses enfants
n’héritèrent pas du trône de leur père.
La Galatie fut réduite par Auguste en
province romaine (A G. 25) (3). Nous
retrouvons plus tard le fils d’Amyntas,
Pylæmènes, aux fêtes de la dédicace
du temple élevé à Auguste par les peu-
ples de la Galatie, et sa tille Carachvlæ
exerçant la charge de grande prêtresse
de Gérés (4). Lorsque la Galatie eut été
réduite en province, elle n’en conserva
pas moins tout l’appareil d’un gouver-
nement indépendant ; les lois et actes de
l’autorité furent toujours promulgués au
nom du sénat et du peuple: en réalité,
cependant, la Galatie fut administrée
(1) Strab., XII, 467.
(2) Strab., XII, 567.
(3) Diod., lib. LUI.
(4) D’après des inscriptions trouvées à
Ancyre.
par des propréteurs, dont les noms nous
sont également conservés dans un grand
nombre d’inscriptions. Nous ne pouvons
révoquer en doute un fait attesté par
saint Jérôme (1) de l’usage de la langue
gauloise en Asie. Les noms gaulois
d’Albiorix, Ateporix, etc., conservés
dans les inscriptions, prouvent que la
nationalité gauloise ne s’était pas ef-
facée après un séjour de deux cents ans
en Orient. Mais un fait qui est com-
plètement en faveur de ceux qui pen-
sent que Je gaulois ne fut jamais une
langue écrite , c’est que parmi les in-
nombrables inscriptions qui ont été re-
cueillies depuis trois siècles dans l’an-
cienne Galatie, pas une seule n’est
écrite en gaulois. Les actes émanant du
conseil général des Galates sont tous
en langue grecque ; les actes publics
émanant du pouvoir impérial, les ins-
criptions relatives aux maLÙstratures
militaires, aux légions, aux routes,
sont tous en latin; on avait soin quel-
quefois de mettre une traduction grec-
que à côté de l’inscription latine.
Le même sénatus-consulte qui ins-
crivit la Galatie au nombre des provin-
ces, déclara Ancyre métropole de toute
la Galatie. Les deux autres capitales des
Galates, Taviuin et Pessinunte, com-
mencèrent à déchoir à partir de cette
époque. La destinée de ces deux villes
fut tellement uniforme, que l’une et
l’autre sont restées pendant des siècles
englouties dans un oubli complet, et
leur position même était ignorée. Pessi-
nunte peut aujourd’hui déployer aux
yeux du voyageur les faibles débris de
sa grandeur passée : mais Tavium, la
capitale des Trocmiens, ville, grande et
commerçante, célèbre par un temple de
Jupiter qui avait droit d’asile, Tavium ,
cachée au milieu des montagnes sur la
rive droite du fleuve Halys, n’a jusqu’ici
été l’objet que d’investigations super-
ficielles de la part des archéologues (2).
Depuis le jour où le titre de métro-
pole de toute la Galatie fut décerné à
Ancyre, l’histoire de la province se ré-
sume dans celle de la ville. Les autres
peuples partagent la destinée des Tec-
tosages, et se trouvent complètement
(1) Epist. ad Gai.
(a) Voyez la description de Pteriinu.