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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0214
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200

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

été fort répandu. Plusieurs inscriptions grecques, entre autres
des dédicaces à Sérapis et à Sérapis-Hélios ont été trouvées
sur remplacement de l'ancienne capitale africaine (1). Dans son
Apologie, Apulée cite une lettre de sa femme Pudentilla, origi-
naire d'Oea : cette lettre est écrite en grec. L'empereur Sep-
time Sévère, né en Tripolitaine à Leptis magna, avait appris le
grec : il était, nous dit son biographe Spartien, graecis litteris
eruditissimus (2). La langue d'Homère, d'Eschyle, de Démosthène
et de Platon, était enseignée, comme le latin, dans les écoles
publiques des cités africaines (3)

Le grec ne fut pas seulement un idiome littéraire : à
Garthage, par exemple, il était en vogue dans le monde des
esclaves, des affranchis et des petites gens. Parmi les tabulae
exsecrationum, que le P. Delattre a recueillies dans les tombes
des cimetières de Bir el Djebbana, plusieurs sont rédigées en
grec (4). La relation du martyre subi par sainte Perpétue et
sainte Félicité renferme, enchâssés dans le texte latin et trans-
crits en lettres latines, des mots grecs comme tecnon — tsxvov,
catasta — xoiTdcjToi,oroma = opû[ioL{h). Il faut cependant ajouter que
l'usage du grec, comme langue populaire, ne se répandit pas
dans l'intérieur du pays. Il resta circonscrit dans quelques
ports, à Garthage, à Hadrumète et sur les rivages des Syrtes,
c'est-à-dire partout où l'influence de l'Orient hellénique pouvait
s'exercer, soit grâce à l'importation d'esclaves venus d'Asie, soit
à la faveur des relations maritimes et commerciales. Loin de la
côte, il n'a été jusqu'à présent trouvé en Tunisie que très peu
d'inscriptions grecques antérieures à l'occupation byzantine. Si

(1) C. I. L., VIII, 1003, 1005, 1006, 1007, 1007 a; Suppl., 12487, 12493.

(2) Spartien, Severus, 1. — De Leptis magna proviennent deux textes tri-
lingues, latins, puniques et grecs (C. I. L., VIII, 15 et 16), et deux inscrip-
tions grecques {Id., ibid., Suppl., 10997, 10998).

(3) Saint Augustin nous apprend que, de son temps, on lisait surtout, en
Afrique, la Bible des Septante; il regrette qu'une traduction latine n'en soit
pas encore terminée. (Migne, Palrologie latine, XXXIII, lettre 71 , 2
et 3.) De ce passage écrit, il est vrai, au quatrième siècle, il résulte que la
langue grecque était comprise et lue au moins par une partie de la popula-
tion, puisque, pendant les trois premiers siècles de l'ère chrétienne, on ne
connut guère, en Afrique, que le texte grec de la Bible.

(4) C. I. L., VIII, Suppl., 12508, 12509, 12510, 12511. Sur un document du
même genre, trouvé dans la nécropole romaine d'Hadrumète, les mots la-
tins sont écrits en caractères grecs : Collections du musée Alaoui, t. I,
p. 57-68. (Bréal et Maspero.)

(5; Migne, Patrologie latine, III, col. 28, 31, 32, 34. (Passio SS. martyrum
Perpetuae et Felicitatis.)
 
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