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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0243
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LA RELIGION.

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quentes de Tertullien et de saint Cyprien (1). Ce fut le peuple,
ce furent les humbles et les pauvres qui se convertirent d'abord.
Les premiers évêques africains furent, sauf de très rares excep-
tions, des plébéiens. La religion du Christ fut surtout accueillie
et confessée dans les classes sociales qui étaient restées le
plus fidèles à l'antique religion carthaginoise (2).

Ce qui se modifia alors profondément, ce fut moins la notion
même et le caractère du dieu vers lequel montaient les vœux et
les actions de grâces, que la nature des sentiments éprouvés par
les fidèles à l'égard, soit de la divinité, soit des autres religions,
en particulier du culte officiel et public de Rome et d'Auguste.'
Baal avait accepté sans résistance les nouveaux et multiples
noms qui lui avaient été donnés en latin ; il n'avait pas interdit
à ses adorateurs de sacrifier aux dieux de l'empire; il agréait
même les prières qu'on lui adressait pour le salut des maîtres
du monde. Les deux cultes vécurent en bon accord; le gouver-
nement impérial ne poursuivit ni les prêtres ni les fidèles de la
religion populaire. Le Dieu des chrétiens exigea un dévouement
plus exclusif: il voulut être seul adoré, seul prié. Non seulement
les soldats du Christ refusèrent, malgré les plus cruels tour-
ments, de reconnaître et d'honorer la divinité de l'empereur,
mais encore ils attaquèrent, sans répit ni faiblesse, le paga-
nisme et toute la mythologie gréco-romaine. A la paix reli-
gieuse, qui n'avait pour ainsi dire pas été troublée en Afrique
depuis la réduction du pays en province romaine, succédèrent
des persécutions et des luttes acharnées. Le sang des martyrs
coula ; les cités furent divisées ; les familles elles-mêmes fu-
rent déchirées.

Si Rome combattit avec tant de violence la religion chré-
tienne, c'est parce que cette religion proclamait qu'elle seule
était vraie, et que tout autre dieu que le Christ était un faux
dieu, dont il fallait nier la divinité et renverser les autels. Ce
n'était nullement en vertu d'un axiome politique. Rome, au
contraire, ouvrit toujours ses portes aux divinités étrangères ;
elle les reconnaissait, elle tolérait et célébrait leur culte, à con-

(1) Mélanges de l'Ecole française de Rome, t. XII (ann. 1892), p. 112. —
J. Toutain, De Saturni dei..., p. 138-139.

(2) Je n'ai pas la prétention d'entreprendre ni même d'esquisser une his-
toire générale du christianisme africain; je veux simplement montrer ici,
comme plus loin (liv. III, chap. v), quelle influence le développement de
la religion chrétienne a exercée sur l'évolution historique et économique
des provinces africaines.
 
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