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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 3) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.1315#0089
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— 83 — [ BRODERIE |

servait d'assiette. La coulure des bords, faite de soie foncée ou de
fils d'or, sertissait les sujets et donnait aux dessins de la fermeté et
du précieux. Ce procédé fut employé très-tard encore, mais seule-
ment pour les ornements sacerdotaux; quant aux broderies des
vêtements civils, elles furent faites directement sur l'étoffe et imitées
dès le xive siècle par les brochages au métier. Les entre-deux, si
fréquemment employés pour les vêtements féminins au xne siècle,
n'étaient autre chose que des broderies sur lin avecajours; et en
effet, dans les tombeaux de cette époque, on retrouve des parcelles
non équivoques de ces sortes d'ouvrages, qui ont mieux résisté à
la destruction que les étoffes auxquelles on les cousait (voy. Bliaut).
Les statues de ce temps nous montrent d'ailleurs l'application de
ces broderies, dont le dessin était toujours délicat. Mais ce fut au
moment où l'on employa les pièces d'armoiries dans les vêtements,
c'est-à-dire du commencement du xive siècle au milieu du xv% que
les broderies furent plus particulièrement appliquées sur les étoffes
destinées aux habits des personnes nobles. Il n'était pas possible, en
effet, de fabriquer des étoffes qui pussent reproduire les armoiries
de tant de personnages. Force était de broder, au moins sur les
champs, les pièces qui entraient dans ces armoiries : lions, léo-
pards, alérions, aiglettes, merlettes, roses, créquiers, croisettes,
besants, étoiles, etc.; les broderies de soie, d'or ou d'argent, sur les
étoffes des robes, surcots et manteaux, prirent donc alors une grande
importance.

Nous n'avons que peu de renseignements sur les broderies faites
sur toile fine, lin ou mousseline. Il est certain que des voiles étaient
brodés. Des mousselines brodées d'or, d'argent ou de soie, venaient
d'Orient. Sur les chemisettes de statues du xn° siècle, on peut voir
des broderies ou au moins des chefs brodés avec ajours. Mais jus-
qu'au xvi° siècle, nous n'avons, à cet égard, que des données incer-
taines. Il n'en est pas ainsi pour la broderie de soie sur étoffe de_
parure extérieure ou sur fin canevas ; non-seulement les dames se
livraient à cet art, mais les religieuses ', et un grand nombre d'ou-
vriers des deux sexes. Les brodeurs de Paris formaient une corpo-
ration ; aussi les brodeuses. Les bourgeoises s'adonnaient également
à la broderie. La fille d'un bourgeois qui a nom Marate, dans le
Roman de la violette :

1 Eudes Rigaud, archevêque de Rouen au XIIIe siècle, se crut obligé de défendre ces
sortes d'ouvrages dans plusieurs monastères de femmes de son diocèse, cojnme trop
mondains.
 
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