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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0160
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146

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

aussi des bêtes féroces destinées à l'amphithéâtre (l), et des
bois de construction coupés, sans doute, dans les umbriferi
saltus dont parle Juvénal (2).

Dans les entrepôts et sur les quais de Carthage, s'accumu-
laient, outre les récoltes des plaines voisines, toutes les denrées
venues de l'intérieur par les trois grandes voies d'Hippo regius,
de Theveste et de Thuburbo majus. Or ces routes traversaient
les vallées riches en blé qu'arrosent la Medjerdah, l'O. Miliane
et leurs affluents. Ce froment, que Carthage expédiait, n'était
pas attendu, sur les bords du Tibre, avec moins d'impatience
que les convois d'Alexandrie : car il était nécessaire à l'alimen-
tation de Rome. C'est pourquoi Mucien et Vespasien dépêchèrent
à Carthage un centurion chargé de tuer le proconsul L. Pison,
qui ne se pressait pas de se rallier à leur cause (3) ; c'est pour la
même raison qu'un siècle plus tard Septime Sévère se hâta de
faire passer des légions en Afrique, « ne per Libyam atque Aegyp-
tum Niger Africain occuparet ac populum Bomanum penuria rei
frumentariae perurgeret (4). »

Entre le cap Bon (promontorium Mercurii) et le ras Kapoudia
(Caput Vada), Hadrumète était, dans l'antiquité, comme Sousse
de nos jours, le seul grand port. Du nord, par la voie qui suivait
la côte, et par la route qui venait de Thuburbo majus, arrivaient
les blés du Byzacium septentrional; de l'ouest et du sud, s'il
est vrai que les plateaux aujourd'hui stériles qui s'étendent d'El
Djem à Sbeïtla fussent jadis couverts d'oliviers, Hadrumète
recevait l'huile destinée aux gymnases et aux thermes de
Rome (5).

C'était aussi de l'huile qu'exportaient la plupart des emporta
de la petite Syrte et de la Tripolitaine. A Thaenae aboutissait
une voie qui traversait, entre Sufetula et le littoral, une im-
mense olivette, dont les traces sont encore très visibles (6).
Dans la région des chotts et sur la côte au delà de Tacape, la
culture de l'olivier n'était possible que dans les terres irriguées

(1) Pline l'Ancien, Hist. Nat., V, 2.

(2) Voir plus haut, chap. II, p. 37-38.

(3) Tacite, Hist., IV, 49 et suiv.

(4) Spartien, Severus, dans les Scriptores Historiae Augustae (éd. Peter),
X, 8, g 6.

(5) Ch. Tissot, Géographie comparée de la province romaine d'Afrique,
I, p. 286 et suiv.

(6) P. Bourde, Rapport sur les cultures fruitières et en particulier sur la
culture de l'olivier dans le centre de la Tunisie, p. 17-18.
 
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