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Tremaux, Pierre
Exploration archéologique en Asie mineure — Paris, [1858]

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https://doi.org/10.11588/diglit.4691#0005
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EXPLORATION ARCHEOLOGIQUE EN ASIE-MINEURS.

ALINDA.

Avant de quitter les ruines d'Alabanda, je demandai aux habitants du village qu'en-
tourent aujourd'hui ces ruines, s'il n'y avait pas d'autres antiquités dans leurs environs.
Ils me répondirent d'un commun accord qu'ils n'en connaissaient pas. Alors je me dispo-
sai à descendre le cours du Tchinar pour atteindre et remonter la vallée du Méandre.
Mais l'homme propose et Dieu dispose, dit le proverbe. En arrivant sur les bords du
Carpousely, confluent du Tchinar, je le trouvai tellement grossi, que tous les gués
étaient infranchissables ; ceux du Tchinar l'étaient encore plus. Ne voulant pas rester
inaclif devant ce cours d'eau , je tentai d'abord de le franchir. Mais ce fut en vain , mon
cheval ayant été emporté sur un îlot parla rapidité du torrent, j'eus assez de peine d'en
revenir, et je me décidai à remonter son cours à l'aventure jusqu'à ce que j'eusse trouvé
un endroit guéable Après avoir serpenté quelques heures dans une vallée pittoresque,
nous débouchâmes dans Une jolie p,aine enlourée de montagnes et dont le sol paraissait
d'une grande fertilité .Ce ne fut pas sans intérêt que je continuai à errer au hasard dans
ces lieux, car cette belle oasis me parut de nature à avoir servi de berceau à quelque cité
antique. Peu après le milieu du jour, j'aperçus en effet de l'autre côté de la plaine, sur
un contrefort de la montagne, une grande masse blanchâtre qui, si elle n'était un rocher,
devait être un edihee colossal en comparaison des misérables habitations du voisinage. *
Je me dirigea, donc droit de ce côté. A cette hauteur nous traversâmes assez facilement
notre rivière; elle s était divisée en plusieurs branches aboutissant aux grandes mon-
tagnes qui bordent la plaine. En approchant de mon édifice présumé, les formes s'accu-
sèrent, d autres ruines se dessinèrent sur un fond de verdure et de rocher, et bientôt il
ne nous resta plus de doute sur l'existence de ruines intéressantes, ainsi que semblait le
promettre 1 aspect des heux Je consultai ,a carte de Kieppert dont j'étais muni, et je vis,
en effet, apeupres dans le ljeu où je me trouvais, le mot Alinda accompagné d'un point
interrogatif. Mieux lavorisé du hasard que par les renseignements des Turcs, c'était les
restes présumes dI Alinda que j'allais explorer. Ayant traversé la prairie, je me trouvai au
pied des ruines de cette ville, bâtie en amphithéâtre sur un angle saillant que la mon-
tagne lait dans la plaine. Cette saillie, entourée de trois côtés par la plaine, donnait une
position très agréable a cette antique cité. Au milieu de ses ruines, on voit aujourd'hui
un village nomme Uemirdji-Déressi, majestueusement dominé par la grande construction
qui avait attire mon attention de loin (voyez les planches 1, 2 et 3) ; plus haut encore et
sur le sommet de la coll,^ on voJt un ^^ trèg bien conservé qui cour0nnait la ville.

D après les ru.nes qm existent, cette cité paraît avoir été un véritable amphithéâtre de
palais et de coquettes maiSons La gran(Je rujne dont ._ ^^ et a |aqueileje ne saurais
guère attribuer d autre destination, me semble avoir été le soubassement d'un beau palais.
D'ailleurs agréable position de cette ville admet facilement la supposition que quelque
personnage important Venait pasger dang ce ]]eu sçg moments de loisirs. Le style et la
position de cet edihee, la petitesse des proportions de détail, tout semble annoncer celte
destination. 1) autre part, on sait qu'Aiinda fut la résidence d'Ada, reine de Carie, à qui
les Perses ne la.sserent qUe ceUe geu]e ^ et ]e territoire qui en depend. (r. le Supplément
de Quinte-Curce, btrabon, XIV, p. 657 et Ptolem.) Ainsi la jolie plaine entourée de hautes
montagnes, et le palais dont nous venons de parler, auraient été le séjour assigné par les
Perses à la reine Ada. ce concours de circonstances semble confirmer en effet que ce
sont bien là les ruines d'Alinda.

Une voie pavée en grosses pierres irrégulières (opus insertum) partant de la plaine s'é-
lève encore par des pentes régulières jusqu'auprès du palais, vers un soubassement
d'édifice, que, par sa forme et son orientation, on prendrait volontiers pour une
église chrétienne. Là, une seconde branche semble se diriger par un détour vers le
sommet de la ville, où l'on trouve une espèce d'acropole couronnée par le théâtre et les
restes de quelques autres petits monuments. Les tours et le mur qui défendaient l'acro-
pole et la ville du côté de la montagne, existent encore presque entièrement. On voit à une
certaine hauteur, dans ces tours, les banquettes et les meurtrières qui ont été pratiquées
pour la défense; un peu plus haut, sur un mamelon rocheux qui domine la ville et même
l'acropole, on a élevé une tour fortifiée pour garder ce point important. Le théâtre de
celte ville est l'un des mieux conservés que j'aie rencontrés : la scène est peu détériorée • on
voit encore une partie des piédestaux qui soutenaient le pulpitum ou estrade en bois des
acteurs; elle était peu élevée au-dessus du sol, un mètre environ; sauf quelque dé-
rangement, on voit également tous les gradins, depuis le proscenium jusqu'en haut, où le
théâtre se termine par une banquette et un simple mur d'appui. Au surplus, les planches
suivantes feront connaître plus complètement que loules descriptions cet édifice ainsi
que le palais et les autres antiquités les plus intéressantes. Ce Ihéâlre est petit, son dia-
mètre atteint à peine soixante-dix mètres, ce qui est peu en comparaison de la plupart
des autres théâtres de l'Asie-Mineure que j'ai relevés, et dont le diamètre pour quel-
ques-uns atteint presque la longueur du Colysée. C'est par la grandeur de ces théâtres,
dont était pourvu chaque cité, qu'il est possible d'apprécier la population proportion-
nelle de villes aujourd'hui en ruine et sur lesquelles les documents de l'histoire font
défaut.

Au point où la voie antique débouche dans la plaine par deux embranchements, on voit
de nombreux tombeaux, mausolées et sarcophages; ils sont généralement disséminés de
côté et d'autre. Les tombeaux sont d'un style simple et se ressemblent beaucoup, quoique
de grandeurs différentes. Les sarcophages que l'on trouve sur ce point, et en grand nombre
au sud de la ville, se ressemblent également et offrent une égale simplicité : ils sont formés
d'une pierre rectangulaire sans ornement, creusée à l'intérieur, et d'un couvercle à
deux pentes orné de quelques moulures et autres formes (voir les planches de détail 1. Ces
derniers ont en grande partie disparu. Sur plusieurs points et principalement de chaque
côlé de la voie antique, on voit des tombes creusées dans le roc; elles ont aussi beau-
coup de ressemblances entre elles. Sur les roches un peu saillantes et qui présentaient
des surfaces à peu près horizontales, on creusait des cavités rectangulaires; en dressant
la surface du rocher, on ménageait dans le rocher autour du refouillement un petit rebord
propre à éloigner les eaux et qui correspondait à une feuillure de la pierre formant la
couverture. Cette dernière avait beaucoup de ressemblance avec celle des sarcophages,
sauf la suppression des moulures, qui, devant reposer sur le rocher, eussent été à peu près
inutiles ; elles étaient remplacées par des formes plus simples et plus conformes à la posi-
tion (voyez également les planches de détail où se trouve reproduit un type de chacun de
ces trois genres de tombeaux). Parmi les médailles que j'ai recueillies dans celle ville, deux
portent le nom d'Alinda, une celui d'Alabanda, qui était la ville voisine; la plupart des
autres offrent peu d'intérêt et sont de l'époque byzantine.


 
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