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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0469
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ASIE MINEURE,

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de la belle toison soyeuse des chèvres
d’Angora; on ne saurait trouver ail-
leurs rien de comparable. »
Le voyageur Busbeck , partant de
Nicée pour se rendre à Amasie, ne com-
mença à rencontrer ces chèvres à toison
soyeuse qu’à l’est du Sangarius, dans
les environs de la ville de Bey bazar
qui n’est éloignée que d’une journée de
marche d’Angora. Les moutons à large
queue étaient également très-nombreux.
La toison des chèvres est, dit-il, pres-
que aussi belle que la soie, d’une ex-
trême finesse, brillante et longue jus-
qu’à traîner sur le sol. Les bergers n’ont
pas l’habitude de la tondre, mais de
l’arracher. On lave souvent les chèvres
dans les ruisseaux d’eau courante, et
on les mène paître dans des cantons
qui produisent une herbe verte et mai-
gre, ou un court gazon qui est très-
favorable à la finesse de la toison. Il
est généralement reconnu que tout chan-
gement de territoire ou de nourriture
est défavorable à la toison.
Le produit des troupeaux de chèvres
est porté à Angora, où les femmes le
filent, le tissent, le teignent, et en fabri-
quent une étoffe soyeuse et brillante,
qu’on appelle cymatilis^ et qui est em-
ployée pour les vêtements des sultanes.
Tournefort, en 1711, donna, le pre-
mier, le portrait des chevres d’Angora ;
il avait traversé la province de Galatie,
et affirme, comme l’a fait Busbeck, que
le court et fin gazon de ces contrées est
très-favorable a la finesse et au brillant
soyeux de ces toisons, qui pendent en
flocons frisés, et acquièrent une lon-
gueur de sept ou huit pouces. Ces toi-
sons ne sont jamais exportées brutes,
mais elles sont filées et travaillées dans
le pays, pour ne pas priver les habi-
tants de cette branche d’industrie.
A l’orient du fleuve Halys, Tourne-
fort n’a trouvé aucune chèvre d’Angora ;
mais tous les troupeaux qu’il a rencon-
trés étaient composés de chèvres com-
munes , de la race de Koniah (chèvres
rousses, à très-longues oreilles pen-
dantes), donnant beaucoup de lait,
mais dont la toison ne sert que pour la
fabrication des feutres. A l’ouest, au
contraire, il ne put rencontrer les chè-
vres d’Angora au delà de Bey bazar.
Vers le sild-ouest, Poéocke rencontra

les premiers troupeaux vers Sevri his-
sar. Ainsworth ne trouva pas la race
de ces chèvres répandue vers l’ouest,
au delà de la jonction des deux bran-
ches du Sangarius.
Aucher Éloi, venant de l’orient, ren-
contra des troupeaux de chèvres blan-
ches , dès son entrée en Galatie, vers
Nally khan.
Paul Lucas estime que cette race est
renfermée dans un cercle de huit à dix
jours de marche, dont Angora occupe
la partie supérieure. Cette province
porte le nom de Haïmanah. Il attribue
aussi à la finesse du gazon la qualité de
la toison. Lucas avait pris soin d’en-
voyer, en Angleterre et en France,
quelques échantillons de ces toisons,
pour en faire des perruques, les grandes
perruques étant démodé alors; mais
son projet de commerce ne put avoir
de suite, l’exportation des peaux brutes
et des toisons étant prohibée.
La filature et le tissage des poils de
chèvre est encore aujourd’hui renfermé
dans la seule ville d’Angora, et les
étoffes qu’on y fabrique ont conservé
leur haut prix.
La qualité la plus inférieure du poil
de chèvre coûte, à Angora, de douze à
quinze francs 1’oke (1 kil. 25); la plus
belle va jusqu’à soixante-dix francs :
aussi est-ce la richesse des habitants
d’Angora.
Macdonald Kinneir, qui a traversé
plusieurs fois l’Asie Mineure, a ren-
contré , à l’est de l’Halys, de nombreux
troupeaux de chèvres, mais pas une
seule de la race d’Angora. Il regarde
ce fleuve comme la limite orientale de
la race d’Angora.
Ainsworth, venant de l’Halys, ren-
contra pour la première fois les chèvres
d’Angora dans un campement de Tur-
comans appelé Hassan-Oglou , à l’ouest
de la chaîne de montagnes, à une pe-
tite journée de. marche d’Angora. Quant
au développement de cette race, du
nord au sud, elle ne dépasse pas les
montagnes de Kalatjik au nord, et au
sud celles de Seid el ghazy, c’est-à-dire
qu’elle est renfermée dans la plaine ap-
pelée Haimanah,
Lorsque Hamilton visita la ville d’An-
gora, en 1836, il trouva le commerce
et l’industrie du poil de chèvre dans un
 
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