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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0262
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548 LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE,

Une population étrangère aurait apporté avec elle des mœurs
nouvelles; et surtout, si les vainqueurs s'étaient installés, au
lendemain de la conquête, autour de Carthage et dans l'an-
cien royaume numide, ils n'auraient certainement pas adopté
les mœurs des peuples vaincus par eux et chassés de leur
patrie.

Les anciennes populations demeurèrent donc en Afrique.
Elles n'appartenaient pas toutes à une seule et même race.
Lorsque les marins de Tyr et de Sidon s'établirent sur les riva-
ges africains, le pays n'était pas désert; des tribus, probable-
ment nomades, y vivaient, avec lesquelles les colons phéniciens
entrèrent soit en lutte, soit en relations commerciales. Phéni-
ciens et Libyens se rapprochèrent peu à peu et s'unirent par
des mariages ; de l'union des deux races naquit une population
mélangée, que l'antiquité a connue sous le nom très significatif
de Liby-Phéniciens. Les documents archéologiques confirment
les traditions recueillies par les historiens grecs et latins : sur
la côte orientale, les nécropoles primitives des cités maritimes
sont franchement phéniciennes; dans l'intérieur du pays, les
plus anciennes sépultures sont, au contraire, franchement mé-
galithiques. Mais la civilisation punique ne tarda pas à péné-
trer chez les Libyens : des colonies carthaginoises se fondèrent
au milieu d'eux ; la langue des nouveaux venus se propagea vers
l'ouest : les inscriptions puniques de Thugga, de Simitthu,
d'Althiburus le démontrent amplement (1). La plupart des tribus
numides adoptèrent la religion de Baal et de Tanit ; enfin le
mobilier funéraire trouvé sous plusieurs dolmens, près de Mo-
grawa notamment, ressemble de très près à celui des sépultures
puniques ouvertes par le P. Delattre sur la colline de Byrsa (2).

depuis plus de six ans au musée Alaoui. 11 est très probable que nous pos-
sédons là le portrait d'une femme de Sicca, originaire du pays : le même
type et la même physionomie se rencontrent encore aujourd'hui dans les
tribus indigènes voisines du Kef. Les deux autres têtes sont des portraits
d'hommes, peut-être de magistrats municipaux; elles ont été publiées et
étudiées par M. Saladin (Nouvelles archives des missions, t. II, p. 560-561,
pl. xiv, 5). Si l'une d'elles est absolument romaine, dans l'autre au contraire
se reconnaît à coup sûr un type berbère, en particulier un de ces types de
montagnards blonds ou presque blonds, qu'il n'est pas rare de rencontrer
en Tunisie.

(1) J. Halévy, Eludes berbères, n° 1, p. 16-17; Appendice, p. 178-181. Ph.
Berger, Histoire de récriture, p. 327-329.

(2) Bulletin archéologique du Comité, ann. 1893, p. 138 et suiv. (Denis,
Note sur quelques nécropoles mégalithiques du centre de la Tunisie).
 
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