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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0470

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L’UNIVERS.

état de decadence relativement aux an-
ciens temps, parce que la jalousie des
Turcs à l’égard des Arméniens, qui sont
les plus grands détenteurs de trou-
peaux, avait porté les premiers à éta-
blir un monopole sur le poil de chèvre,
et le droit d’exportation était réservé
aux seuls Musulmans. Mais peu de
temps après, un ordre de la Porte ren-
dit de nouveau ce commerce libre Le
nombre des troupeaux de chèvres allait
en décroissant.
Tout le montant des exportations ne
dépassait pas vingt mille okes, et il v
avait très-peu de fabriques en activité a
Angora même. Cependant, en 1839,
Ainsworth calcule que le montant des
exportations est beaucoup supérieur au
chiffre que nous venons d’indiquer;
mais d’après une remarque de son com-
patriote, peut-être fait-il entrer dans
son compte l’exportation de la laine de
brebis.
Le géographe turc Ewlia, écrivait en
1648 : « La récolte de leur toison se
fait d’une manière particulière ; les
chèvres ne sont pas tondues comme on
tond les brebis, on prétend que cela
nuirait à la finesse de leurs soies; mais
ou arrache la toison brin à brin. Cette
cruelle, méthode fait pousser aux pau-
vres chèvres des cris lamentables. Les
bergers ont l’habitude de laver leurs
corps avec de l’eau de chaux et de la
cendre; le poil tombe naturellement,
et le corps de l’animal reste nu. » — Il
semble qu’une semblable méthode doit
être plutôt nuisible qu'utile, car la ra-
cine du poil étant tombée, il ne re-
pousse point. On ne peut nier cepen-
dant que l’habitude d’arracher la toison
des animaux n’ait été en usage chez les
anciens , puisque le nom latin des toi-
sons , reliera, vient du mot arracher,
relier e, et Terrentius Varo ( De re rus-
tica, liv. III, il) dit positivement que
les bergers de son temps arrachaient
la laine des brebis, pour qu’elle repous-
sât plus fine. D’après cet écrivain , la
tonte des brebis aurait passé de Sicile
en Italie; mais il atteste en même
temps qu’elle était usitée chez les bergers
de Cilicie . et qu'elle fut introduite dans
la grande Phrygie.
Les anciens écrivains, Strabon, Pline
et Varron, ne connaissaient pas la

chèvre d’Angora , et c’est à tort que les
traducteurs de Strabon ont cru recon-
naître cet animal dans les Aopxéç dont
parle Strabon. Il est probable que les
Aopxéç étaient les moutons sauvages qui
sont encore répandus dans les monta-
gnes de la Cappadoce et du Pont.
Il devient à peu près certain que,
dans l’antiquité, cette race de chèvres
était inconnue à l’ouest de l’Halys, et
qu’elle s’est répandue dans les parages
d’Angora à la suite des excursions des
tribus turcomanes, qui sont les plus
parfaits éleveurs de troupeaux. Aucher
Éloi recueillit quelques documents à ce
sujet, pendant son séjour à Angora, et
son voyage contient le passage suivant:
«. Les races d’animaux remarquables
par la longueur du poil tels que chè-
vres , chats, ne s’étendent pas dans un
rayon de plus de vingt-quatre lieues au-
tour d’Angora, elles ont été apportées
dans le treizième siècle. A cette épo-
que, Soliman Schah, tige de la maison
des Ottomans, ayant voulu se soustraire
à la domination de Gengis Khan, quitta
le pays de Kharizme ou des Turco-
mans, à l'est de la mer Caspienne,
chassant devant lui à petites journées les
troupeaux de chèvres, dont la horde ti-
rait sa principale nourriture, pour ve-
nir dresser ses tentes dans l’Asie Mi-
neure. Il pénétra jusqu’à l’Euphrate;
mais, s’étant hasardé à passer ce fleuve
à cheval, il s’y noya. Ertoghrul, son fils,
s’avança davantage dans l’Anatolie, où
régnait alors Ala Eddyn, sultan d’Ico-
nium et de la dynastie des Sedjoukides.
Il se soumit à ce prince avec quatre
cents familles turques qui lui obéis-
saient, et rendit au sultan des services
signalés II en reçut pour récompense
le territoire de Sugud, et étendit en-
suite sa domination sur le pays situé
entre Angora et Césarée.
Ces chèvres seraient donc de la race
trans-caspienne, et si elles se sont ac-
climatées dans ces régions, ne doit-on
pas espérer qu’elles pourraient l’être
également dans des pays qui jouissent
d’un climat analogue.
Elles auraient été transportées dans
ces régions au treizième siècle, mais on
ignore sur quelle base certaine cette
tradition est fondée; seulement nous
rappellerons que les chèvres d’Angora,
 
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