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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0543

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ASIE MINEURE.

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niais les édifices d’utilité publique, les
bains et la mosquée, sont encore bien
entretenus.
La mosquée, ouvrage de Soliman bey,
date de la fin du dernier siècle; elle est
bâtie sur le modèle des mosquées de
Constantinople, c’est-à-dire dans ce
mauvais style turco-italien; la niche
centrale ou minnber, est ornée de co-
lonnes de jaspe et dechaux fluatée, trans-
parente, sorte de jade que l’on trouve
dans le pays.
L’aspect de Youzgatt contraste avec
celui de toutes les autres villes de la pro-
vince; les maisons sont couvertes en
tuiles : elle a tout à fait l’aspect d’une
ville européenne. Les fruits abondent
dans ses jardins, et l’abricotier surtout
donne des produits superbes; on voit
qu’il est voisin de son pays natal.
La population s’élève a quinze mille
âmes environ ; un peu plus du tiers pra-
tique le christianisme. Les Arméniens
sont plus nombreux que les Grecs ; mais
tous les cultes divers paraissent vivre en
bonne intelligence.
Les maisons des chrétiens ne dif-
fèrent pas de celles des Turcs, et la vie
intérieure est la meme chez les uns et
les autres : les femmes ne mangent pas
avec leurs maris; il y a pour le chef de la
famille un respect qui se manifeste en
toute occasion ; malgré l’usage si ré-
pandu de la pipe, un fils ne se permet-
trait jamais de fumer devant son père.
La ville est abondamment pourvue de
toutes les choses nécessaires, et les mon-
tagnes voisines fournissent, pendant
l’été, de la neige pour rafraîchir les
boissons.
Une muraille de moellons reliés avec
de l’argile entourait autrefois la ville; elle
servait moins pour la défense que pour
arrêter la contrebande. Aujourd’hui tout
s’écroule, et il semble que les gouver-
neurs eux-même mettent volontiers
la main à la destruction de tout ce qui
peut rappeler le gouvernement de l’an-
cien bey.
La route de Youzgatt à Césarée suit
la direction du sud-est, traversant des
steppes dans lesquels les tribus Kur-
des des Afchars viennent faire paître
leurs troupeaux ; on fait huit heures de
marche jusqu’à Pacha keui, gros bourg
habité uniquement par des Turcs, et l’on

fait halte une heure plus loin, à Giaour
keui, habité par des Arméniens. Le Dé-
lidjé sou, un des affluents de l’Halys,
passe près de ce village, venant de l’est;
ce n’est encore qu’un ruisseau, et la
source ne peut être éloignée. On fait
ensuite dix heures de marche jusqu’à
Boaslian, village de trois cents maisons,
situé dans la plaine. Tout ce pays est
sans arbres, mais parfaitement propre
à la culture des céréales. Les tribus Tur-
comanes et Kurdes s’y établissent pen-
dant l’été.
CHAPITRE XX.
VALLÉE DE L’HALYS.
On arrive enfin au bord de l’Halys.
Alors le pays change d’aspect; ce nesont
plus des plaines argileuses plus ou moins
ondulées; l’action des feux souterrains a
laissé partout des traces grandioses; les
rochers à pic, les falaises de tuf grisâtre
et les torrents de laves portantsur leurs
ondes durcies des blocs de rochers
comme les rivières portent des glaçons,
tel est le spectacle qu’offre la vaste
plaine de Césarée depuis la vallée de
l’Halys.
On franchit le fleuve sur un pont de
dix arches nommé Tehok Gheuze Kou-
prou sou, le pont à beaucoup d’yeux.
Les arches à plein cintre indiquent une
construction antérieure à la domina-
tion musulmane; elles sont bâties en
pierre volcanique et les remplissages
sont en tuf rouge, qui lui donnent de
loin l’apparence d’une construction de
briques.
Le fleuve est profondément encaissé
dans une vallée basaltique qui présente
des phénomènes très-variés ; la plus
grande partie des prismes repose sur
un tuf tendre de couleur grisâtre; les
prismes ont la forme hexaèdre; ils ne
sont pas réguliers, et sont quelquefois
tournés sur eux-mêmes de manière à
présenter une sorte de spirale. Dans une
vallée voisine du fleuve on peut ob-
server un épanchement basaltique très-
remarquable : ici les prismes paraissent
émaner d’un centre commun ; ils s’élan-
cent en rayonnant comme si une érup-
tion se fut immédiatement figée dans sa
 
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