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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0242
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228

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

ployer dans leurs dédicaces latines que des noms communs et
d'un sens vague : Deus Sanctus A et er nus (C. I. L., VIII, SuppL,
14551); Aeternum numen praestans propitium [Id., ibid., 796);
Invictum numen [Bulletin archéologique du Comité, ann. 1893,
p. 233, n° 50); Deus patrius (C. I. L., VIII, SuppL, 12003, 11344).
Ces noms, comme ceux de Dominus et de Deus magnus, donnés
parfois à Saturne (1), traduisaient beaucoup mieux le véritable
sens de la religion africaine, que les noms personnels de Jupi-
ter, de Mercure, d'Esculape ou d'Apollon. En réalité les Afri-
cains adoraient un dieu suprême, unique, tout-puissant, sans
attributions déterminées, sans personnalité mythologique. Ce
caractère monothéiste n'échappa ni aux chrétiens ni aux païens
eux-mêmes. Pendant le septième concile de Carthage, où fut
discutée la question alors brûlante du baptême des hérétiques,
Saturninus, évêque de Thugga, prononça cette parole, très
significative dans la bouche d'un chrétien : « Gentiles, quamvis
idola colant, tamen summum deum patrem creatorem cognoscunt et
confitentur (2). » Cette déclaration, dont la concision même est
d'une clarté frappante, se trouve développée et commentée dans
une lettre adressée par le païen Maximus de Madaure à son
compatriote Augustin : « Equidem unum esse Deum summum, sine
initio, sine proie naturae, ceu patrem magnum atque magnificum,
quis tam démens, tam mente captus neget esse certissimum? Hujus
nos virtutes per mundanum opus diffusas multis vocabulis invoca-
mus, quoniam nomen ejus cuncti proprium. Nam Deus omnibus
religionibus commune nomen est. Ita fit ut, dum ejus quasi quaedam
membra carptim variis supplicationibus prosequimur, totum colère
profecto videamur. » Il me paraît inutile de rien ajouter à ces
quelques lignes, qui peuvent servir de conclusion aux pages
précédentes (3).

Dans l'Afrique du nord, comme en Phénicie et en Palestine,
les faux dieux et le paganisme n'étaient pas sans avoir une
grande ressemblance et d'étroits rapports avec le vrai Dieu et
sa religion. Le christianisme semble y avoir hérité du culte
populaire la masse de ses fidèles. Autour de Carthage et à Thig-
nica les autels de Saturne furent désertés vers le milieu du
IIIe siècle, c'est-à-dire au moment ou s'élevèrent les voix élo-

(1) J. Toutain, De Saturni dei..., p. 27-28.

(2) Migne, Patrologiae cursus completus, séries Iatina, vol. III, p. 1107.

(3) Saint Augustin, lettre 21 (Migne, Patrologiae cursus completus, séries
latina, vol. XXXIII, p. 81-82).
 
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