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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0708

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698

L’UNIVERS.

pour les Guèbres un feu sacré, nous
avons observé dans la Mésopotamie et
surtout à Kerkouk, non loin d’Arbèles,
des éruptions semblables; mais celle
d’Olympus paraît tout à fait privée de
forcé explosive; c’est un feu qui brûle
lentement et uniformément. Les rochers
d’alentour ne portent aucune trace d’é-
panchement de lave, ce sont des schistes
et des serpentines.
Cette éruption paraît remonter à l’o-
rigine des temps : les plus anciennes tra-
ditions la signalent ; elle était pour les
Lyciens un sujet d’effroi. Aussi leur
plus vaillant héros, Bellérophon fut-il
chargé d’aller combattre, la Chimère,
qu’il parvint à vaincre (1). La flamme qui
existait toujours fut consacrée à Vul-
cain ; un temple de ce dieu fut construit
dans le voisinage, et l’endroit fut appelé
Hephestion.
Les poètes et les historiens ont décrit
la Chimère les uns comme un monstre
indomptable, les autres comme un phé-
nomène naturel. Ils le placent entre les
villes d’Olympus et de Phaselis, ce qui
est exact. La description de Sénèque (2)
est la plus rationnelle.
« Dans la Lycie on voit l’Héphestion
ainsi appelé par les habitants, où le sol
perforé en plusieurs endroits, laisse
échapper une flamme sans aucun danger
pour ceux qui l’approchent. » Scylax (3)
fait aussi mention de la Chimère : « Au-
dessus du port Sldérus s’élève sur la
montagne un temple de Vulcain où l’on
voit brûler un feu naturel qui ne s’é-
teint jamais. »
Le monstre de la Chimère, représenté
comme vomissant des flammes est
expliquéplussimplement parServius (4);
C’est, dit-il, une montagne qui a du feu
au sommet, dont le milieu est fréquenté
par les lions, et dont la base est infectée
de serpents. Jusqu’à ce jour on n’a vu
aucun lion dans cette partie de l’Asie.
Pour se rendre de Delik tasch au
Yanar, on traverse une petite plaine
d’environ trois kilomètres de large;
on entre dans une vallée boisée et
l’on arrive après une courte ascension
(1) Homère, II., VI, 180.
(2) Séllèq., E/J. -jg.
(3) Scyl. Peripl. p. 3g.
(4) Virg., Æn. Vï,

au bâtiment ruiné près duquel sortent
les flammes.
Le montSolyma, au pied duquel passe
la route qui conduit à Phaselis, offre
des sites d’une grande beauté; la partie
est, qui portait spécialement le nom de
Climax, échelle, est composée de plu-
sieurs plans de montagnes superposées
dans lesquelles croissent de belles fo-
rêts exploitées par les indigènes : aussi
donnent ils à cette montagne le nom
de Taktalu, la montagne des planches.
Les roches qui descendent jusqu’au
bord de la mer rendent presque impra-
ticable la route d’Olympus à Phaselis en
suivant les contours de la cote; il est
préférable de remonter la vallée d’Oulou
bounar tchaï, qui, dans son parcours, of-
fre des tableaux d’une admirable na-
ture, des montagnes couvertes de pins
séculaires et de profonds précipices où
la rivière d’Oulou bounar serpente en
mugissant. Les habitants de cette mon-
tagne sont des Yourouk, dont l’industrie
consiste à débiter les arbres de ces fo-
rêts. On remonte la rivière d’Oulou
bounar jusqu’à sa source, et l’on des-
cend au village de Tekrova, près des
ruines de l’ancienne Phaselis, Ce voyage
exige une journée de huit heures de
marche.
Phaselis, colonie dorienne, ne faisait
pas partie de la confédération des villes
de Lycie. Située sur un isthme qui sé-
parait deux ports elle dut à son heureuse
position de devenir le centre d’un com-
merce considérable entre l’Asie, l’É-
gypte et la Phénicie. On lui donnait
aussi le nom de Pityussa, c’est-à-dire
ombragée par des pins : ces essences
abondent encore dans le mont Taktalu.
Les nombreuses criques de la côte est
de Lycie étaient on ne peut mieux dis-
posées pour servir de retraites aux na-
vires des pirates; outre les petits ports
que nous avons cités, il faut mentionner
Corycus, abrité par les rochers de Tria
Nisia, qui sont les îles Cypriæ; est-ce Co-
rycas qui donna le nom aux corsaires
corycéens,ou vinrent ils de la ville de Co-
rycus de Cilicie? Les auteurs ne le disent
pas, mais ils attestent que le nom de
Corycus se retrouve dans tous les lieux
qui étaient infestés de pirates (1). Pha-

(1) Voy. page 366.
 
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