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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0218
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204

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

14

20

40
70
100

Punique.

asar ou arba

Arabe moderne.

acheva ou arba

arbaim
sbaim

asarim

ocherine
arbaïne
sebaïne

mat

mia

Il y a là des similitudes, presque des identités qu'il est im-
possible de considérer comme de simples coïncidences.

Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la langue pu-
nique se soit, peu à peu, effacée devant l'idiome des vainqueurs ;
maisiln'enfautpas conclure qu'elle fût passée depuis longtemps
à l'état de langue morte. C'est au contraire, à mon avis, parce
qu'elle était encore très vivace et très usuelle à l'époque de
l'invasion arabe, que la langue nouvelle put se répandre et
pénétrer si profondément dans les populations conquises.

Malgré la diffusion du latin, le punique et le libyque
n'avaient donc pas disparu; l'usage s'en était fidèlement con-
servé dans le peuple. Il était de bon ton de parler et d'écrire
le latin ; sauf en quelques cantons reculés, où l'influence de la
civilisation romaine s'exerça moins complètement que dans le
reste du pays, toutes les inscriptions étaient rédigées en latin ;
mais parfois un lapicide, ignorant, émaillait de fautes d'ortho-
graphes le texte qu'il était chargé de graver sur la pierre (1).

Ce latin, que la bourgeoisie municipale affectait d'employer à
l'exclusion de tout autre idiome, les enfants devaient aller
l'apprendre à l'école ; ce n'était pas la langue qu'ils savaient
pour ainsi dire de naissance ; ce n'était pas la langue qui réson-
nait sur les lèvres des fils du peuple, de ces rudes laboureurs
courbés sur la glèbe féconde et dont le travail quotidien
nourrissait la populace romaine ; de ces moissonneurs qui
fauchaient dans les « arva Jovis seu Cirtx nomados (2) » les épis
lourds de grains. Ceux-là traduisaient même dans la langue de
leurs aïeux les noms qu'ils empruntaient à la nomenclature
romaine (3).

-

(1) Voir par exemple C. I. L., VIII, 68 (postereis pour posteros), 152
(quescit pour quiescit), 410 (alumino pour alumno), 682 {haritarent pour
habitarenl), 828 (exibuit pour exhibuit), 919 (Nargisus pour Narcissus) ;
SuppL, 11217 (tempulum Plutnis pour templum Plutonis), 11914 (sup-
premo)\ Mélanges de VEcole française de Rome, t. XIII (ann. 1893), p. 450,
n° 60 (hossa).

(2) C. I. L., VIII, Suppl, 11824, v. 14.

(3) Voir plus haut, p. 196.
 
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